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Marseille, 1198

Marseille, 1198

Titel: Marseille, 1198 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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Fer,
s’éclaircit la gorge.
    — Adhémar a toujours refusé d’être vicomte,
objecta-t-il.
    Un soupçon de satisfaction traversa le visage du
procurateur de la confrérie du Saint-Esprit.
    — La situation est différente. Si Roncelin
est mort, ou plus certainement s’il est aux mains de Hugues des Baux, Adhémar
acceptera, je m’y engage. D’ailleurs la confrérie sera là pour l’assister…
    — Imaginons que Roncelin vende sa part au
seigneur des Baux, ce dernier possédera presque la moitié de la vicomté de
Marseille, et Adhémar ne pourra rester vicomte… remarqua Fer.
    — Pas si votre pupille Alice entre à
Saint-Sauveur…
    Cette déclaration fit l’effet d’un coup de
tonnerre.
    Depuis sa naissance, Alice, héritière de la
branche vicomtale aînée, était promise à Raymond des Baux, le neveu de Hugues
des Baux. Cette alliance devait enfin rapprocher Marseille et les Baussenques,
même si Bertrand des Baux, le père du jeune Raymond, n’avait pas le pouvoir et
la richesse de son aîné Hugues. C’était aussi une union avantageuse pour la
ville, puisque le père d’Alice ayant gagé ses droits seigneuriaux auprès de
Vivaud et de Botin, Bertrand des Baux ne pourrait les exercer.
    La proposition du procurateur changeait tout.
Saint-Sauveur était l’un des deux couvents marseillais fondés au V e  siècle
par Jean Cassien, l’autre étant Saint-Victor. Les religieuses de Saint-Sauveur
vivaient dans l’enclos de Notre-Dame des Accoules et étaient particulièrement
vénérées à Marseille depuis la prise de la ville par les Sarrasins quelques
siècles plus tôt. En effet, pour échapper à la lubricité des vainqueurs, les
moniales et leur abbesse Eusébie s’étaient coupé le nez. Ce qui n’avait pas
empêché les soudards de les violer.
    — Comment cela se pourrait-il ? s’enquit
sèchement Hugues de Fer. Alice est promise à Raymond des Baux !
    — Les circonstances provoquent des
changements, répliqua le procurateur avec un vague geste de la main. Alice au
couvent, ses biens seront administrés par l’abbesse. Ses droits et ceux
d’Adhémar pèseront alors autant que ceux de Hugues des Baux et Roncelin.
    — Vous oubliez que j’ai les droits d’Alice en
gage, avec Botin, fit Vivaud.
    — La confrérie est prête à vous les racheter,
répliqua Ansaldi.
    Pris de court, Vivaud considéra chacun des membres
du conseil et comprit combien la proposition d’Ansaldi les séduisait. Sous
l’autorité du vicomte Barrai – le frère de Roncelin – le conseil
s’occupait de l’administration et du négoce au mieux de ses intérêts, et le
vicomte gardait la justice et la défense. Depuis que Roncelin était vicomte,
c’était le viguier et les consuls qui gouvernaient la cité, puisque Roncelin ne
s’occupait de rien. Tout changerait si Hugues des Baux devenait vicomte, ils
perdraient leur liberté et leur richesse. Certes, avec Ansaldi et Adhémar, les
négociants tomberaient sous la coupe du pouvoir ecclésiastique et perdraient
leur autonomie, mais ils ne seraient pas ruinés. Autour de la table, ils
voulaient tous la paix, quel qu’en soit le prix.
    — Si tout le monde est d’accord, je propose
que cette décision fasse l’objet d’un acte à conserver dans les registres de
délibération de la commune, ajouta Ansaldi avec un sourire venimeux à
l’intention de Hugues de Fer.
    Il y avait sur la table des feuilles de papier de
coton fabriquées à Marseille, ainsi qu’un encrier et des plumes d’oie. Il s’en
saisit et proposa un texte que Hugues de Fer et Guillaume Vivaud amendèrent
comme ils le purent. Il en ressortait que si le vicomte Roncelin disparaissait
ou vendait ses droits sur la ville, il serait demandé à Adhémar, seigneur de
Montélimar, de prendre la charge de vicomte et à Hugues de Fer d’accepter la
rupture de la promesse de mariage de sa filleule avec Raymond des Baux. Vivaud
s’engageant alors à vendre à la confrérie du Saint-Esprit les gages qu’il
tenait du père d’Alice.
    Fer obtint pourtant qu’il ne soit pas fait mention
de l’entrée d’Alice au couvent de Saint-Sauveur, cette décision ne dépendant
que d’elle et de sa foi.
    Comme pour toutes les réunions des consuls, quand
une décision importante était prise, Guillaume Vivaud fit appeler Guillaume
Imbert, le notaire, qui, au premier étage, archivait et recopiait les chartes
et les actes de la ville. Il arriva avec les sceaux, accompagné d’un clerc

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