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Mathieu et l'affaire Aurore

Mathieu et l'affaire Aurore

Titel: Mathieu et l'affaire Aurore Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Charland
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journalistes
    présents
    aujourd’hui
    le
    tiendront
    au
    courant par leurs articles. Des agents de la paix contrôleront les cartes professionnelles de tout le monde dans cette salle.
    Les personnes ne faisant pas partie des catégories mentionnées sont priées de quitter cette enceinte, tout de suite.
    L’assistance mit un certain temps avant de saisir la nature de la décision, et plus encore à s’y soumettre. Après quelques minutes de protestations murmurées, le magistrat fit entendre le bruit sec de son maillet en disant :
    — Messieurs, faites sortir les personnes non autorisées de la salle.
    Les employés du palais de justice affrontèrent les contestations sans fléchir. Aucune femme ne pouvait se qualifier à l’un ou l’autre des titres évoqués par le juge. En pestant contre leur condition, elles se retirèrent. Les avocats et les journalistes pouvaient présenter une carte. Quelques jeunes hommes plaidèrent être étudiants en droit : ce statut ne leur donnait aucune pièce d’identité particulière. Sur leur mine, certains purent rester, d’autres quittèrent en protestant toutefois de leur bonne foi.
    L’exercice demanda plus d’une demi-heure. L’ordre enfin rétabli, le magistrat demanda:
    — Maître Fitzpatrick, qui entendrons-nous maintenant?
    — Le docteur Andronic Lafond, le médecin de la petite victime.
    L’homme d’une quarantaine d’années présentait un visage sympathique, des manières proches de celles de sa clientèle paysanne. Il ferait bonne impression sur les jurés.
    Le substitut du procureur saisit l’occasion pour lui faire confirmer les conclusions du rapport d’autopsie.
    Puis, il revint sur un événement plus ancien.
    — Vous connaissiez déjà la victime depuis un bon moment, je pense.
    — Je l’ai visitée une demi-douzaine de fois à la fin de l’été dernier, pour une blessure au pied.
    — Pour exiger un nombre pareil de consultations, la blessure devait être bien grave.
    En bon comédien, l’avocat arquait les sourcils, affichait sa compassion.
    — En réalité, expliqua le médecin, les choses seraient bien vite rentrées dans l’ordre si la mère avait suivi mes directives.
    — Elle ne prodiguait pas les soins requis par l’état de la blessée ?
    — Non. Finalement, j’ai fait hospitaliser l’enfant. Elle est revenue guérie.
    En guise de conclusion, Lafond réitéra une conviction exprimée aussi par son collègue Marois : soignée convenablement, la fillette aurait survécu aux blessures relevées à l’autopsie.
    Appelé à intervenir à son tour, Francœur se contenta de questions sans importance, tout en prêtant une attention distante aux réponses. A ses yeux, le médecin de campagne ne pouvait exprimer une opinion compétente sur la valeur de l’examen post-mortem.

    *****
    Après la pause du midi, Exilda Auger, épouse Lemay, se trouva à son tour appelée à témoigner. Guidée par les questions de Fitzpatrick, elle parla beaucoup des relations de voisinage avec les Gagnon, leurs conversations sur la difficulté qu’ils éprouvaient à élever leurs enfants, les allusions à des châtiments corporels exagérés.
    Mathieu n’entendait là rien de nouveau, sauf des détails agglutinés à la trame du récit. De leur côté, les jurés buvaient ses paroles. Les journées du 9 et du 12 février l’occupèrent longuement. Elle insista sur le refus de l’accusée de faire
    venir
    le
    médecin
    lors
    de
    la première
    de
    ses visites ; sur la fillette inanimée lors de la seconde.
    Le substitut du procureur général revint soudainement en arrière.
    — Vers le jour de l’an, n’avez-vous pas vu l’accusée ?
    — Au mois de janvier, je ne peux pas dire la date, je l’ai vue. Quand j’ai abordé le sujet de la petite fille, elle a dit :
    «Je voudrais bien qu’elle meure elle aussi sans que personne ne vînt à en avoir connaissance. »
    Le stagiaire entendait cela pour la première fois. Le détective Couture, au cours de longues conversations, avait réussi à faire émerger de nouvelles informations. Plus tôt, Exilda avait évoqué le décès d’un petit garçon âgé de deux ans et demi. Le «elle aussi» prenait dans ce contexte un sens lugubre.
    — Vous souvenez-vous d’une autre occasion où l’accusée vous a entretenue de sa fille ?
    — Un soir, elle m’a dit qu’elle couchait la plus grande en bas, tout en laissant l’autre en haut. Elle a ajouté: «On a mis un rondin près de la porte de notre

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