Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Mathieu et l'affaire Aurore

Mathieu et l'affaire Aurore

Titel: Mathieu et l'affaire Aurore Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Charland
Vom Netzwerk:
s’occuper des enfants ?
    demanda le policier dans un souffle.
    — Les parents...
    — Ils ne reviendront pas ici avant longtemps, s’ils reviennent un jour. J’ai passé une heure au téléphone avec mes patrons, ce matin. Je dois les arrêter et les conduire à Québec.
    La femme resta songeuse, puis répondit :
    — Je téléphonerai aux grands-parents.
    — Ils sont fiables ?
    Le détective voulait dire: «Ils ne continueront pas ce massacre ? », mais le garçon pouvait l’entendre.
    — Je crois, oui. Après ce que j’ai entendu hier à l’enquête, je ne suis certaine de rien, pas même de ma propre personne. Je n’ai rien fait...
    — Elle dort toujours, mais elle sent très mauvais, déclara Gérard en revenant inopinément dans la cuisine.
    — Je vais m’en occuper, répondit Exilda Lemay.
    Elle salua le policier d’un mouvement de la tête avant de disparaître. Couture prit le temps de remettre son foulard sur son crâne, son melon sur la pièce en laine. La main sur la clenche de la porte, il se retourna pour dire :
    — Gérard, tu as fait la bonne chose, crois-moi. Ta sœur ne méritait pas tout ça, et toi non plus.
    Sur ces mots, il quitta les lieux.

    Chapitre 7

    Le service funèbre se termina enfin. Deux hommes se flanquèrent des deux côtés du curieux chariot métallique, le firent rouler vers le fond du temple. Les parents de la défunte, selon les usages, ouvrirent le cortège. Dans le jubé, les paroissiens se précipitèrent vers l’escalier afin de hâter leur sortie. La précaution ne donnerait rien, l’étroitesse du passage les forçait à descendre un par un.
    Mathieu se trouva sur le parvis de l’église parmi les derniers, à temps tout de même pour voir la majorité des personnes présentes regagner les traîneaux et les carrioles rangés près des murs de l’église. Seuls les proches se rendraient au cimetière, tout au plus une vingtaine de personnes. Il leur emboîta le pas. Le hasard le plaça aux côtés d’Oréus Mailhot.
    — Votre curé a été remarquable, murmura-t-il. Son éloge funèbre ressemblait à une condamnation.
    — Le pauvre homme ne doit plus savoir quoi penser.
    Nous le verrons prendre le train lundi matin afin d’aller consulter son évêque. Malgré son âge, il a somme toute peu d’expérience du service paroissial.
    Depuis leur sortie de l’église, deux hommes portaient le petit cercueil au bout de leurs bras. Les quelques planches de sapin ne devaient pas peser bien lourd, le petit corps à l’intérieur guère plus. Derrière le temple, Mathieu fut surpris de ne pas voir un trou percé dans la surface neigeuse.
    Les porteurs se rendirent plutôt à une petite construction sommaire, faite en planches.

    — La fosse ?
    — Le bedeau la creusera au printemps. Maintenant, le sol a la dureté du ciment.
    Comme le curé Massé arrivait enfin, après avoir pris le temps d’endosser un lourd paletot, quelqu’un ouvrit la porte de la cabane, le «charnier». La fillette y reposerait aux côtés de son oncle Anthime, décédé moins d’un mois plus tôt. Dans son état, ce parent risquait peu de lui faire un mauvais parti.
    L’étole violette du prêtre, posée sur un manteau en chat sauvage, paraissait un peu saugrenue.
    — Notre sœur Aurore est maintenant prête pour son dernier repos...
    Mathieu ignora ces mots, les yeux fixés sur la famille Gagnon. La mère, Marie-Anne, courbait la tête, ses épaules secouées par des sanglots. Télesphore, de son côté, affichait une mine morose. Sans doute ressassait-il encore son témoignage de la veille devant le coroner.
    Le stagiaire s’attardait surtout aux deux enfants. Le garçon devait avoir neuf ans. Il présentait une gravité peu en harmonie avec son âge. Ses yeux demeuraient toutefois secs. A ses côtés, Marie-Jeanne, quant à elle, pleurait silencieusement. Sous le bonnet en peau de lapin, son petit visage chiffonné le toucha droit au cœur. Les larmes, abondantes, gelaient ses joues.
    Le bon prêtre termina son discours, il enchaîna avec une prière en latin. Quand il bénit le cercueil, les deux porteurs entrèrent dans la bâtisse, puis ressortirent les mains vides.
    Le bedeau plaça un lourd cadenas sur la porte. Cela faisait un curieux substitut à la mise en terre.

    *****

    Depuis le cimetière, le petit contingent revint devant l’église pour regagner le parvis. Lauréat Couture s’y trouvait, dans son accoutrement ridicule. Il marcha tout droit vers le couple

Weitere Kostenlose Bücher