Marilyn, le dernier secret
américain déclinant son label dans de nombreux pays, mais un titre indépendant installé en Australie.
Un magazine qui n'était pas un tabloïd, mais pas non plus une référence incontestable du métier. Un hebdomadaire qui, hélas, avait changé d'orientation, de personnel et de locaux depuis la parution de l'article consacré aux confidences post mortem d'Eunice Murray. Autant de mutations qui avaient conduit à la disparition des archives du titre, ce qui annihilait tout espoir de retrouver les notes ayant servi à la rédaction du papier.
Parallèlement, j'étais parvenu à identifier plusieurs Steven Miller résidant en Australie. Mon intuition – qui allait se révélait complètement inexacte – était que si Woman's Day avait été le seul journal au monde à diffuser le récit de Miller, cela signifiait que ce dernier ne résidait plus aux États-Unis mais du côté de l'Océanie.
Mais avant d'appeler un à un les noms figurant sur ma liste, je souhaitais obtenir plus d'informations quant aux origines de l'article. Il fallait donc retrouver Brian Blackwell et David Brown, les deux auteurs du scoop.
*
Bien évidemment, compliquant la donne, Blackwell et Brown avaient changé de métier depuis 1995.
Brian, qui fut le premier à me répondre, était devenu le directeur d'une lettre hebdomadaire privée consacrée aux paris hippiques. Après relecture de ce papier, il m'affirma avoir seulement participé à sa réécriture et, de fait, n'avoir aucune idée du lieu où se trouvait Steven Miller.
David Brown, désormais responsable de la communication australienne du groupe Endemol, m'offrit une réponse similaire.
*
Quel paradoxe saisissant !
J'avais entre les mains un article sensationnel paru dans un obscur hebdomadaire australien, jamais repris ailleurs, mais les deux journalistes dont les signatures figuraient en bas de colonne assuraient ne pas en être les auteurs.
Avant de baisser les bras, j'avais heureusement obtenu une autre piste : celle de Bob Cameron. Lequel, en 1995, avant de devenir le rédacteur en chef de Woman's Day , était responsable des pages actualités du magazine. Or Blackwell pensait que ledit Cameron avait acheté les droits de reproduction de l'histoire aux États-Unis et demandé à ses deux confrères de réécrire l'ensemble.
Après deux semaines supplémentaires à attendre que Bob Cameron se remette d'une grippe, survint un début de réponse. S'il ne se souvenait pas de l'origine précise de l'histoire, il était persuadé qu'elle ne provenait pas d'Australie, mais d'Amérique du Nord.
Steven Miller n'avait pas quitté le pays. C'était donc sur un territoire que je commençais à bien connaître qu'il me fallait dorénavant chasser.
82. Infirmier
Le fil était ténu.
Tellement fragile même, que par anticipation, j'avais réussi à me convaincre qu'il se romprait avant de me guider jusqu'à la solution. Pourtant, il était obligatoire de le suivre jusqu'au bout.
Ma tentative australienne s'étant soldée par un échec, je n'avais pas d'autre option que le retour au pays d'origine de mes recherches. Or l'article de Woman's Day contenait peu d'informations factuelles sur le mystérieux Steven Miller.
Tout juste savais-je qu'il était « l'infirmier certifié (…) ayant recueilli les confidences d'Eunice Murray quelques semaines avant son décès dans une maison de convalescence de Tucson en Arizona [1] .
Le même Miller affirmait avoir été « l'infirmier d'Eunice Murray pendant les six derniers mois de sa vie [2] .
Rien d'autre !
*
La logique incitait à rechercher les Steven Miller de la région de Tucson.
Après tout, l'infirmier pouvait avoir échappé à l'étonnante manie américaine qui pousse ses habitants à déménager fréquemment. Peut-être même avait-il, depuis 1995, poursuivi sagement sa carrière dans la ville où Eunice Murray était décédée ?
Une quarantaine de coups de téléphone plus tard, une énième porte venait de me claquer au nez. Aucun des Steven Miller de ma liste n'était le bon. Je devais donc trouver une autre manière de l'atteindre.
Mais comment ? Miller avait pu quitter l'Arizona ou être inscrit sur liste rouge, ou posséder seulement un téléphone portable ou… Ou, pis, être décédé !
*
Cette dernière option, bien qu'angoissante, semblait fort probable.
L'article de Woman's Day était paru depuis douze ans et je n'avais aucune idée de l'âge de cet infirmier. Une autre option s'ouvrit
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