Marilyn, le dernier secret
quatre-vingt-huit avec un coefficient multiplicateur de quatre.
Des données essentielles à rappeler pour comprendre le sens exact de la confession cachée de Thomas Noguchi. Car cela signifiait que, deux heures avant son décès, le foie de Marilyn Monroe tentait de filtrer l'équivalent de cent quatre-vingt-huit capsules de Nembutal tout juste introduites dans son organisme.
Le nombre était astronomique. Et, ajouté à la présence de barbituriques dans le sang, il atteint un sommet.
Défendre l'idée du suicide, c'était – désormais – accepter que Marilyn Monroe ait pu avaler jusqu'à deux cent trente-cinq comprimés de Nembutal !
*
Au-delà des questions purement pratiques que ce chiffre effarant posait, telles que l'origine de ces pilules et le sort réservé ensuite aux tubes vides, une telle quantité paraissait tout bonnement impossible à avaler. Dans tous les sens du terme d'ailleurs. Personne ne pouvait ingurgiter tant de somnifères sans sombrer, en cours de route, dans un coma fatal.
En clair, si Marilyn avait décidé d'elle-même d'avaler autant de pilules, elle n'y serait physiquement pas parvenue, tombant inconsciente avant d'achever sa tâche.
Dès lors, la quantité de Nembutal retrouvée dans le foie de la star prouvait une chose : que le troisième pilier venait de s'effondrer.
Marilyn ne s'était pas suicidée.
1 -
In Omni , novembre 1986, op. cit .
2 -
In Omni , op. cit.
54. Évidence
D'abord, il y avait eu la découverte des véritables conditions de tournage de Something's Got to Give, puis des dessous de la guerre médiatique menée par la Fox. Ensuite, la révélation du vrai visage des derniers mois de Marilyn, le fait qu'elle ait à l'époque multiplié les projets et restreint sa consommation de somnifères, n'avaient pas manqué d'écorner mes certitudes. Et là, l'analyse poussée de l'autopsie avait achevé de me convaincre de ce qui me semblait pourtant hautement improbable quelques mois plus tôt. Tout naturellement, je m'étais donc rendu à l'évidence.
L'organisme de la star était saturé de barbituriques, à un niveau qu'une ingestion volontaire de comprimés de Nembutal ne pouvait justifier. D'une manière ou d'une autre, Marilyn avait donc été empoisonnée.
Et même si j'avais encore des difficultés à recourir à ce mot, je me retrouvais, par définition, devant un meurtre.
*
Marilyn Monroe ne s'étant pas suicidée, il me fallait regarder ailleurs.
Une seule direction semblait désormais possible : le camp des promoteurs du complot. Bien entendu, un tel rapprochement devait se faire avec une extrême prudence. Puisque mes recherches sur le travail de Thomas Noguchi venaient de me prouver comment, sous prétexte de justifier un assassinat, certains avançaient des informations dénuées de vérité, je ne devais pas, à mon tour, tomber dans le même piège. Ni sombrer dans ceux qu'ils me tendaient.
Les pistes de la piqûre intracardiaque, de la teinte jaune, de l'hématome camouflant et de la mystérieuse disparition des échantillons constituaient autant de drapeaux rouges encadrant la voie dans laquelle je m'enfonçais. À moi de déjouer ces écueils. Même si je devais reconnaître une qualité à ceux qui lançaient ce genre de ballons-sondes : celle d'avoir refusé l'explication officielle.
Or, dans la lutte les opposant aux gardiens du temple, les conspirationnistes si souvent décriés venaient, je l'avais constaté, de remporter une première manche. Même si les moyens employés afin d'arriver à leurs conclusions étaient discutables, la vérité était là. L'impossibilité du suicide de Marilyn incarnait d'une certaine manière leur triomphe.
Mais avant de proclamer leur victoire finale, il me restait une tâche à accomplir. Confronter à l'enquête la solution avancée par ces défenseurs du crime.
Sixième partie
Kennedy
56. Triangle
Les options s'offrant à moi ne manquaient pas.
D'abord, je pouvais étudier un à un les mobiles qui auraient poussé les Kennedy à commanditer l'assassinat de la Blonde. Les éplucher, remonter aux sources de la thèse et ne retenir que les pistes dont le parfum d'authenticité me semblait suffisamment puissant.
L'autre option consistait à répondre à deux points essentiels.
Le premier, évidemment, me plongeait dans le triangle amoureux unissant Marilyn à John et Robert Kennedy. Et je savais que, sur ce sujet, notre regard était faussé. Car depuis la parution du livre
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