Marilyn, le dernier secret
pairs. Non seulement Ruby avait des accointances avec l'entourage de Fidel Castro, mais Lee Harvey Oswald était un agent communiste, entraîné par les Russes à Minsk avant d'être récupéré par la CIA. Bref, il s'agissait d'un espion rouge ayant assassiné John F. Kennedy dans le cadre d'un complot orchestré par la branche gauchiste de l'Agence.
Si les déductions de Frank Capell suivaient un schéma globalement proche de celui de la mort de Marilyn, elles donnaient aussi une indication de l'état d'esprit de J. Edgar Hoover. Le patron du FBI faisait toujours appel à l'homme de Statten Island parce que lui-même était persuadé de l'imminence d'un complot communiste.
De fait, depuis le milieu de la Seconde Guerre mondiale, ce thème était la préoccupation officielle majeure du Bureau. Et jusqu'en 1960, Hoover avait trouvé un écho favorable à ses craintes au sein de la Maison Blanche. Mais l'arrivée des frères Kennedy avait changé la donne. RFK, plus intéressé par la chasse au crime organisé, raillait d'ailleurs sans retenue les chimères du patriarche du FBI, y compris à l'occasion de face-à-face musclés avec lui.
Arrogance ou erreur de jeunesse, le résultat ne se fit pas attendre : Hoover voulut détruire Bobby. Or la meilleure méthode pour y parvenir dans une Amérique effrayée par la menace rouge, c'était de présenter l'Attorney comme un allié du diable.
La mort de Marilyn Monroe en offrait l'occasion.
1 -
Capell avait été arrêté le 21 septembre 1943 par des agents du FBI et condamné un an plus tard. Information tirée des travaux de la Commission Warren : WH26-CE-3055, voir annexe.
2 -
In Probe, novembre 1997.
3 -
Témoignage recueilli le 9 septembre 1964 par Albert Jenner.
4 -
Parmi eux se trouvaient des anciens de l'Abwehr, les services secrets de l'Allemagne nazie, des anticastristes de la Nouvelle-Orléans, des représentants néo-nazis américains et des leaders de groupes religieux extrémistes tels The Christian Crusade et International Comité for the Defense of Christian Culture. Les activités de propagande du Foreign Intelligence Digest étaient prises en charge par deux millionnaires de Dallas, H.L. Hunt et Clint Murchinson, Sr. À ce sujet lire, JFK, autopsie d'une crime d'État et JFK, le dernier témoin.
69. Festin
La campagne de Ted Kennedy avait servi de galop d'entraînement. Capell avait soufflé sa théorie et Hoover l'avait validée auprès d'oreilles amies, offrant la promesse d'un sulfureux dossier à ceux qui la colportaient. Ensuite, l'assassinat de JFK avait été, pour le patron du FBI, une bénédiction, même s'il ne pouvait évidemment l'avouer.
Désormais RFK, traumatisé par le meurtre de son frère et isolé à la Maison Blanche par l'arrivée au poste suprême de Lyndon B. Johnson, avait perdu toute capacité de nuisance. La fin du mandat de l'Attorney General allait se transformer en calvaire. De fait, Hoover ne lui épargna aucune brimade, refusant l'assistance du FBI dans les dossiers en cours et retirant l'escorte fournie par le Bureau lors des déplacements officiels de celui qui restait tout de même ministre de la Justice en titre.
Un traitement particulier que le nouvel hôte du Bureau ovale, dont la maison à Washington était voisine de celle d'Hoover, approuvait, ce Texan n'ayant jamais caché son animosité envers le frère Kennedy.
*
Les événements du 22 novembre 1963 à Dallas avaient eu un autre effet sur la politique d'Hoover. Ils remettaient sur le sellette la peur du communisme
Certes, l'acte de Lee Harvey Oswald ne fut pas présenté comme directement téléguidé par l'Union soviétique – une telle accusation aurait vraisemblablement déclenché un conflit entre les deux géants –, mais le rapport Warren – dont les conclusions se fondaient sur les travaux du FBI – résuma le meurtrier à un assassin… communiste.
Hoover pouvait jubiler. L'opinion publique américaine, traumatisée par la mort violente de son jeune président, se mit à vouloir une politique plus ferme contre la menace rouge.
Il jubilait d'autant plus que des critiques tombèrent sur l'Attorney General. Certains chroniqueurs, dont Walter Winchell, laissèrent entendre que si RFK n'avait pas baissé la garde, refusant de prendre en compte les avertissements d'Hoover, Oswald aurait sûrement pu être arrêté à temps. Jouer l'atout de la culpabilité fraternelle, était d'un un machiavélisme redoutable.
L'addition
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