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Mathieu et l'affaire Aurore

Mathieu et l'affaire Aurore

Titel: Mathieu et l'affaire Aurore
Autoren: Jean-Pierre Charland
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grange étable a été traitée avec une couleur rouge.
    Couture alla prendre place sur la banquette de la voiture, et s’empara des rênes.
    — Vous ne pourrez pas la rater, expliqua encore Mailhot, les voisins seront là pour veiller le corps.
    Sur cette dernière précision, le marchand général retourna vers le presbytère.

    *****
La prédiction de Mailhot s’avéra : de nombreuses carrioles se rangeaient
    déjà
    contre
    la
    maison
    des
    Gagnon.
    Couture ajouta la sienne aux autres. Il frappa à la porte de la cuisine d’été, attendit en vain une réponse, puis entra.
    Les conversations animées cessèrent, tous les regards se fixèrent sur lui. Son costume et sa prestance le distinguaient des autres. Puis, les indiscrétions téléphoniques avaient déjà mis chacun au courant de la présence, dans la paroisse, des

    « messieurs » de Québec. Quatre inconnus descendus à la gare ne devaient pas passer inaperçus.

— Il y a une femme Lemay, ici ? demanda-t-il à la ronde.
    Exilda Lemay?
    Le ton du commandement ne souffrait pas la contradiction.
    Une paysanne quitta son banc à la table-pour s’approcher de lui.
    — C’est moi.
    — Cet après-midi, vous témoignerez à l’enquête du coroner.
    — Qui êtes-vous, monsieur?
    Avec les hommes bien vêtus, autoritaires, elle savait retrouver les formes de politesse. Surtout, elle n’avait pas affaire à un personnage de ce genre pour la première fois de sa vie.
    — Lauréat Couture, de la Police provinciale.
    Elle hocha la tête. L’allure et le ton lui étaient familiers.
    — Où se trouve la petite ?
    — Dans le salon, en chapelle ardente.
    — Vous allez me montrer le chemin et me tenir compagnie.
    L’expression se révéla bien exagérée: deux cierges, l’un de chaque côté du cadavre, brûlaient à un bout de la table. Le détective demeura un moment immobile, touché par la scène. Puis, il ordonna aux personnes présentes de sortir.
    — Je veux regarder le corps.
    Dix paires d’yeux se braquèrent sur lui. Un homme de grande taille quitta sa chaise rangée le long du mur, avança sa silhouette longiligne en disant :
    — Vous ne la toucherez pas...
    Devant le visage hostile du nouveau venu, il continua déjà avec moins d’assurance :
    — Cela ne se fait pas !

    — Qui êtes-vous ?
    — ... Son père.
    — Qui est sa mère ?
    Le cultivateur se tourna pour désigner une femme toute vêtue de noir, un voile devant le visage, assise sur une chaise à côté de celle qu’il venait d’abandonner. Le couple y avait pris place afin de recevoir les condoléances de voisins, de parents, d’amis, et certainement de plusieurs curieux.
    — Vous et votre femme, vous pouvez rester dans la pièce. Les autres, dehors.
    Tous remirent leur chapelet dans leur poche, abandonnèrent les conversations murmurées pour se diriger vers la porte. Comme Exilda Lemay s’apprêtait à faire de même, le policier précisa :
    — Non, non, comme je vous l’ai dit tout à l’heure, vous me tenez compagnie.
    Cette façon de dire les choses faisait un peu étrange, dans les circonstances, mais le détective souhaitait la présence d’un témoin capable de rendre compte ultérieurement de toutes ses démarches. Au premier regard, il avait jugé l’esprit de la paysanne délié, et ses yeux mobiles capables de tout enregistrer.
    — Enlevez-lui ces pièces de tissu, continua-t-il d’un ton plus amène, et montrez-moi les traces de sévices. On m’a dit que vous les aviez déjà remarquées.
    La voisine hocha la tête, commença par retirer le voile de communiante.
    — Les yeux noircis, le front renfoncé, et ici...
    Elle montrait du doigt tout en se livrant à une énumération.
    Couture s’approcha pour voir la bosse sur la tête.
    Pour en constater toute l’ampleur, il dut tourner à demi le petit corps rigide. Pour plus de prudence, la paysanne souffla les bougies et les posa par terre.
    — J’ai remarqué aussi ses pieds et surtout ses genoux, plus tôt cette semaine.
    La pièce en lin disparut, révélant la plante des pieds noirâtre, puis Exilda souleva un peu le bas de la robe. Le policier échappa un juron en lui faisant signe de remettre le vêtement à sa place.
    — J’en ai assez vu, l’enquête du coroner aura lieu cet après-midi. N’oubliez pas notre rendez-vous.
    D’un geste vif, il prit le bord du drap posé sur la table, le rabattit sur le cadavre. De nouveau, Télesphore Gagnon se leva de sa chaise.
    — Que faites-vous là
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