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Mathieu et l'affaire Aurore

Mathieu et l'affaire Aurore

Titel: Mathieu et l'affaire Aurore Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Charland
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travaillais pour la défense, je répondrais qu’elle peut aussi venir d’une égratignure sur un clou rouillé. Nous n’avons rien prouvé encore.
    Fitzpatrick consulta sa montre, puis tourna le dos au stagiaire.
    — Suivez-moi, dit-il. Le détective nous attend dans un petit restaurant pas très loin. Il revient de Sainte-Philomène, et sans doute devra-t-il y retourner encore demain. Notre adversaire est un redoutable avocat, nous avons besoin d’étayer notre dossier.

    — Pourtant, le rapport d’autopsie me semble éloquent...
    — Marois a constaté des traces de blessures, sans plus.
    Nous devons trouver des gens qui ont vu les parents porter les coups. Venez.

    *****
    Quelques minutes plus tard, les deux hommes étaient assis à une table d’un restaurant donnant sur la place d’Armes et, au-delà, sur le Château Frontenac. Le détective se trouvait déjà sur les lieux.
    — Alors ? questionna-t-il au moment où ils prenaient place devant lui.
    — Aucun poison, pesta le substitut du procureur général.
    L’enquête préliminaire débutera mardi de la semaine prochaine.
    Nous avons maintenant besoin de bons arguments pour convaincre le juge.
    — J’ai revisité la maison, afin de trouver des pièces à conviction plus spectaculaires.
    — Cela ne suffira pas. Il nous faut des témoins. Des gens ont certainement vu les actes de violence.
    Fitzpatrick tenait à son idée : en produisant des harts et des bâtons, il était difficile de relier les blessures observées sur le corps de la victime aux parents. Francœur saurait comment semer le doute dans l’esprit d’un jury.
    — Le propre des crimes de ce genre, maugréa Lauréat Couture, c’est de se produire les portes fermées, dans l’intimité du foyer.
    — Il y a bien Exilda Lemay... intervient Mathieu.
    Le détective posa les yeux sur lui, agacé de devoir expliquer des évidences à cet amateur.
    — Elle n’a pas vu les accusés battre la petite fille. Son témoignage se limitera à déclarer avoir vu Aurore en mauvais état.
    Elle
    ajoutera
    avoir
    entendu
    les
    parents
    parler
    de châtiments corporels, car elle était dure à élever, vicieuse même. Au moins la moitié des habitants de la province châtient leurs enfants.
    «Vrai, ce constat en devenait encore plus triste», se dit le jeune homme.
    — Mais vous avez vu le corps, plaida Mathieu. On ne parle plus des châtiments un peu sévères infligés par des parents soucieux d’amener leur progéniture au ciel à coups de pied au cul, mais de véritables tortures.
    — Picard, souvenez-vous de vos cours de droit de première année,
    intervint
    Fitzpatrick:
    nous
    devons
    convaincre
    les douze membres du jury, hors de tout doute raisonnable, pour obtenir leur condamnation.
    L’homme regretta son ton un peu abrasif, car le garçon montrait d’excellentes dispositions.
    — Exilda Lemay n’est pas le meilleur témoin à charge que l’on puisse trouver, continua-t-il, un peu plus amène.
    — Elle a pourtant du bagout, elle a vu la victime assez régulièrement, elle a entendu des paroles troublantes...
    — Elle a aussi été condamnée récemment pour avoir vendu de l’alcool de contrebande, intervint le policier.
    La révélation laissa Mathieu pantois. La préparation de son petit vin de cerise n’avait certainement pas valu les foudres de la justice à cette femme. Toutefois, il se souvenait des hommes dans la cuisine d’été, accrochés à leur tasse de thé. Arcadius devait poursuivre le commerce familial.
    — La loi de prohibition est absurde, commenta encore Couture, c’est sans lien avec notre affaire, mais Francœur utilisera cet argument pour affaiblir son témoignage.
    — ... Nous pouvons demander à Marie-Jeanne d’aller à la barre, suggéra Mathieu. Son histoire à propos du rondin en érable glacera tout le monde d’effroi.
    — Le témoignage des enfants demeure toujours imprévisible, dit Fitzpatrick. Elle a déjà menti à l’enquête du coroner.
    — A cause de la peur !
    Depuis son retour à Québec, aux heures les plus sombres de la nuit, le jeune homme pensait à la petite fille. Elle habitait avec ses fantômes, tout comme lui, et des images horribles devaient meubler son imaginaire. Il se sentait une étrange parenté avec elle. La fillette aussi devait passer des nuits entières les paupières grandes ouvertes.
    — Elle n’aura sans doute pas moins peur devant un juge de la cour criminelle, remarqua le policier. Maintenant, elle loge

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