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Mathieu et l'affaire Aurore

Mathieu et l'affaire Aurore

Titel: Mathieu et l'affaire Aurore Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Charland
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bout des doigts une petite jaquette souillée de taches, les unes jaunâtres, les autres tirant sur le brun.
    Le policier retourna le vêtement à l’envers. Le bas se trouvait maculé de sang.
    — Quelles sont vos autres trouvailles ?
    — Cette petite couverture grise. Mardi, elle se trouvait dans son lit. En plein hiver, c’est bien peu.
    Couture apprécia aussi l’épaisseur du tissu entre son pouce et son index. Il ne fut pas long à découvrir des traînées sanglantes.
    — Et voilà la paillasse, presque vide.
    Ces pièces à conviction évoquaient une existence bien difficile, mais il manquait toujours au policier de quoi frapper les imaginations. Il s’assit en face de Gérard, de l’autre côté de la table. Le garçon assistait à leurs recherches à moitié fasciné, à moitié terrorisé.
    — Ta petite sœur Pauline est toujours aussi sage ?
    — Non, pas toujours. De fois, elle pleure.
    — Les bébés, c’est comme ça. Tu es tout de même bien responsable, à ton âge, pour la garder comme un grand.
    Le compliment parut lui faire plaisir, il esquissa l’ombre d’un sourire.
    — Hier, à l’enquête, ton père a parlé d’un fouet utilisé pour frapper Aurore. Tu sais où il se trouve ?
    Le garçon écarquilla les yeux, de nouveau un peu désemparé.
    — Il y avait aussi un manche de hache, renchérit Exilda Lemay.
    Les yeux de l’enfant passèrent de l’un à l’autre.
    — Il nous a demandé de les récupérer. Tu peux me les confier ?
    L’affirmation le laissa plus perplexe encore. Qui était ce
    « il » ? Son beau-père ? L’un des messieurs de Québec ?
    Couture ne se sentait pas trop fier de la manipulation, mais rendre justice à la gamine allongée dans une boîte lui paraissait valoir ce petit accroc.
    Enfin, Gérard avoua d’une voix à peine audible :
    — Ils sont dans les bâtiments.
    — Tu veux venir m’aider à les trouver?
    Le regard de l’enfant repassa de l’un à l’autre.
    — Ma petite sœur ?
    — Je vais la surveiller pour toi, proposa la voisine.
    — Lequel est ton manteau ?
    Lauréat Couture s’était approché des crochets plantés dans le mur de la cuisine d’été. De nombreux vêtements y pendaient.
    — Le rouge.
    Le policier le décrocha pour lui. L’enfant mit un certain temps à enfiler ses bottes, puis le manteau. Se dirigeant vers la porte, il récupéra une casquette pendue à un clou.
    Le détective ramassa ses premières pièces à conviction pour les déposer dans le traîneau du curé. Le garçon se dirigea tout de suite vers l’étable, puis attendit que son compagnon le rejoigne.
    — Vas-y seul. Je vais t’attendre ici.
    De cette façon, il ne lui suggérerait rien. Gérard reviendrait les mains vides ou avec un instrument ayant réellement servi à infliger des corrections. L’homme tapait du pied le sol gelé, les deux mains posées sur ses oreilles. Puis, le garçon revint avec un morceau de bois long de trente pouces, tout au plus.
    — Voici le manche. Je n’ai pas trouvé la mise.
    Il parlait de la lanière en cuir tressé. Un anneau en fer, au bout du morceau de bois, permettait de l’accrocher. Juste comme cela, les membres du jury reconnaîtraient une arme redoutable.
    — Cela ne fait rien. Tu n’as pas vu le manche de hache ?
    — Il se trouve dans la forge.
    L’enfant montrait une petite construction de planches bâtie près du chemin public. Ils marchèrent ensemble jusqu’à elle. Cette fois aussi, le garçon entra seul, revint avec l’objet convoité.
    — Papa s’en servait pour fouiller dans le feu. Le bois est tout noirci.
    Couture le soupesa. Cela devait être de l’orme, un bois très dur. Il fendit l’air, comme pour frapper quelqu’un. Cet instrument pouvait faire autant de dégâts sur le crâne d’un homme que la matraque de n’importe quel policier.
    — Avant, il y avait des traces rouges au bout. Sur le bout coupé.
    — ... De la peinture ?
    En formulant la question, le détective devina être dans l’erreur.
    — Du sang.
    Pas seulement à cause du froid, l’homme réprima un frisson.
    — Rentre dans la maison, tu vas attraper du mal.
    Couture commença par déposer ces armes à côté des objets recueillis dans la maison, puis il pénétra dans la cuisine d’été- Il échangea un long regard avec Exilda Lemay, le temps que Gérard retire ses bottes.
    — Va voir si ta petite sœur dort toujours bien.
    L’enfant hésita avant d’obtempérer.
    — Vous savez si quelqu’un pourra

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