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Marseille, 1198

Marseille, 1198

Titel: Marseille, 1198 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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lui, un écuyer portait le guidon sur
lequel il devina, brodé : À l’Azard Beautezard !
    Ainsi Rostang de Castillon arrivait. L’avait-on
prévenu ? Guilhem repensa à la bannière verte. C’était peut-être un signal
pour annoncer qu’il y avait des visiteurs au château, à moins que Hugues des
Baux n’ait envoyé un messager à son frère. Mais pourquoi une troupe si
importante ? Ce devait être toute la garnison de son château. Il essaya
vainement d’apercevoir Pierre, le frère du fermier qui l’avait hébergé.
    Si Castillon restait, cela entraînerait des
complications, se dit-il. Il regarda encore une fois le pendu qui paraissait se
moquer de lui avec sa langue noire qui pendait hors de sa bouche, puis il alla
chercher Bartolomeo pour rentrer.
    Au château, le chapelain Basile, prévenu par les
guetteurs, attendait Rostang sous les arcades. À peine Castillon descendu de
cheval, le prêtre lui fit comprendre qu’il voulait lui parler. Ils empruntèrent
le passage qui conduisait au cellier. Là, personne ne pouvait les entendre.
    — Seigneur, il est arrivé des visiteurs, dit
le chapelain d’une voix agitée.
    — Je sais, je suis venu pour ça.
    — L’un d’eux est médecin et soigne votre
frère.
    — Médecin ? Je croyais que c’étaient des
jongleurs.
    — Il est aussi arrivé des jongleurs dans
l’après-midi, mais un peu plus tard, ce fut un médecin infidèle et un chevalier
anglais.
    — J’ignorais. Un infidèle ? Mais
parle-moi d’abord des comédiens. Combien sont-ils ?
    — Ils sont déjà venus, un homme et une femme,
ils disent venir de Rome. Cette fois, ils sont accompagnés d’un troubadour
nommé Guilhem d’Ussel.
    — Guilhem ? Qui le connaît ? Il a
rencontré mon frère ?
    — Oui, seigneur, hier soir ils ont joué dans
la grande salle.
    Donc ce Guilhem n’était pas le viguier de
Marseille, se dit Castillon.
    — Personne d’autre avec eux ?
    — Non, seigneur.
    — Et cet infidèle ?
    — Ils sont trois : le médecin, qui est
très âgé, son serviteur, et un Anglais qui est comte de Huntington.
    — Attends-moi là.
    Castillon sortit du cellier. N’étaient entrés dans
la cour que son écuyer et trois de ses sergents d’armes. Le reste de la troupe
attendait dans la basse-cour. Il dit quelques mots à ses officiers et les
suivit des yeux un moment tandis qu’ils sortaient du château.
    Quand Ibn Rushd arriva dans la chambre de Hugues
des Baux, Baralle était partie chercher du lait et le seigneur était avec
Monteil. Ses recommandations n’avaient donc pas été respectées mais il n’en fit
pas la remarque. Il examina longuement le châtelain des Baux, le fit uriner et
passer sur sa chaise pour examiner ses excréments, puis il lui fit avaler un
philtre qu’il avait dans ses bagages et qui pouvait contrarier quelques poisons
simples.
    — Avez-vous déjà eu des cas comme moi ?
demanda le Baussenque quand il eut terminé.
    — Chaque malade est différent, seigneur.
Depuis combien de temps souffrez-vous ?
    — Trois mois environ. Mais depuis plusieurs
semaines, je ne sors plus. Je suis incapable de monter à cheval.
    — Votre épouse s’occupe des fiefs ?
    — Elle et mon frère Castillon. En vérité
c’est mon demi-frère, mais je ne sais pas ce que je ferais sans lui. Pourquoi
allez-vous en Aquitaine ?
    — Le médecin de Richard Cœur de Lion est un
de mes amis. On s’est connus en Palestine, bien que dans des camps ennemis. Il
souhaite que j’examine le roi d’Angleterre qui se plaint de douleurs.
    — Vous voyagez bien simplement, sans homme
d’armes, sans écuyer, sans arbalétrier… C’est étonnant pour un homme du rang du
seigneur de Locksley.
    — Nous avions quatre lances avec nous,
seigneur, et mes propres serviteurs. Tous sont morts d’une fièvre foudroyante
durant la traversée. À Marseille, le comte a voulu engager des hommes d’armes,
mais sans y parvenir. Il était pressé de retrouver son roi et a décidé de
partir ainsi. Il m’a dit qu’il recruterait plus facilement des chevaliers et
des arbalétriers à Montpellier.
    — C’est bien possible, en effet, et je
reconnais qu’il est difficile de trouver de bons hommes d’armes. Moi-même je
n’y parviens pas. J’aimerais en parler avec le seigneur Locksley. Vous lui
demanderez de venir me voir.
    À cet instant, un homme entra. Ibn Rushd se
retourna pour le saluer. Large d’épaules, en haubert avec une épée à la taille,
il

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