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Mathieu et l'affaire Aurore

Mathieu et l'affaire Aurore

Titel: Mathieu et l'affaire Aurore Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Charland
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malheurs d’élève trop studieux, victime d’un trio de brutes épaisses. Un moment, les mots se bousculèrent dans son esprit. Une envie soudaine de raconter ses actions à la guerre le tenaillait. Dans la boue des Flandres, il avait joué ce rôle de bourreau à son tour. Marie-Jeanne prenait à cet égard l’allure d’une jumelle.
    Il préféra se réfugier dans le silence. Gravement, Thalie hocha la tête. Lors de l’amarrage, le duo se joignit aux autres passagers, le temps de débarquer.
    — Je vais te laisser prendre le funiculaire seule, expliqua-t-il en atteignant la place Royale. Je souhaite aller chercher Flavie et la rassurer un peu avant cette nouvelle réunion familiale.
    — Ce ne sera pas la première fois, pour elle.
    — Elle se sent toujours mal à l’aise devant les bourgeois que nous devenons. Puis, Gérard sera là.. Enfin, pour conclure sur notre conversation précédente : Marie-Jeanne se fera mettre ses turpitudes sous le nez par l’avocat des Gagnon. Crois-tu qu’elle saura y faire face ?
    — Ces anecdotes ne concernent en rien cette affaire.
    Sa véhémence tira un sourire au grand frère. Elle ne changerait jamais et il ne souhaitait pas qu’elle le fasse.
    — Je suis tout à fait d’accord avec toi. Mais il en parlera tout de même !
    La jeune fille se mordit la lèvre inférieure, réprima ses critiques contre la cruauté du cirque des tribunaux.
    —Je lui ai donné deux conseils qui te feront sourciller, confessa-t-elle. D’abord, ne rien dire qui pourrait l’incriminer ellemême.
    — Cela respecte les principes du droit.
    — En conséquence, tu entendras parfois des «Je ne sais pas ».
    Le garçon opina.
    — Puis, je lui ai conseillé de recourir à l’arme préférée des filles si on voulait fouiller sa vie privée ou mettre en évidence ses turpitudes, comme tu dis. Parfois, elle se mettra à pleurer.
    Sur ces derniers mots, elle lui adressa un sourire narquois.
    — Mais toi, sœurette, tu n’as jamais recours à une stratégie de ce genre.
    Thalie pouffa de rire, avant d’admettre :
    — Certainement pas avec mon merveilleux grand frère.
    Mais avec les autres, pour reprendre l’une de tes expressions, ne parie pas là-dessus.
    Elle se dressa sur le bout des pieds pour lui faire la bise sur la joue, lança «A tout à l’heure » en tournant les talons.
    Mathieu contournerait la falaise pour se rendre rue Saint-François et remonterait vers la Haute-Ville avec sa compagne en empruntant un escalier.

    *****
    Flavie entra dans l’appartement un peu rougissante.
    Devant ces inconnus, à ses yeux tellement nantis, son côté frondeur disparaissait.
    — Venez au salon, invita Marie en s’effaçant un peu pour la laisser passer.
    Dans la pièce en façade, la jeune fille sentit tous les regards se poser sur elle.
    — Vous connaissez tout le monde, je crois.

    Les mêmes personnes se trouvaient au mariage, au mois d’août précédent, puis aux fiançailles, lors des fêtes de fin d’année. Après avoir serré toutes les mains avec gaucherie, en se déclarant «Enchantée», elle prit place sur une chaise placée un peu à l’écart, près de celle de son ami.
    Avec l’affluence, les fauteuils et les causeuses ne suffisaient plus.
    — Auras-tu congé demain ? demanda Thalie pour relancer les conversations interrompues par son arrivée.
    Du même âge que l’invitée, la demoiselle de la maison rompait péremptoirement avec le vouvoiement.
    — Oui. Mon employeur juge que le lundi de Pâques doit être férié.
    — Mon cousin Edouard me semble devenir très religieux.
    Déjà, vendredi dernier il a fermé boutique un peu avant trois heures. Je ne le connaissais pas sous ce jour.
    — Il faut aussi compter avec votre oncle, précisa la visiteuse. Logé tout près, monseigneur Buteau ne lésine pas avec les jours saints. Tous les marchands de la rue Saint-Joseph sont l’objet de lourdes pressions.
    Le grand honneur épiscopal comblait enfin le catholique de choc logeant au presbytère de la paroisse Saint-Roch. Tous devaient désormais parler de monseigneur Buteau. Le titre ne lui procurait pas un diocèse. Toutefois, il lui donnait la préséance dans le monde ecclésiastique, tout en lui assurant une oreille attentive de la part du cardinal Bégin.
    — Ah ! Ça, murmura Marie, mon grand frère Emile a toujours eu à cœur la rectitude morale des autres.
    Avec du violet à sa soutane, il va redoubler d’ardeur, sans doute.
    — C’est pareil à la

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