Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Marseille, 1198

Marseille, 1198

Titel: Marseille, 1198 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
Vom Netzwerk:
d’enrichissement. La confrérie visait à
sauver les hommes et leur âme. Régulièrement, elle désapprouvait le commerce
avec les Sarrasins et la liberté dont jouissaient les juifs dans la ville,
aussi les affrontements entre Ansaldi et le viguier étaient-ils continuels.
    Hugues s’installa au bout de la table et garda son
manteau tant la pièce était glaciale, car il n’y avait ni cheminée ni foyer. Il
se servit un gobelet de vin chaud au miel que Vivaud avait fait porter de
l’auberge voisine, puis il résuma ce qui s’était passé la veille, comment il
avait découvert Madeleine Mont Laurier et la disparition de Roncelin.
    Le viol et la mort d’une des bourgeoises les plus
respectées de la ville provoquèrent un long brouhaha, mélange de menaces contre
les infidèles, principalement de la part de l’armateur Ratoneau et d’Ansaldi,
et d’inquiétudes, surtout du côté de Sarraset et de Barthélémy. Ce coup de main
pourrait bien être le prélude d’une attaque plus importante des infidèles, ce
qui signifierait à la fois un arrêt du commerce et des dépenses vertigineuses
pour renforcer les défenses de la ville.
    Aurélien n’avait rien dit et Fer, étonné de son
silence, lui lança un regard appuyé.
    — Constance, ma voisine, m’a appris hier soir
la mort de sa sœur, déclara le syndic de la corporation des tanneurs en réponse
à la question non exprimée. Elle ne m’a rien dit d’autre, mais j’ai deviné que
la réunion de ce matin était en rapport avec ça, aussi j’ai demandé à un de mes
domestiques de se renseigner et il m’a rapporté qu’elle avait été égorgée…
    En parlant d’une voix calme, il égrenait son
chapelet.
    — … Mais j’ignorais pour Roncelin.
Croyez-vous qu’il soit mort lui aussi, ou que ces pirates vont demander une
rançon ?
    Le viguier n’avait pas parlé du morceau d’étoffe à
l’étoile, voulant observer les réactions de chacun, mais ne constatant aucune
attitude singulière, il reprit la parole.
    — Vous ne savez pas tout. Ce ne sont pas les
Sarrasins qui ont enlevé Roncelin et violé Madeleine…
    Il posa sur la table la pièce d’étoffe.
    — … C’est Hugues des Baux. Elle tenait à
la main ce morceau de tissu qu’elle avait arraché.
     

Chapitre 11
    C e
fut un immense murmure de stupeur, puis le silence retomba, chacun essayant
d’évaluer en son for intérieur les conséquences de cette allégation.
    — Les Baussenques ? s’enquit enfin
Ansaldi, incrédule.
    Sa voix était curieusement haut perchée.
    Fer posa son regard sur lui.
    — Quelqu’un a informé les Baussenques que
Roncelin serait hier à sa maison de la Porte Galle, fit-il. Hugues des Baux est
arrivé avec une troupe de gens d’armes et a emmené notre vicomte après avoir
tué Madeleine et les deux esclaves. J’ignore qui l’a prévenu, mais je le
trouverai.
    — Pourquoi ne pas nous l’avoir dit plus
tôt ? lança avec agressivité l’armateur Ratoneau.
    — J’en suis désolé, Guillaume, mais je
voulais m’assurer qu’aucun de vous ne savait pour Hugues des Baux.
    — Vous nous soupçonnez ? s’insurgea
Barthélémy.
    — Quelqu’un l’a bien prévenu !
    — La présence de ce tissu est incroyable,
intervint alors Raymond Sarraset. Je conçois que Madeleine l’ait arraché à son
agresseur, mais pourquoi l’a-t-il laissé dans sa main ? C’est une preuve
qui se retourne contre lui.
    — Je me suis aussi posé la question, approuva
Fer d’un hochement de tête. Je pense qu’ils ont été surpris et qu’ils ont dû
partir précipitamment… mais en ce qui concerne la preuve, je doute qu’elle soit
acceptable…
    Il développa ce qu’il avait dit à Vivaud la veille
pendant que Barthélémy, le négociant de drap, prenait l’étoffe pour l’examiner
à son tour.
    — Ce tissu n’a pas été arraché, dit-il
lentement. Il est trop épais ! Une femme n’aurait jamais eu la force
nécessaire. De plus, il y a des traces de coupure.
    Il y eut un nouveau brouhaha que Vivaud fit cesser
d’un geste de la main. En même temps, il demandait à voir l’étoffe.
    — J’ai fait la même réflexion que vous, opina
Fer à regret, ou plus exactement c’est celui qui était avec moi qui l’a faite.
Mais je ne suis pas convaincu. La coupure pouvait être plus ancienne et celui
qui défend sa vie est capable d’une force incroyable. Madeleine travaillait de
ses mains et était vigoureuse. Et surtout… pourquoi

Weitere Kostenlose Bücher