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Marseille, 1198

Marseille, 1198

Titel: Marseille, 1198 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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J’ai aussi des épées, un fléau et cette masse.
    J’espérais vous retrouver, et comme j’ignorais si
vous aviez suffisamment d’armes, j’ai pris tout ce que je pouvais porter. Je ne
suis pas fâché de vous les donner ! Maintenant, repartons vite, nous
parlerons en chemin. Il y a des chiens derrière nous qui ne tarderont pas à
nous retrouver.
    Sans un mot, car il était fort embarrassé,
Locksley prit son haubert et Hugues de Fer la seconde cotte de mailles, en les
jetant sur leurs épaules, n’ayant pas le temps de s’équiper. Ils se répartirent
aussi les armes. Bartolomeo choisit la masse à triple pointe et Guilhem
conserva seulement son gros sac de cuir.
    En repartant, Locksley s’approcha de lui, mal à
l’aise :
    — Je t’ai mal jugé, Guilhem.
    Le troubadour le prit amicalement par l’épaule
pour lui dire :
    — Tu me connaissais mal, c’est tout. Et
l’important est que nous soyons réunis.
    En parlant, ils suivaient aveuglément Ibn Rushd
qui se guidait aux étoiles. Questions et réponses se mélangeaient, souvent
incomplètes, car ils s’interrompaient sans cesse.
    — Ibn Rushd ne m’a pas dit grand-chose sur la
façon dont tu as su que Castillon voulait faire passer ton écuyer pour
Bartolomeo. Ce n’est qu’après votre départ que j’ai appris que tu n’avais pas
tué le frère d’Anna Maria, expliqua Guilhem au Saxon.
    — Pierre, l’homme d’armes dont Hugues des
Baux a fait pendre le fils, m’avait fait prévenir de la machination de
Castillon. C’est lui aussi qui nous a permis de rentrer dans le château.
    Il narra alors comment Pierre les avait conduits
au souterrain, le désordre et les incendies qu’Ibn Rushd et Nedjm Arslan
avaient semés dans le château, puis la triste fin de Pierre, enseveli sous les
rochers avec le Perse. Ce fut ensuite le tour de Guilhem qui raconta comment il
était venu en aide à Baralle en l’entendant crier dans la nuit, et ce qu’il
était advenu. Bien sûr il ne dit mot du comportement de Roncelin, racontant
seulement la mort de Castillon, massacré par Monteil. Il rapporta aussi la
confession de Basile, et Ibn Rushd, à son tour, lui dit qu’il avait découvert
l’empoisonnement au colchique.
    Il y eut pourtant un sujet que Guilhem n’aborda
pas : le fait qu’Anna Maria soit au service d’Innocent III. Locksley
le savait-il ? Il demanda seulement à la jongleuse, avec une feinte
indifférence :
    — Où sont vos bagages, gente
damoiselle ?
    — Perdus ! Nous avons tout abandonné
avec les chevaux en utilisant le souterrain.
    — C’est dommage pour votre psaltérion…
    — Sans doute, mais je le remplacerai,
répondit-elle, insouciante.
    Malgré l’obscurité, il se rendit compte qu’elle le
regardait avec un sourire complice.
    — J’ai aussi abandonné ma vielle, lui dit-il
avec désinvolture.
    C’est alors que les aboiements reprirent. Roncelin
se mit aussitôt à courir.
    — Non, seigneur ! Nous allons nous
épuiser ainsi ! lui cria Locksley. Les chiens sont plus endurants que nous
et nous rattraperont immanquablement. Cet endroit n’est pas plus mauvais qu’un
autre pour qu’on en finisse.
    Roncelin s’arrêta.
    — Vous voulez combattre ? Dans le
noir ? Mais c’est folie ! fit-il, interloqué.
    — Ils seront aussi désavantagés que nous et
ils ignorent combien nous sommes. Ils ne sont d’ailleurs peut-être pas très
nombreux. Je vais mettre ma cotte de mailles et les attendre.
    À part Roncelin, tous approuvèrent tant ils
étaient épuisés. Durant l’attente, ils reprendraient des forces et ils seraient
plus gaillards que leurs poursuivants fatigués par la poursuite.
    Ils se placèrent en demi-cercle autour de
Locksley, Anna Maria et Ibn Rushd restant en arrière. Chacun tenait solidement
une arme et Locksley avait déjà une flèche empennée sur son arc et quatre
autres à la main.
    Les aboiements se rapprochèrent, la meute était
lâchée. Si les trois chevaliers n’avaient pas peur, Roncelin et Bartolomeo
étaient terrorisés, sans pour autant envisager de fuir. Anna Maria, une
miséricorde à la main, priait le Seigneur et Ibn Rushd se fiait à la volonté
d’Allah.
    Ce furent plus les craquements dans les buissons
que les aboiements qui leur indiquèrent que les bêtes arrivaient sur eux. Immédiatement
après ils distinguèrent une haleine de viande pourrie, mais déjà les molosses
les attaquaient.
    Le premier dogue reçut une flèche dans le
poitrail, les

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