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Mathieu et l'affaire Aurore

Mathieu et l'affaire Aurore

Titel: Mathieu et l'affaire Aurore Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Charland
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la femme se retrouvèrent dans une pièce assez grande, aux murs inclinés suivant la forme du toit. Une mince couche de paille recouvrait uniformément le plancher. Le policier décrivit un arc de cercle du bout de sa chaussure, pour découvrir des planches rugueuses, souillées de traînées grises ou brunes. Il pensa à de la boue ou des excréments.
    — Marie-Anne me paraît négliger un peu l’entretien de son intérieur.
    — Le reste de la maison est bien tenu.
    — Une seule pièce de la maison garde donc une allure de porcherie : une délicate attention destinée à sa belle-fille favorite. Et comme dans une porcherie, elle étendait un peu de paille.
    — Je n’ai jamais vu cela sur le plancher.
    L’homme demeura songeur un moment, puis conclut:
    — C’est donc pour cacher quelque chose. Elle couchait dans ça ?
    Il désignait une espèce de boîte posée sur le sol, de trois pieds sur cinq.
    — Non, c’est le cadre du lit de Marie-Jeanne. Mardi dernier, elle se trouvait sur une paillasse, là, le long du mur.
    Le mot désignait un sac rempli de paille. Le policier continuait de tasser le chaume avec sa chaussure, afin de voir les madriers, dessous.
    — Ah ! Voilà quelque chose d’intéressant.
    Il s’accroupit sur ses talons pour examiner une traînée d’un rouge brunâtre.
    — C’est..., commença la voisine en se penchant vers l’avant.

    — Du sang.
    — Il y en a beaucoup.
    Elle aussi se mit à déplacer le chaume un peu de côté, avec les mains. Les traces, quatre en tout, de trois pouces de large environ, s’allongeaient sur plus d’un pied.
    — Une personne ensanglantée a été traînée sur le sol, commenta-t-elle, où elle s’est traînée elle-même.
    — Si sa couchette se trouvait là, elle a pu vouloir atteindre l’escalier.
    Il leva les yeux, examina le mur devant lui. Des goutte-lettes
    rougeâtres
    dessinaient
    trois
    demi-cercles,
    en
    pointillés.
    — Ça aussi, c’est du sang ? murmura Exilda Lemay en suivant son regard.
    — Oui. Quand un coup porté très fort atteint une victime, le sang a tendance à gicler de cette façon. J’ai déjà vu des plafonds souillés de la sorte.
    — Mais pour cela...
    — Il faut taper comme une brute, pour tuer.
    Des larmes vinrent aux yeux de la femme.
    — Je ne réalisais pas. Je vous le jure. Sinon...
    — Inutile de vous flageller de la sorte maintenant. Fouillez plutôt votre mémoire et signalez-moi toutes les personnes susceptibles de nous éclairer sur ces événements.
    Lauréat Couture allait ajouter quelque chose quand un objet attira son attention, près de la cloison.
    — Pourquoi quelqu’un garderait-il un bâton dans la chambre de ses enfants ?
    — C’est une hart.
    La nuance de sa compagne lui parut inutile. Il récupéra la branche de trois pieds de long, grosse comme le pouce d’un homme.
    — Bâton ou hart, dites-moi à quoi cela sert, dans une ferme ?
    — Parfois pour aider à marcher, comme une canne. On l’utilise aussi pour menacer les animaux. Juste en l’agitant un peu sous leurs yeux, les vaches rentrent à l’étable.
    — Ou encore, pour frapper un enfant. Continuons.
    Pendant dix minutes, ils déplacèrent la paille pour découvrir d’autres traces de sang. A la fin, ils se redressèrent, jetèrent un regard circulaire sur la chambre, puis descendirent.

    *****
De retour dans la cuisine d’été, ils trouvèrent Gérard assis à la table, inquiet, le visage entre ses deux poings fermés.
    — Dis-moi, mon garçon, cette hart servait à corriger Aurore, n’est-ce pas ?
    L’enfant resta longtemps silencieux.
    — Dis-moi la vérité, mon grand, il ne t’arrivera rien de mal. Il acquiesça d’un mouvement de la tête.
    — Qui la frappait ? Papa ?
    — Maman aussi.
    — S’en servaient-ils contre toi ?
    De nouveau, le garçon fit un signe de tête affirmatif.
    — Et ta grande sœur, Marie-Jeanne ? Ton frère ?
    — Pas souvent.
    La confidence paraissait lui peser : confesser avoir reçu une correction, dans son esprit d’enfant, signifiait admettre avoir commis des fautes.
    De son côté, Exilda Lemay cherchait dans tous les recoins de la cuisine d’été. Elle découvrit un amas de chiffons derrière le poêle, le long de la cloison. Le couple Gagnon, après l’enquête du coroner, s’était efforcé de faire disparaître des preuves. Il comptait très probablement terminer ce travail à son retour de l’église.
    — Monsieur, regardez ce que j’ai là.
    Elle tenait du

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