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Marseille, 1198

Marseille, 1198

Titel: Marseille, 1198 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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l’amener ici.
    — Qui a commis ce crime, seigneur
viguier ?
    — Pour l’instant, je n’en sais rien,
Constance.
    — Comment est-elle… morte ?
demanda-t-elle d’une voix sourde.
    Fer hésita une fois de plus. Le voyant indécis,
elle devina une affreuse vérité et se tourna vers Ibn Rushd qui avait trempé
ses lèvres dans le vin.
    — C’est vous qui l’avez trouvée ?
    — Non, gente damoiselle, je ne suis qu’un
médecin. C’est le bayle du seigneur Roncelin qui nous a prévenus.
    — Vous êtes médecin ? Alors dites-moi
comment elle est morte !
    La voix était brusquement devenue un murmure. Fer
remarqua que les servantes, au bout de la salle, les regardaient. Elles avaient
dû comprendre qu’il se passait quelque chose de grave pour que le viguier
vienne chez eux.
    — Un coup de lame. On lui a tranché la gorge.
    — Mais Roncelin était là, avec ses
gens ! Pourquoi ne l’ont-ils pas défendue ? bredouilla-t-elle.
    — Il y avait des esclaves, ils ont tous été
tués.
    — Et le seigneur Roncelin ?
    — Il a disparu, avoua Fer à voix basse. Mais
je vous en prie, Constance, personne ne doit le savoir pour l’instant.
    — Des Sarrasins auraient tué ma sœur et
enlevé notre vicomte ? Cela n’a pas de sens ! martela-t-elle.
    — Ce n’étaient pas des Sarrasins, intervint
Ibn Rushd. C’était une troupe d’hommes d’armes. Des cavaliers qui arrivaient du
nord.
    C’est alors qu’elle comprit. Des ennemis de
Roncelin étaient venus pour l’enlever, sans doute pour réclamer une rançon, et
ils avaient tué sa sœur.
    — Qui étaient-ils ? s’enquit-elle.
    — Je ne sais rien de plus, avoua le viguier.
Mais je ferai tout pour les retrouver, je vous le jure.
    — Ces assassins… l’ont-ils…
    Elle s’arrêta de parler, comme si elle hésitait à
aller plus loin.
    — Ils l’ont violentée, oui.
    — C’est moi qui les trouverai, dit-elle, le
visage crispé. J’y perdrai toute ma fortune s’il le faut, mais je les
retrouverai, même s’ils se cachent au bout du monde… et je ferai tanner leurs
peaux. Je prends Notre Seigneur à témoin que je le ferai.
    Le silence s’installa un long moment, jusqu’à ce
que le viguier demande :
    — Depuis quand votre sœur connaissait-elle le
noble Roncelin ?
    — Deux… trois mois, je ne sais pas
exactement.
    — Il lui avait promis quelque chose ?
    Elle haussa les épaules.
    — Bien sûr ! De l’épouser ! Cette
folle le croyait ! J’ai essayé de lui faire comprendre que Roncelin ne
voulait que coucher avec elle, qu’il en avait déjà séduit d’autres, mais elle
était amoureuse… et surtout aveuglée par ce qu’elle espérait : devenir
vicomtesse !
    Elle soupira, les yeux pleins de larmes.
    — Quand votre sœur vous a-t-elle dit qu’elle
allait le rejoindre ?
    — Avant-hier peut-être, je ne suis pas
certaine, en tout cas, il n’y a pas plus de trois jours. Mais… j’y pense, quand
elle est partie, Garcine était avec elle. Comme chaque fois, elle
l’accompagnait au château Babon.
    — Qui est Garcine ?
    — La servante de ma sœur. Garcine, viens
ici !
    Elle s’était adressée à la femme au fuseau.
Celle-ci laissa son travail et s’approcha lentement, les yeux baissés. Elle
devait avoir une vingtaine d’années et portait un bliaut de laine rêche, mais
Ibn Rushd remarqua son collier d’argent. Comment une servante pouvait-elle
posséder un tel collier ?
    — Tu as bien laissé Madeleine au palais du
comte, hier matin ?
    — Oui, maîtresse. Je vous l’ai dit, elle n’a
pas voulu que je reste et m’a dit que le comte la ferait raccompagner.
    Fer planta ses yeux dans les siens.
    — Vous mentez !
    — Non, seigneur ! fit-elle, affolée.
    — Vous mentez ! Vous allez m’accompagner
au palais et nous verrons bien si on se souvient de vous !
    — Pitié, seigneur !
    Elle tomba à genoux.
    — Je n’ai fait qu’obéir à ma dame,
sanglota-t-elle.
    — Je veux la vérité ! gronda Fer.
    — Dame Madeleine rencontrait toujours le
comte à sa maison de la Porte Galle, jamais à son château.
    — Le comte lui envoyait un serviteur pour la
prévenir ?
    — Je… je crois. Elle m’en avait parlé, il y a
trois jours, car j’allais toujours avec elle. Mais cette fois elle n’a pas
voulu que je reste.
    — Vous l’avez quand même accompagnée ?
    — Oui, elle montait la mule et un ouvrier
nous escortait.
    — Je vous ai vues partir,

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