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Marin de Gascogne

Marin de Gascogne

Titel: Marin de Gascogne Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Escarpit
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cocarde, dévoilant ainsi ce qu’il tentait de cacher. Flora éclata de rire.  
    — Ainsi, nous avons affaire à un jeune jacobin qui préfère ses convictions à sa pudeur ! s’écria M lle Thilonier.  
    — C’est un souvenir de ma bonne amie !  
    — Tiens ! tiens ! nous avons aussi une bonne amie ? Comment mets-tu tes mains avec elle ? Ce genre de fille doit préférer la cocarde du bas à celle du haut !  
    Furieux, Bernard se redressa le plus dignement qu’il put dans son baquet.  
    — Non, mademoiselle, je vous jure, elle n’est pas comme ça ! Je ne l’ai jamais touchée !  
    Elle empoigna une grosse éponge et entreprit de lui savonner le dos.  
    — On t’a donné le fouet, je vois. Ce n’était sans doute pas pour tes vertus ! Tu ne l’as jamais touchée, dis-tu ? Voudrais-tu me faire croire que tu es puceau ?  
    — Sur mon âme, mademoiselle !  
    Après le dos, elle lui savonnait la poitrine, puis le ventre, descendant chaque fois un peu plus bas. Elle avait abandonné l’éponge et sa main nue s’attardait au creux du nombril, au pli de l’aine.  
    — Sur ton âme, vraiment ? On sait où les sans-culottes mettent leur âme ! Et, sans culotte comme tu l’es maintenant, tu ne peux empêcher la tienne de trahir sa nature pécheresse ! Regarde, Flora, comme le péché dresse son dard !  
    En plein désarroi, Bernard sentait sa chair réagir malgré lui au contact des doigts fuselés. L’érection n’était pas pour lui une nouveauté. Il en avait fait depuis longtemps l’expérience quand il embrassait Pouriquète et, sur la plage de la Guadeloupe, Belle avait feint de ne pas s’apercevoir de son émoi. A bord, la fatigue lui évitait le plus souvent cette préoccupation et sa place à la timonerie lui épargnait certaines pratiques assez courantes au poste d’équipage. Il était arrivé que, par les longues nuits encalminées, Sven et lui se fussent procuré mutuellement un assouvissement passager auquel le jeune Anglais semblait prendre plus de plaisir que Bernard. Mais ceci n’avait rien de comparable. A travers le vertige de sa tête, encore embrumée par des restes de fièvre, il sentait une flambée de chaleur et de violence monter de ses tripes sous ce qui était devenu une caresse à peine équivoque.  
    Soudain, M lle Thilonier s’interrompit et donna une tape sur le membre gonflé.  
    — Vois, Flora, l’hypocrisie de ce garçon, dit-elle. Il est bien éloquent, mais il ne tient pas le même discours par le haut et par le bas ! Tant de duplicité me chagrine.  
    Elle lança la serviette à la petite esclave.  
    — Tiens, sèche-le toi-même. Ensuite, tu l’aideras à s’habiller convenablement pour qu’il aille voir mon beau-frère.  
    Restée seule avec Bernard, Flora, avec des rires aigus, ne se priva pas de le chatouiller aux endroits sensibles, mais elle le faisait avec tant de naturel et de gaieté qu’il n’en éprouvait aucune gêne. Le résultat ne se fit pas attendre. Jambes fauchées par le plaisir, il bascula dans le baquet, entraînant Flora avec lui. Elle se dégagea prestement et ôta sa robe trempée, révélant un corps menu mais aux formes pleines dont le galbe était encore accentué par l’acajou poli de sa peau. Redevenue sérieuse, elle acheva de l’essuyer, puis l’aida à passer ses vêtements. Comme elle boutonnait le pantalon, il fut repris par le désir et voulut l’attirer contre lui, mais elle s’esquiva, fit non de la tête en roulant des yeux effarés, s’enveloppa dans la serviette et s’en fut en courant. Tout était rentré dans l’ordre quand un esclave aux cheveux blancs vint chercher Bernard.  
    Alexis Prunes Duvivier était un quinquagénaire grisonnant, au port avantageux. Il considéra Bernard avec bienveillance à travers un face-à-main.  
    — O’Quin m’a dit le plus grand bien de toi, garçon. Voyons, donne-moi des nouvelles de mon ami Guillaume Graullau.  
    — Quand je me suis embarqué, il allait bien, monsieur, mais c’était il y a cinq mois.  
    — Moi, il y a trois ans que je suis parti. Comment supporte-t-il cette révolution ? On ne lui a pas coupé la tête ?  
    — Je ne pense pas, monsieur. Il avait l’air d’être bien vu du comité de surveillance.  
    — Le vieux malin ! Je parie qu’il est républicain !  
    — Certainement, monsieur.  
    — Et toi ?  
    — Moi aussi, monsieur.  
    — Tu as bien raison ! Depuis que je suis dans

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