Marilyn, le dernier secret
interview se révélait autrement plus grave.
Très clairement, Summers et Vanity Fair avaient considéré les transcriptions des ultimes confidences de Marilyn comme des faux. Or, sans même connaître les motivations profondes de John Miner, force était de reconnaître à la simple lecture des documents que l'accusation paraissait fondée.
Sans entreprendre une analyse détaillée des incongruités et impossibilités contenues dans ces prétendues bandes, en souligner quelques incohérences ou raccourcis hasardeux méritait un court détour [5] .
Selon la transcription de Miner, c'est l'actrice Mae West qui aurait initié Marilyn à la pratique quotidienne du lavement. Une assertion cocasse à découvrir puisque si la plupart des biographies consacrées à cette vamp gouailleuse confirmaient son goût pour cette technique, toutes expliquaient aussi combien celle-ci regrettait de ne jamais avoir rencontré Marilyn Monroe !
Autre billevesée des pseudo-enregistrements, quelques références à l'ami de Miner, Robert Slatzer. Pour que la ficelle soit moins grosse, on prêtait à l'actrice des paroles désobligeantes à son égard… qui ne tenaient pas la route. Ainsi Marilyn, le 3 août 1962, aurait déclaré être embarrassée par les propos que Slatzer venait de tenir sur elle dans la presse. Le hic, c'était que leur parution remontait à… 1957.
En fait, à force de vouloir tout englober en surfant sur les thèmes porteurs de son époque, du sexe aux Kennedy, John Miner avait cherché à trop bien faire. Et s'était pris les pieds dans le tapis.
*
Un ultime élément vint ranger les prétendues dernières séances de Marilyn au rayon des illusions commerciales fleuries après son décès.
Il ne s'agissait pas de la réponse paranoïaque proférée par Miner lorsqu'on l'interrogeait sur les raisons de son long silence, lui dont la mission en 1962 consistait précisément à exprimer ses doutes auprès de ses supérieurs s'il en avait eu à l'époque, lui qui rétorquait l'avoir fait par écrit mais que, grand complot oblige, l'original et les copies de son rapport avaient disparu des archives [6] .
Non, l'estocade fut donnée par Hildegard Greenson, la veuve du psychiatre de Marilyn. Sollicitée par le Los Angeles Times , celle-ci avait exceptionnellement accepté de sortir de sa réserve en expliquant qu'elle n'avait jamais entendu parler de l'existence d'éventuels enregistrements de Marilyn Monroe, et que ce procédé ne faisait même pas partie des outils thérapeutiques utilisés par son époux [7] .
*
Effectivement, le coup de grâce aurait dû venir maintenant.
Stratégiquement et littérairement parlant, c'était le meilleur moment pour abattre la carte maîtresse.
Celle du témoin ultime.
Celui susceptible de corroborer mes intuitions, déductions et découvertes devait être affranchi de tous ces doutes, n'avoir jamais cherché à monnayer ses souvenirs, être d'une certaine manière vierge de tout parasitage. Il ne devait pas, en fait, constituer la pièce maîtresse de ma démonstration, son pivot, celle qui, une fois ôtée, fait tout s'écrouler, mais au contraire, apparaître comme l'élément qui la corrobore, sans l'empêcher de tenir par elle-même, par tous les indices et pièces apportés et cumulés.
Et, heureusement pour moi, il ne s'agissait pas de John Miner.
1 -
In The Abrams Report , MSNBC TV, 17 août 2005, http ://www.msnbc.msn.com/id/8989583/
2 -
Idem.
3 -
Idem.
4 -
Idem.
5 -
Là encore, une analyse point par point sera proposée sur le forum de discussion consacré à l'affaire monroe : www.marilynsecret.com.
6 -
In Marilyn's Last Words , op. cit .
7 -
In Los Angeles Times, 5 août 2005.
Huitième partie
Traque
80. Certitudes
Des doutes avaient remplacé mon impatience.
Et ce alors que ma dernière étape n'était assurément pas la plus compliquée.
Parti à la source de l'énigme, j'avais réussi à m'approcher de la vérité. Une à une, les pièces s'étaient emboîtées, dissipant les mensonges et les rumeurs. Désormais, je connaissais les détails du drame qui s'était déroulé derrière les lourds rideaux du 12305 Fifth Helena Drive. Il me restait donc à raconter les ultimes instants de Marilyn Monroe.
Mais, pour la première fois depuis le début de cette enquête, j'hésitais.
Non sur la validité de mes conclusions, mais sur une opportunité : celle de révéler ou pas le dernier secret.
*
Je me souviens parfaitement du jour
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