Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Marseille, 1198

Marseille, 1198

Titel: Marseille, 1198 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
Vom Netzwerk:
confirma Constance.
Mais j’étais persuadée que vous alliez au château Babon.
    — Non, maîtresse, balbutia Garcine. Comme la
dernière fois, on est sorties par la porte de l’Annone [28] et on a longé le
faubourg des Bœufs jusqu’à la Porte Galle, puis on s’est rendues à la tour du
seigneur Roncelin. Quand dame Madeleine a vu qu’il y avait un cheval et un
esclave du vicomte qui attendaient devant, elle nous a ordonné de rentrer,
assurant qu’elle reviendrait le lendemain et nous faisant promettre de ne rien
dire, même à vous, maîtresse.
    De nouveau, elle s’étouffa dans un sanglot.
    Constance la considérait d’un regard mauvais.
Cette fille méritait le fouet, et elle allait le lui donner elle-même. Elle lui
arracherait la peau du dos pour sa punition.
    — Soyez indulgente, damoiselle, intervint Ibn
Rushd. Garcine a été loyale envers votre sœur. Elle ne pouvait savoir ce qui
allait arriver… Si vous lui aviez donné de tels ordres, vous auriez exigé la
même fidélité…
    — Si j’avais su plus tôt…
    — Vous n’auriez rien pu faire, intervint Fer.
Ils sont venus après dîner. Si Garcine vous avait prévenue, vous seriez tombée
entre leurs mains et vous ne seriez pas là maintenant.
    Constance resta silencieuse un long moment, puis
fit signe à la servante de retourner avec les autres.
    — Qu’allez-vous devenir ? demanda Fer.
Avez-vous un voisin ou un ami pour vous aider ?
    — Que faire d’autre que continuer à assouplir
les cuirs ? lança-t-elle avec agressivité. Madeleine avait repris la
tannerie de son mari. Elle avait acheté un second atelier au bout de la rue. Je
ne vais pas abandonner ! Je l’aidais déjà depuis deux ans et nous avons
tant de clients à satisfaire en Espagne et en Italie.
    Brusquement elle se couvrit les yeux et sanglota.
    — Mais je vais surtout les trouver… Je vais
tout faire pour les trouver… Et je ferai tanner leurs peaux !
répéta-t-elle.
    — Je reviendrai vous voir, Constance, promit
Fer. N’hésitez pas à venir chez moi, si vous avez besoin d’aide…
    Elle hocha la tête, comme indifférente. Ibn Rushd
comprit qu’elle n’en ferait rien. Elle allait consacrer son énergie à venger sa
sœur.
     

Chapitre 8
    A yant
repris leurs montures, ils revinrent vers la Grand-Rue. En poursuivant tout
droit, ils arriveraient au château Babon où demeurait le vicomte, expliqua le
viguier à son ami. Face à la mer, Castrum Baboni était une vieille
citadelle construite trois siècles plus tôt par le comte évêque Babon sur
l’antique acropole romaine. C’était une petite cité fortifiée érigée pour
servir de refuge à la population lors des incursions de pirates sarrasins, mais
ses antiques murailles, devenues inutiles, étaient à l’abandon et n’entouraient
plus que des maisons, une église et un moulin. La plus grande construction restait
le donjon avec sa grande salle basse construite par le vicomte Barrai, le frère
aîné de Roncelin.
    — Si Garcine savait depuis trois jours que sa
maîtresse passerait la nuit avec Roncelin, d’autres ont pu l’apprendre et
prévenir Hugues des Baux, dit Hugues de Fer. Je vais interroger son intendant
et le clerc qui lui servait de secrétaire.
    — Il faut aussi que tu examines l’étoffe que
Madeleine a déchirée, Hugues, dit Ibn Rushd qui avait jusqu’à présent hésité à
s’exprimer. Je ne crois pas qu’elle aurait pu y parvenir, tant l’ourlet brodé
était épais. Le tissu a été coupé par une lame. Je crois que ce n’était qu’un
simulacre…
    — Je ne comprends pas.
    — On a mis cette étoffe dans la main de
Madeleine pour faire croire que les agresseurs étaient les gens des Baux. Pour
les accuser. Mais c’est quelqu’un d’autre qui a commis le crime.
    — On l’aurait violée pour nous attirer dans
une mauvaise direction ? répliqua Fer sans cacher son incrédulité.
    — Pourquoi pas ? L’aveugle se détourne
de la fosse où le clairvoyant se laisse tomber.
    — Où veux-tu en venir, mon ami ?
    — Et si Constance nous mentait ? suggéra
Ibn Rushd. Peut-être savait-elle où Madeleine retrouvait Roncelin. Que
savons-nous des sentiments qu’elles éprouvaient l’une pour l’autre… et si tout
cela n’était qu’un crime crapuleux, ou de jalousie ?
    — C’est une hypothèse monstrueuse !
s’insurgea Fer.
    — J’ai connu pire dans ma vie de magistrat,
soupira le musulman. Je suis persuadé qu’on a placé cette

Weitere Kostenlose Bücher