Marilyn, le dernier secret
monde, il me semble que la seule possibilité concernant l'administration des barbituriques soit l'utilisation d'un lavement [3] . »
*
Dans un monde idéal, mon enquête aurait dû s'arrêter là : John Miner confirmant mon raisonnement, il ne restait dès lors plus qu'à raconter les dernières heures de Marilyn.
Mais hélas, l'ancien assistant du District Attorney de Los Angeles n'était pas à la source de cette seule confidence. En réalité, John Miner avait eu son heure de gloire en révélant un énorme secret. Quelque temps après la mort de l'actrice, Ralph Greenson l'aurait autorisé à écouter une série de bandes magnétiques enregistrées par Marilyn dans les jours précédents son décès.
Un véritable eldorado qui permettrait enfin de découvrir la vérité du 4 août 1962.
1 -
In Los Angeles County District Attorney Bureau of investigation, Investigation Report, Re : Oui Magazine 10/75, File # 82-G-2236 .
2 -
In Say Goodbye to the President , Christopher Olgiati, Winstar, 1997.
3 -
Ibid .
79. Argent
En vérité, les transcriptions des « confidences » de Marilyn avaient vu le jour en 1995.
À une époque où l'industrie consacrée au mystère Marilyn tournait à plein régime, multipliant livres, documentaires, exclusivités de tabloïds et miniséries télévisées.
Peut-être John Miner, inspiré par l'exemple d'autres « témoins », s'était-il dit que son tour venait ?
Peut-être les difficultés financières dont il était la proie alors l'avaient-elles convaincu ?
*
Quoi qu'il en soit, c'est à cette période qu'il avait contacté un autre journaliste, le populaire Anthony Summers, pour vendre ses fameux verbatim .
Interrogé dix ans plus tard sur MSNBC à propos du scoop sorti par ses confrères du Los Angeles Times , l'auteur britannique se souvenait parfaitement des circonstances, les enrobant d'une précision ne laissant guère planer de doute sur la crédibilité que lui-même accordait à la révélation de Miner : « John Miner est quelqu'un de bien (…) et il raconte une belle histoire. Mais aussi talentueux soit-il, cela ne rend pas l'histoire véridique pour autant [1] . »
L'échange qui s'ensuivit avec Dan Abrams, le journaliste animant l'émission, fut placé sous le sceau de la même franchise :
« Il m'a contacté en 1995 à propos de sa prétendue transcription afin de la faire publier par Vanity Fair , magazine auquel je collabore parfois. Il disait qu'il ne l'avait montrée à personne d'autre auparavant. Vanity Fair et moi-même avons conclu que cela ne valait pas une publication. Et je n'ai pas changé d'avis depuis.
– Pourquoi donc ?
– (…) Il prétendait détenir 70 à 80 pages de notes manuscrites sur ce qu'il avait soi-disant entendu en 1962. Sans surprise, il désirait être payé. Il était évident, que contre l'intégralité, il voulait de l'argent. Une partie peut-être, m'avait-il dit, aurait contribué au financement d'une bourse en mémoire de Ralph Greenson, mais c'était principalement pour lui. Et il nous avait précisé qu'on lui avait déjà proposé plusieurs centaines de milliers de dollars afin de publier son histoire [2] . »
Une fois les motifs lucratifs évacués, Summers en arriva aux raisons profondes de ses doutes.
« Je lui ai demandé comment il était possible qu'il puisse se souvenir de l'équivalent de quatre-vingts pages de propos tenus par Marilyn Monroe trente ans plus tôt. Il m'a répondu (…) qu'il avait noté tout cela à l'époque dans son carnet. (…) Et qu'il avait une mémoire extraordinaire.
Plus tard, il a prétendu avoir retrouvé ses notes en train de dormir dans un carton. Mais, malgré des mois à insister pour qu'il nous les montre, il ne l'a jamais fait. Comme il n'est jamais parvenu à nous présenter ses 70 ou 80 pages. Nous avons juste vu une version totalement rédigée de 35 pages. Que, plus tard, il a avoué avoir écrites quelques semaines auparavant.
Vanity Fair et moi avons préféré poliment décliner l'offre [3] . »
La conclusion d'Anthony Summers fut implacable :
« Je ne comprends pas comment des journaux réputés tels que le New York Times et le Los Angeles Times peuvent publier ce genre de matériel [4] . »
*
Certes, on pourrait à notre tour reprocher à Anthony Summers de n'avoir pas hésité lui-même à offrir sa crédibilité aux paroles de Slatzer et de sa cohorte de témoins douteux, mais l'accusation qui pointait dans cette
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