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Mathieu et l'affaire Aurore

Mathieu et l'affaire Aurore

Titel: Mathieu et l'affaire Aurore Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Charland
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aidaient.
    L’homme venait de torpiller la tentative de justifier les colères de la mégère par un travail excessif. Le juge prit sur lui de revenir aux affirmations précédentes.
    — Votre femme devenait méchante quand elle était enceinte ?

    — C’est ça.
    — Vous n’interveniez pas pour protéger vos enfants ?
    — ... Je ne lui ai jamais dit.
    L’irruption du magistrat dans l’échange marqua la fin de l’interrogatoire de Francœur. Fitzpatrick enchaîna ensuite.
    — Avant aujourd’hui, vous n’avez jamais évoqué les colères de votre femme.
    — ... Je n’étais pas pour la «rapporter».
    Un ricanement bref se fit entendre dans la salle. L’avocat de la défense voulut s’objecter au commentaire, sans succès.
    — Vous avez habité deux ans avec elle avant de l’épouser.
    Vous la trouviez à votre goût.
    — Comme de raison.
    — Elle vous semblait une bonne femme ?
    — ... Quand elle n’était pas enceinte, oui.
    Après avoir cohabité avec sa future, cet homme s’était engagé dans le mariage plus averti que les autres.
    — Ses enfants à elle, les aimait-elle ?
    — Pareil comme les miens.
    — Donc, elle ne les aimait pas.
    Fitzpatrick adressa un petit sourire à son collègue.
    — A mon point de vue, affirma le cultivateur, elle les aimait pareil comme les autres.
    Il pouvait vouloir dire qu’elle aimait tous les membres de la maisonnée également, ou alors comme toutes les autres femmes. L’avocat choisit de laisser les jurés décider de leur interprétation.
    — Parlait-elle sans cesse contre Aurore ? continua-t-il.
    — Pas plus contre elle que contre les autres.
    — Ne disait-elle pas qu’elle était malpropre ?
    — Ça, je l’ai vu de mes yeux.
    — Ne disait-elle pas du mal d’elle, même devant les voisins ?
    — Je ne me souviens pas de l’avoir entendue parler d’Aurore aux voisins.
    Un peu plus tôt, Télesphore Gagnon admettait être un peu sourd. Ceci expliquait peut-être cela.
    — Je n’ai plus de questions, Votre Honneur.
    La brièveté de l’interrogatoire témoignait du désintérêt du substitut pour ce témoin. Francœur revint à la charge pour lui faire dire que jamais il n’avait vécu maritalement avec l’accusé avant la cérémonie nuptiale.
    Puis, sans transition aucune, l’homme regagna sa prison dans un bruit de chaînes.
    — Tout cela a-t-il servi à quelque chose ? fit Mathieu à l’oreille de son patron.
    — Les jurés nous le diront bientôt.
    A la suspension de l’audience jusqu’au lendemain, les jurés tout comme les spectateurs quittèrent lentement leur place, songeurs. Les médecins aliénistes avaient semé le doute dans les esprits. Toutefois, le recours tardif à ce mode de défense rendait tout le monde soupçonneux.
    — Vous en êtes à votre dernière semaine de cours, remarqua Fitzpatrick en quittant sa chaise.
    — Oui, répondit Mathieu. Les professeurs en profitent pour nous donner leurs dernières recommandations avant les examens. Ceux-ci s’enchaîneront ensuite tous les jours de la semaine prochaine.
    En marchant vers la sortie, le substitut du procureur de la Couronne se taisait. Puis, dans le couloir, il précisa :
    — Le procès du bonhomme Gagnon commencera dans trois jours. Tous les témoins viendront répéter leur histoire, sauf que
    cette
    fois
    ils
    s’attarderont
    aux
    réactions
    du
    père. Nous verrons très peu de visages nouveaux. Je tenterai d’appeler les enfants à la barre quand vous serez disponible.
    La plupart des autres étudiants suspendaient leur stage pendant les examens. Mathieu ne profiterait pas de cet avantage.
    Comme
    lui-même
    souhaitait
    être
    là,
    il
    n’en
    tint
    pas rigueur à son employeur.
    — Je vous remercie.
    — Retournez à vos livres. Prenez congé demain. A midi, nous aurons sans doute démontré que cette marâtre est bien responsable de ses actes. Toutefois, mercredi, ce seront les plaidoyers. Vous pourrez apprendre quelques notions de droit.
    Mathieu salua son patron, puis s’esquiva bien vite.

    Chapitre 24

    Le lendemain, une foule nombreuse hantait les corridors du palais de justice. Riche en éléments dramatiques, le procès tirait à sa fin, chacun voulait en voir le dénouement. Les limites imposées à l’accès à la salle d’audience ne décourageaient pas tous les curieux: du couloir, ils arrivaient à entendre un peu les débats.
    A l’ouverture des travaux, maître Arthur Lachance commença par appeler le docteur Andronic

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