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Mathieu et l'affaire Aurore

Mathieu et l'affaire Aurore

Titel: Mathieu et l'affaire Aurore
Autoren: Jean-Pierre Charland
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son sac de voyage, avant de quitter sa pension.
    Finalement, un bruit à la porte d’entrée mit fin à son dilemme.
    — Cela doit être le docteur Lafond, déclara l’abbé Massé en se levant.
    Le prêtre avait formulé le même espoir à quelques reprises déjà : plusieurs de ses ouailles, secouées par les derniers événements, venaient chercher auprès de lui un réconfort spirituel. Les pauvres âmes repartaient déçues, car leur pasteur préférait jouer les hôtes parfaits auprès de ses visiteurs.
    Cette fois fut la bonne, l’ecclésiastique revint se planter dans l’embrasure de la porte du salon.
    — C’est bien lui.
    La petite assemblée se déplaça vers l’entrée pour retrouver un homme âgé de quarante-cinq ans, emmitouflé dans un manteau en fourrure, un casque assorti enfoncé bas sur le crâne. La nécessité d’«aller aux malades» en cette saison imposait ce genre de tenue.
    — Voilà le docteur Andronic Lafond, commença le curé.

    Son bureau se trouve dans la paroisse voisine, Saint-Jacques-de-Parisville.
    Le nouveau venu serra les mains à la ronde. Le docteur Marois endossa son paletot et récupéra son sac en cuir laissé dans l’entrée lors de son arrivée.
    — Allons-y tout de suite, proposa-t-il. Je vous poserai quelques questions tout en procédant. Picard, venez avec nous.
    Mathieu écarquilla les yeux, essaya de se dérober.
    — Je ne connais rien à la médecine...
    — N’ayez crainte, je ne vous confierai pas l’un de mes couteaux. Toutefois, vous savez sûrement écrire. Vous prendrez les notes que je dicterai. Pour vous faire plaisir, j’essaierai de ne pas utiliser de termes trop techniques.
    Protester n’aurait servi à rien. Il préféra récupérer son manteau et les suivre sans un mot.
    — Cher collègue, demanda le docteur Caron, vous en aurez pour au moins une heure ?
    — Comptez-en deux, ce sera plus sûr.
    — Nous regagnerons donc la sacristie vers quatre heures. Notre présence, à monsieur Couture et à moi, empêchera les curieux de construire les fables les plus folles en attendant votre témoignage. Vous serez le premier à intervenir, bien entendu.
    — Bien entendu, grommela le vieux praticien en passant la porte.

    *****
    La sacristie, se trouvait tout au plus à cent pieds, ils y arrivèrent tout de suite.
    Le coroner y avait fait allusion : dans cette région pauvre en imprévus, la mort de la petite Aurore se discutait maintenant dans toutes les demeures de la paroisse. Les hypothèses les plus saugrenues
    prenaient
    forme.
    Les
    plus
    curieux
    s’entassaient déjà sur les bancs parallèles de la sacristie. La grande pièce bruissait de conversations animées, mais chacun évitait les éclats de voix dans cette extension de la maison du bon Dieu.
    Quand l’étudiant sortit sa clé afin d’ouvrir le gros cadenas, tous ces badauds fixèrent les yeux sur lui, réduits au silence par une nouvelle émotion. Les mots bien lugubres du policier, «Il va l’ouvrir», avaient déjà fait le tour de toutes les demeures.
    — Essayez de fermer derrière nous, demanda Marois.
    Je ne voudrais pas en voir un descendre afin de regarder par-dessus mon épaule.
    La chose paraissait plus facile à dire qu’à faire. Finalement, Mathieu dénicha un petit morceau de bois de forme triangulaire. En l’enfonçant sous un coin de la porte, celle-ci résisterait aux efforts pour l’ouvrir.
    — Misère ! Comment allons-nous travailler dans ce trou ? se lamenta d’abord le médecin autopsiste.
    Dehors, le jour déclinait déjà. En conséquence, la lumière grise venue des soupiraux ne suffisait même plus à éclairer les coins de cette grande pièce.
    — Je vais allumer les lampes, dit l’étudiant.
    Il pécha au fond de sa poche un tube en cuivre contenant cinq ou six allumettes. Il enleva l’abat-jour en verre de la première lampe, ensuite le tube du même matériau pour avoir accès à la mèche et y mettre le feu, puis il replaça les pièces à leur place. De qualité, l’appareil procurait un éclairage intéressant.
    — Si nous les disposons de chaque côté du corps, expliqua Mathieu, le résultat ne sera pas si mal.
    — ... Vous avez raison, reconnut le praticien d’un ton plus amène. Après tout, la majeure partie de ma carrière s’est déroulée avant l’invention de la lumière électrique.
    — Nous nous habituons très vite à ce genre de confort, commenta Lafond. Ce fat ma plus grande privation, quand je me suis établi
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