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Marseille, 1198

Marseille, 1198

Titel: Marseille, 1198 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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creusée dans le rocher au fond
de laquelle restait un peu de paille souillée. Il était dans le noir, il avait
froid et soif, son estomac criait famine.
    Qui avait envoyé cette lettre ? se
demandait-il. Il avait parlé des jongleurs seulement aux consuls et à Botin. Ce
ne pouvait être son écuyer ou ses proches, d’ailleurs comment auraient-ils
connu Castillon ? Il passa mentalement en revue ceux qui avaient les
moyens d’envoyer un courrier jusqu’aux Baux.
    Il parvenait enfin à s’endormir quand il entendit
de sourds gémissements. Ce devait être un prisonnier du cachot d’à côté. Là où
les jongleurs avaient cru qu’on avait enfermé Roncelin. Était-ce le
vicomte ?
     

Chapitre 23
    L a
fête était finie. Locksley salua Hugues des Baux et Baralle avant de se retirer
avec Ibn Rushd et Nedjm Arslan. Sortant après les gardes qui avaient emmené les
prisonniers, ils apprirent que si Fer avait été traîné dans un des cachots, les
autres seraient enfermés là où ils étaient logés.
    Dans leur chambre, Ibn Rushd s’assit sur le lit.
Non seulement l’évasion prévue était caduque, mais leurs amis allaient mourir,
peut-être après des supplices durant lesquels ils les dénonceraient.
Avaient-ils la moindre chance de les sauver ? Et eux-mêmes, dans combien
de temps seraient-ils soupçonnés ? Nedjm Arslan, bien que taciturne, fut le
premier à prendre la parole. Il confia à ses compagnons qu’ils auraient intérêt
à partir au plus vite, tant qu’ils étaient libres.
    — Faites-le, et je ne vous condamnerai pas,
lui répondit Locksley. Votre engagement est terminé et notre mission n’a plus
de raison d’être. Roncelin a vendu sa part, il n’y a plus rien à faire. Mais en
ce qui me concerne, je sauverai Anna Maria et son frère. Quant à Guilhem, c’est
un ami que je n’abandonnerai pas.
    — Je reste aussi, annonça alors Ibn Rushd.
Tant que j’aurai un souffle de vie, je me battrai pour mon ami Hugues.
    Le silence s’installa. Nedjm Arslan médita un
moment ce qu’il avait entendu avant de dire, les yeux dans le vague :
    — J’ai toujours été seul. Pour la première
fois de ma vie, je crois que j’ai des amis. J’aimerais les garder et je ne vous
quitterai pas.
    Locksley lui prit l’épaule tandis que ses yeux
s’éclairaient d’un sourire.
    — Si nous tentions de les délivrer ce
soir ? proposa-t-il. Installons les charges de poudre et allumons-les dans
la nuit. La porte de la pièce où se trouve Anna Maria n’est pas bien épaisse et
nous pourrons fuir comme convenu.
    — Je n’aurai pas assez de poudre pour
provoquer des explosions et des incendies partout, seigneur. J’ai ramassé du
sel de pierre, cet après-midi, j’ai du soufre, mais j’ai besoin de charbon de
bois. Je n’ai pas pu en obtenir au four, car ils avaient trop de travail pour
me laisser en faire. Je dois garder uniquement des morceaux de bois bien brûlés
et cassants. Je le ferai demain matin, à la première heure.
    — Que vous faut-il encore ?
    — Je préparerai un mélange suivant des
proportions que je connais et j’y ajouterai de l’esprit-de-vin si on m’en donne
aux cuisines ; sinon l’urine fera l’affaire.
    — L’urine ? Je n’aurais jamais pensé que
la pisse ait tant de puissance ! ironisa le Saxon. Ensuite votre poudre
pourra être utilisée ?
    — Pas tout à fait. J’aurai à battre cette
pâte et à la laisser reposer une journée entière.
    — Nous sommes contraints d’attendre, soupira
Ibn Rushd. Mais ce n’est pas plus mal car ce soir, il y aura des sentinelles
partout. Souhaitons que les gens de Castillon soient partis demain. Ils n’ont
plus rien à faire ici.
    — Mais demain sera le jour du jugement,
intervint Locksley. Les exécutions peuvent suivre aussitôt après.
    — Si cela devait arriver, je ferais avaler à
Hugues des Baux un filtre qui lui fera perdre connaissance quelques heures,
décida dit Ibn Rushd. Il ne se passera rien s’il est sans conscience.
    — Prions pour que vous ayez raison, grimaça
le Saxon en comptant le nombre de flèches dans son carquois.
    Guilhem, Bartolomeo et Anna Maria étaient donc
enfermés dans leur logement. À part un fenestron muni d’une grille, il n’y
avait pas de fenêtres et Castillon avait ordonné au forgeron de clouer sur la
porte un verrou et un cadenas dont il s’était fait remettre la clef.
    — Les chiens ont été mieux traités que nous,
au moins eux ont mangé,

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