Marilyn, le dernier secret
quelque temps auparavant pour une série d'activités délictueuses.
Pas n'importe lesquelles en vérité : l'homme qui prétendait avoir lu le journal intime de Marilyn Monroe avait pour habitude de dérober les effets personnels des défunts arrivant à la morgue. Et, de temps en temps, il violait quelques cadavres [3] .
*
Le journal intime de Marilyn Monroe relevait de l'énième chimère dans ce dossier qui en comprend déjà beaucoup. Norman Mailer, Robert Slatzer et leurs disciples avaient mêlé les Kennedy à la mort de l'actrice par pur appât du gain.
À cause de tant de vénalité, l'affaire avait été irrémédiablement contaminée, mais ce qui la rendait presque impossible à résoudre tenait à autre chose encore : si certains avaient invoqué JFK et RFK pour s'assurer de bonnes ventes, d'autres étaient guidés par des ambitions différentes – politiques, celles-là.
1 -
In Oui Magazine ,octobre 1975.
2 -
Patrick Lumumba au Congo, les frères Diem au Vietnam, Rafael Trujillo en République Dominicaine et le général René Schneider au Chili.
3 -
In Los Angeles County District Attorney Bureau of investigation, Investigation Report, Re : Oui Magazine 10/75, File # 82-G-2236 .
67. Arme
Avant de devenir une aubaine commerciale, mieux, une rente pour mythomanes, l'affaire Monroe a d'abord été une arme.
Dont la cible unique était la destruction des Kennedy.
*
Les frères Kennedy n'avaient guère eu le loisir de profiter du début d'été 1962.
Sur sa terre de prédilection, le Massachusetts, le clan tentait de lancer son dernier atout dans la conquête totale du pouvoir. Edward, que tout le monde appelait Ted, s'apprêtait à plonger dans le grand bain de la politique, visant, malgré son manque total d'expérience, un poste de sénateur.
Si, dans un territoire traditionnellement démocrate, Kennedy ne redoutait guère son opposant républicain, il lui fallait toutefois franchir au préalable l'épreuve des primaires au sein de son propre camp. Or Ed McCormark, Attorney General de l'État, était un adversaire coriace.
Ne pouvant mettre en avant un quelconque bilan, la campagne de Ted jouait logiquement la carte de la famille du candidat. Aussi, à chaque fois que leurs emplois du temps rendaient un voyage possible, John et Bobby s'efforçaient-ils de venir vanter les qualités du cadet devant les foules du Massachusetts.
L'implication du Président et de son ministre de la Justice dans une compétition locale occupait tous les esprits. Même les stratèges du Parti républicain, persuadés d'y découvrir les thèmes de l'offensive que le Président entamerait bientôt en vue d'un second mandat en 1964, surveillaient de près ce qui se passait.
Du jour au lendemain, le Massachusetts se transforma donc en succursale de Washington, et la lutte opposant Ted à McCormack devint un enjeu national.
*
Le chantage, la rumeur, l'intimidation se greffèrent au programme d'apprentissage de Ted Kennedy. Avec une différence toutefois : ce n'est pas lui qui était visé mais JFK et RFK.
Fin juillet, à quelques jours du décès de Marilyn Monroe, la presse de Boston et le quartier général de la campagne de Kennedy se mirent à recevoir d'étranges messages anonymes. Des courriers et des coups de téléphone « menaçaient de révéler l'implication des deux frères Kennedy avec certaines stars d'Hollywood [1] .
D'après une analyse effectuée par le Boston Globe , on parlait même « d'une photographie de Marilyn Monroe en compagnie des deux frères [2] . »
Il est bien sûr impossible d'identifier avec certitude le corbeau. Mais, il existe un indice permettant de penser qu'il s'agissait de Frank Capell en train de tester ce qui allait devenir son nouveau cheval de bataille. Sur quoi étayer cette hypothèse ? Sur le fait que, quelques jours avant l'envoi des messages, Hoover avait prévenu Walter Winchell de la nécessité de suivre de près les rebondissements du Massachusetts. Le patron du FBI avait ajouté qu'il était en train de composer un dossier sur Marilyn, le Président et l'Attorney General. Mieux, il avait même annoncé à son ami journaliste que le contenu en était « particulièrement chaud [3] .
Le problème, c'est que cette déclaration du patron du FBI ne cadre pas avec les archives du FBI consultées depuis. En effet, le dossier en question, celui qui faisait fantasmer Robert Slatzer et ses disciples, avait été ouvert le 20 août… 1962. Soit le jour
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