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Marin de Gascogne

Marin de Gascogne

Titel: Marin de Gascogne Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Escarpit
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demanda un gabier.  
    — C’est le fils d’un planteur béarnais de Saint-Domingue, répondit Bottereaux. Jusqu’ici, il était ministre de la Marine.  
    — Un ministre comme amiral ! On ne se refuse rien !  
    — C’est aussi un marin. Il commandait une frégate à la guerre d’Amérique et il a été major-général à Brest.  
    — M’est avis, dit Guirrec, qu’il est en train de constituer une escadre.  
    — Oui, mais pour aller où ? demanda Papounet.  
    — Si je me rappelle bien, dit Bottereaux, Bruix était l’adjoint de l’amiral Morard de Galles lors de l’expédition d’Irlande, l’année dernière.  
    La moustache de Papounet s’avança en une moue dubitative.  
    — Ouais, l’Irlande… Nos armées se font battre en Italie, Jourdan recule en Allemagne et Bonaparte est toujours en Egypte. Ça m’étonnerait que le Directoire se lance dans une opération aussi hasardeuse que l’Irlande. Les Anglais le croiront peut-être, mais, pour moi, il y a une feinte. D’ici que ce soit une feinte contre la République…  
    Un peu étourdi, Hazembat essayait de suivre le fil de la discussion.  
    — Violet sait quelque chose, dit Guirrec, même si Guillotin ne l’a pas mis dans la confidence. M’est avis qu’on pourrait bien aller chercher Bonaparte en Egypte.  
    — Et tu crois que les Goddem nous laisseront passer Gibraltar ? demanda Papounet.  
    — Il y a peut-être des gens qui sont de mèche avec eux.  
    — En tout cas, si nous venons à en découdre, il nous faut des hommes sûrs partout. En cas de combat, Bottereaux devra s’arranger pour qu’Hazembat soit à la barre. Nous ne pouvons pas faire confiance aux autres.  
    Hazembat fut surpris.  
    — Même à Verdier ? demanda-t-il.  
    — Pour le moment, non. Toi, je te connais, lui, on verra plus tard.  
    Avant de le laisser quitter la soute, Papounet montra à Hazembat le signe par lequel les membres de la loge se reconnaissaient : trois doigts posés sur une surface quelconque, le majeur et l’index en haut, le pouce en bas.  
    — Ça fait un V, le V de Vengeur.  
    Quand Hazembat rejoignit le poste des timoniers, il trouva Verdier qui venait de terminer son quart et ne dormait pas encore.  
    — J’étais à la poulaine, dit-il. Tu as eu bonne mer ?  
    — Oui, mais le vent tourne. Tu avais raison : nous faisons route nord-nord-ouest et nous devrions passer le Raz de Sein à l’aube. Si le vent fraîchit encore, on aura du mal.  
    Quand Hazembat prit son quart à huit heures, la route avait encore changé et le navire filait plein nord sous fraîche brise d’ouest. Manifestement, Guillotin prenait au plus court à travers l’Iroise et gardait ses distances avec les récifs de Pen Hir qu’il aurait bientôt sous le vent.  
    Vers le milieu de la matinée, la brise forcit et la mer devint clapoteuse. Des grains de plus en plus denses balayaient le pont avant de s’enfuir en mugissant vers la côte invisible.  
    L’ Argonaute épaulait bien les lames qui commençaient à se creuser et courait avec aisance, sans enfourner ni labourer. Bottereaux se tenait un peu en arrière d’Hazembat, attentif aux ordres qui venaient de la dunette. Un peu avant midi, Verdier arriva pour la relève.  
    — Nous devons être par le travers du récif de la Parquette, dit-il. C’est le plus à l’ouest de Pen Hir.  
    A la faveur d’une éclaircie, Hazembat devina du coin de l’œil des gerbes d’eau déferlant à un peu plus de deux milles par tribord.  
    — Ça va, dit Verdier, mais garde bien le cap. Le chenal est étroit. Tu veux que je te relève ?  
    Agacé, Hazembat allait lui répondre qu’il s’en fallait encore un quart d’heure, quand un long roulement sourd qui n’était pas celui du tonnerre arriva, porté par le vent.  
    — Canonnade par le bossoir bâbord, capitaine ! cria Guirrec à Violet.  
    — J’ai entendu. Envoyez quelqu’un dans la hune avec un télescope !  
    — J’y vais moi-même !  
    Quelques instants plus tard, il reparut haletant.  
    — C’est par le travers du récif d’Ar Men, capitaine… Une frégate anglaise… Elle attaquait un convoi de petits caboteurs, des cotres…  
    — Elle attaquait ou elle attaque ?  
    — Les cotres ont fui sous le vent et ils ont filé par les hauts fonds devant Saint-Mathieu.  
    — Et la frégate ?  
    — Elle fait route sud-sud-ouest, capitaine. Nous devrions l’avoir à deux milles par

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