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Marseille, 1198

Marseille, 1198

Titel: Marseille, 1198 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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la graisse de suif étaient pendus par
des chaînes et noircissaient la voûte. Un maigre orifice assurait une
ventilation vers l’extérieur, sans évacuer beaucoup la fumée graisseuse. Un
raide et étroit escalier de pierre grimpait. Ils l’empruntèrent pour déboucher
dans une grande pièce voûtée dont les arcs en ogive reposaient sur d’élégants
entablements représentant des têtes de saints. La construction était neuve, à
peine meublée de bancs, de coffres et d’une table. Tout un côté n’était que la
roche qu’on avait en partie masquée par des tentures. Les seules ouvertures
étaient des archères dans les embrasures du mur extérieur sur lequel était
dressée une cheminée entourée d’armes et d’écus. Ils prirent un escalier de
bois qui conduisait à la salle du dessus, une grande chambre au plafond de bois
et au sol en carreaux émaillés.
    Elle était éclairée par deux belles fenêtres,
l’une à la profonde embrasure en voûte donnait sur l’extérieur, la seconde, en
face, plus petite et voûtée en demi-cintre, ouvrait sur la cour du château.
Toutes deux étaient vitrées par des carreaux en losanges sertis dans des fils
de plomb. Des fagots crépitaient dans une large cheminée arrondie. Le seigneur
du château était assis dans un lit à piliers, à la custode couleur lie-de-vin.
Autour se tenaient deux servantes, un prêtre et Baralle. Le cœur de l’homme au
manteau pastel se mit à battre un peu plus vite en la découvrant. Quant à
l’épouse de Hugues des Baux, submergée par un flot d’émotions irrépressibles
elle blêmit légèrement en voyant entrer celui qu’elle aurait aimé épouser.
    Castillon, lui, s’efforça de rester impavide.
Pourtant le désir inassouvi qu’il éprouvait toujours devant l’épouse de son
frère l’avait une nouvelle fois submergé. Il s’approcha lentement de Hugues et
s’agenouilla, prenant la main tendue et lui baisant le pouce, lui rendant ainsi
hommage comme à chaque rencontre.
    — Martial m’a dit que tu allais mieux…
    — Un peu, j’ai pu me lever, grâce aux soins
de Baralle et du père Basile. (Il leva les yeux vers l’homme au manteau pastel.)
J’espère que vous avez fait bon voyage…
    — Aurait-il pu en être autrement ?
répliqua énigmatiquement le visiteur.
    Il y eut un pénible silence durant lequel il
considéra Hugues des Baux en s’efforçant de rester indifférent. Le chef des
Baussenques avait les traits creusés, un nez large et aplati, presque un mufle
de lion, des yeux perçants, de grandes oreilles. Malgré sa maigreur apparente,
on le sentait brutal et coléreux. Puis le regard de l’homme au manteau pastel
glissa sur le prêtre qu’on ne lui avait pas présenté. Un individu de complexion
rondouillarde au teint cendré, au visage grêlé par la petite vérole et aux
petits yeux sournois. Il réprima son dégoût. Il avait connu ce genre de
religieux au couvent de Saint-Victor. Des êtres nauséabonds prêts à toutes les
lâchetés pour des faveurs.
    — Vos appartements sont dans la pièce d’à
côté, reprit sèchement Hugues des Baux. Pour entrer ou sortir, vous passerez
devant moi. Pour l’instant, vous resterez enfermé. On vous portera vos repas.
Un de mes hommes restera tout le temps avec vous. Si vous avez besoin de
femmes, on vous donnera des esclaves.
    L’homme au manteau pastel s’inclina légèrement.
    — Monteil va vous accompagner.
    Le visiteur se tourna d’un quart en sentant une
présence sur sa gauche et eut un mouvement de recul. Un être de plus de huit
pieds de haut était sorti de l’ombre d’une embrasure de porte. Il portait une
robe longue serrée à la taille protégée par une cuirasse maclée. Une épée de
plus de trois pieds était suspendue à son baudrier. Sa peau était mate, sombre
même. Une peau d’Africain confirmée par des cheveux noirs courts et crépus. Il
pouvait avoir vingt ans.
    — Monteil est le fils d’une esclave sarrasine
que mon frère Bertrand m’a donné. C’est un homme loyal à ceux de la comète.
Soyez prudent et respectueux avec lui, il pourrait vous tuer d’une seule main.
    Hugues des Baux fit signe à Monteil qui se dirigea
vers la porte de gauche. L’homme au manteau pastel le suivit.
    — Tu te nourris, au moins ? s’inquiéta
Castillon quand ils eurent disparu.
    — Hugues ne prend plus que du lait de chèvre
que je trais moi-même, intervint Baralle. Il est venu un autre médecin d’Arles
et tous ses

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