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Marseille, 1198

Marseille, 1198

Titel: Marseille, 1198 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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Terre sainte de m’assister, dit Hugues d’une voix
assurée. En premier lieu, nous allons décider du sort des jongleurs. Comme je
veux que ce procès soit régulier, je les laisserai se justifier.
    Il regarda Anna Maria en disant ces derniers mots.
    À côté d’elle, Guilhem passait en revue les visages.
Ses compagnons prisonniers avaient des expressions tendues et désespérées.
Castillon jubilait. Locksley restait impavide, jouant à la perfection son rôle
de juge impartial. Quant au seigneur des Baux, il lui trouva meilleure
apparence que le jour où ils étaient arrivés. Était-ce les traitements que lui
avait prodigués Ibn Rushd ? Il se dit avec dérision que non seulement ils
étaient venus là pour trouver la mort, mais qu’ils avaient de surcroît sauvé la
vie de leur ennemi.
    — Je m’appelle Anna Maria Ubaldi, je viens de
Rome, commença-t-elle. Je confesse avoir été approchée par le viguier Hugues de
Fer ici présent qui m’a demandé, ainsi qu’à mon frère, d’entrer dans le
château, de nous renseigner pour savoir s’il y avait un prisonnier et de tenter
de le libérer. J’implore votre pitié, noble seigneur. Nous sommes pauvres et le
viguier nous a proposé beaucoup d’argent.
    C’était un plaidoyer honnête et convaincant. Même
Castillon parut amadoué et Guilhem reprit espoir.
    — Vous parlez soudain bien mieux notre langue,
ironisa Hugues des Baux en plantant son regard dans celui de la jongleuse avant
de désigner Guilhem du doigt.
    — Et lui ?
    À son ton moqueur, Guilhem devina immédiatement
qu’il savait qui il était. Il ne fallait pas qu’Anna Maria raconte ce qu’il lui
avait demandé de dire, sinon la bonne impression qu’elle avait donnée serait
balayée. Il tenta de la prévenir en attirant son regard, mais elle l’ignora et
poursuivit :
    — Nous l’avons rencontré à Arles et nous lui
avons demandé…
    — Vous mentez ! Dommage pour vous !
Je vous ai laissé une chance, jeune femme, et vous ne l’avez pas saisie.
Monteil vous jettera du rempart à midi, ainsi que votre frère, devant les gens
du château.
    Guilhem sentit son cœur exploser dans sa poitrine.
Il vit Anna Maria tomber à genoux en sanglotant tandis que Bartolomeo
chancelait. Le seigneur des Baux les ignora et demanda au troubadour.
    — Qui êtes-vous ?
    Que savait-il ? s’interrogea Guilhem.
Pouvait-il prendre le risque de mentir ? Il jugea que désormais c’était
non seulement inutile, mais dangereux.
    — Je suis troubadour, seigneur, c’est la
vérité, mais je suis aussi chevalier. J’ai accepté d’aider le viguier de
Marseille contre de sonnantes et trébuchantes pièces d’or. Quant à ces
jongleurs, ils ne sont que de pauvres gens qui ne méritent pas le sort que vous
voulez leur infliger. Gardez-les plutôt pour agrémenter vos soirées, car ils
ont du talent et vous ne trouverez jamais de meilleurs ménestrels.
    — Je n’ai pas besoin de conseils !
Sachez que je savais déjà que vous étiez chevalier, mais ce que je veux
apprendre c’est d’où vous venez et qui vous a accolé.
    — J’arrive du Périgord, c’est le seigneur
Mercadier qui m’a donné mes éperons. Il y a peu, j’étais encore lieutenant du
seigneur Cadoc de Gaillon, au service du roi de France.
    Le seigneur des Baux ne cacha pas sa surprise, pas
plus que son frère tandis que les chevaliers échangèrent quelques mots entre
eux. Robert de Locksley restait toujours impavide. Rostang de Castillon se
pencha vers Hugues et lui murmura quelque chose.
    — Peut-être mentez-vous… Martial et Foulque
vont s’assurer que vous savez manier une épée, dit Hugues.
    Il leur fit signe de se préparer avant d’ajouter.
    — Raimbaud, coupe-lui ses liens et donne-lui
une épée et un bouclier.
    Les chevaliers se levèrent. Raimbaud de Cavaillon
saisit une épée et une rondache en bois posées dans un coin, tandis que Martial
d’Arsac et Foulque Chabrand allaient prendre des écus qu’ils avaient apportés
et se coiffèrent de leur camail de mailles. Puis ils sortirent leurs épées.
    Guilhem comprit que tout avait été préparé à
l’avance. Le seigneur des Baux avait prévu de le faire tuer sur place par ses
hommes, comme un spectacle distrayant. Martial et Foulque portaient des
hauberts, ils avaient leur large épée de taille et leur écu de fer. Contre ces
deux hommes lourdement armés, on lui tendait un bouclier de bois et une épée
d’estoc. Il n’avait aucune

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