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Mathieu et l'affaire Aurore

Mathieu et l'affaire Aurore

Titel: Mathieu et l'affaire Aurore Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Charland
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Créateur. Comme pour chacun d’entre nous, ses fautes et ses bonnes actions seront mises dans la balance. Elles lui vaudront le paradis ou alors la damnation éternelle.
    — Quelle brute épaisse, grogna l’étudiant.
    À sa gauche, un jeune homme à la carrure de bûcheron posa des yeux sévères sur lui. Aussi, Mathieu continua son commentaire sans bouger les lèvres. «Elle a été massacrée par ses parents,
    son
    confesseur
    doute
    maintenant
    de
    son
    salut à haute voix. Pourquoi ne la présente-t-il pas comme une martyre ? »
    Balayant une fois de plus l’assistance des yeux, Mathieu ne vit nulle part la silhouette large et un peu trapue de Lauréat Couture.
    — Où ce diable d’homme peut-il se cacher ?
    Son voisin le fustigea encore du regard, agacé par ses marmonnements. Que faisait un si bon chrétien dans les hauteurs du jubé, si loin de son pasteur? Surtout, où se trouvait le détective? La veille, il avait affirmé vouloir accompagner la fillette à son dernier repos.
    Plus familier avec les habitants de la paroisse, Mathieu se serait rendu compte qu’Exilda Lemay manquait aussi à cette assemblée pieuse.

    *****
    Son melon ne convenait certainement pas dans ce climat.
    Le froid forçait Lauréat Couture à utiliser un expédient lui donnant une allure grotesque. En quittant le presbytère une demi-heure plus tôt, il avait placé son foulard sur sa tête, puis l’avait noué sous son menton. Pour-ajouter au ridicule, il portait son chapeau par-dessus.
    Le détective entra dans la cour de la ferme des Lemay, entoura les rênes autour d’une perche placée à l’horizontal avant d’aller frapper à la porte de la cuisine d’été.
    — Oh ! s’exclama Exilda Lemay en lui ouvrant la porte.
    C’est la mode, à Québec?
    — Ne vous moquez pas ! Hier, je me suis gelé les oreilles.
    Elle s’écarta un peu pour le laisser entrer. La femme portait elle-même un bonnet en laine un peu risible. Elle prit son manteau sur le dossier d’une chaise pour l’enfiler.
    — Votre coup de téléphone m’a prise tout à fait par surprise, tout à l’heure. Je comptais bien aller aux funérailles, moi aussi.
    — Je vous assure, madame, vous lui serez bien plus utile en m’accompagnant.
    — Je ne vois pas ce que je peux faire.
    — M’aider à entrer là-bas, et mieux encore, aiguiser votre mémoire. Vous aurez à tout répéter devant un tribunal.
    Elle attacha le dernier bouton de son manteau sous son menton, puis sortit avec l’homme sur les talons. La petite jument du curé trotta jusque chez les voisins, à moins de trois arpents. Le policier frappa à la porte de la cuisine d’été.
    Quelqu’un entrebâilla l’huis, posa un œil dans la fente d’un demi-pouce environ.
    — Bonjour, jeune homme, prononça le détective avec son meilleur sourire. Etes-vous le plus jeune, ou le plus âgé des garçons Gagnon ?
    L’autre élargit un peu l’ouverture avant de dire :
    — Le plus grand, Gérard.

    — Alors, Gérard, allez-vous me laisser entrer ?
    Le garçon demeura un long moment silencieux, hésitant.
    — Il fait froid dehors, insista Exilda. Laisse-nous entrer.
    En entendant une voix familière, le bambin parut un peu rassuré. Il ouvrit la porte en s’effaçant de côté. Une fois dans la maison, le détective posa son melon sur la table et entreprit de détacher son foulard.
    — Tu es seul dans la maison ?
    Continuer de vouvoyer un hôte de cet âge lui paraissait ridicule.
    — Je surveille ma petite sœur. Les autres sont à l’église.
    — Elle s’appelle Pauline, je pense. Quel âge a-t-elle?
    — ... Un an.
    — Plutôt huit mois, environ, intervint la voisine.
    Couture avait vu cette pièce encombrée de voisins et de parents, la veille. Il tourna sur lui-même afin de mémoriser la configuration des lieux.
    — Et toi, tu as quel âge ?
    — Onze ans.
    — Oh ! Tu as donc le même âge qu’Aurore, à un an près.
    Cela, bien sûr, à cause de la présence dans la maison des membres de deux familles distinctes. Le garçon hocha la tête gravement, engagé bien jeune à réfléchir à la fragilité de l’existence.
    — Où ta sœur couchait-elle ?
    — En haut.
    La voisine prit sur elle de préciser :
    — Cet escalier, là, débouche directement dans sa chambre.
    — Nous pouvons y aller ?
    L’enfant ne savait quoi répondre. Le policier n’attendit pas un refus.
    — Vous m’accompagnez, ordonna-t-il à la voisine en s’engageant dans les marches.
    L’homme et

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