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Mathieu et l'affaire Aurore

Mathieu et l'affaire Aurore

Titel: Mathieu et l'affaire Aurore Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Charland
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déjà sauvée une fois, tu peux recommencer.
    La fillette lui adressa un sourire entendu.
    — Je vais même lui demander de passer te voir, ou de te téléphoner. Tu comprends pourquoi.
    Elle garda le silence, mais ses yeux présentaient la sagesse d’une vieille femme.
    — Accepteras-tu de me parler de nouveau ? demanda encore le visiteur.
    — ... Oui.
    — Tu veux encore me dire des choses, mais tu n’es pas prête. C’est ça ?
    Un mouvement de la tête servit de réponse.
    — A bientôt, Marie-Jeanne. Dès que tu voudras me reparler, avertis monsieur Mailhot. Je viendrai aussitôt.
    — ... A bientôt.
    Avec le sentiment de prendre la fuite, Mathieu lui adressa un dernier sourire, puis il regagna le chemin public. Le village se trouvait à deux milles environ, guère plus qu’une promenade.

    *****
Les relations avec le couple Mailhot devenaient cordiales, au point de permettre à la conversation de déborder les exigences de l’«affaire». Toutefois, au dessert, le visiteur dut revenir à cette triste histoire. En quelques phrases, il résuma les dernières révélations de Marie-Jeanne.
    — Doux jésus ! s’écria son hôtesse. Elle la torturait avec un fer rouge. On fait cela pour marquer les animaux.
    — Pas un mot à ce sujet ne doit circuler avant le procès.
    — Bien sûr... Cela pourrait mettre la petite en danger.
    La femme imaginait les efforts des proches des accusés pour la faire taire.
    — La preuve sera présentée à l’enquête préliminaire, cette semaine, déclara Oréus. Cette discrétion sera inutile.
    Cette histoire lui permettait de prendre un cours accéléré en procédure criminelle.
    — Le juge Choquette a ajourné à jeudi. Le détective Couture témoignera sur ce nouveau développement. Mais comme il y a interdit de publication, les détails ne sortiront pas de la salle d’audience.
    — Les journaux donnent tout de même des détails, affirma la femme Mailhot.
    — Au compte-gouttes, et seulement des informations qu’ils peuvent obtenir ailleurs qu’au tribunal. Dans le cas contraire, les gratte-papier risquent la prison.
    — Donc, en conclut le juge de paix, si nous n’en parlons pas, si Marie-Jeanne ne se confie à personne d’autre, les fuites viendront du détective Couture.
    La suggestion tira un rire bref à Mathieu.
    — Celui-là me paraît bien peu susceptible de s’épancher...
    Le policier attirait les confidences, sans rien confier en retour.
    — Tout de même, continua le visiteur, je suis inquiet pour cette gamine. Pourriez-vous lui téléphoner parfois et lui demander de venir au bout du fil ?
    — Je le ferai tous les jours. Et si les grands-parents refusent de me la passer, je me rendrai sur place afin de m’assurer que tout va bien.
    Le juge de paix entendait se montrer très attentif à la sécurité des enfants toujours vivants. Son statut lui donnait le droit de pénétrer dans cette maison et, si besoin était, d’en sortir ces petits.
    — Je vous remercie. Je pense que Marie-Jeanne n’a pas tout dévoilé encore.
    Un peu plus et le jeune homme affirmait que le pire était à venir.

    Chapitre 14

    L’enquête préliminaire de Marie-Anne Gagnon, née Houde, adoptait un rythme étrange. Ajournée dès le premier jour, elle reprenait une semaine plus tard. Dès le début de la séance, le substitut du procureur de la province, Arthur Fitzpatrick se leva pour annoncer :
    — Votre Honneur, j’aimerais demander au détective Lauréat Couture de venir à la barre des témoins. Comme vous pourrez le constater, de nouvelles pièces à conviction se sont ajoutées aux autres.
    Sur la table, devant le banc surélevé du juge, le fer à friser, le câble et le tisonnier rappelaient les instruments de torture du Moyen Age. Deux lettres marquaient moins les imaginations, mais un jour, la poursuite en ferait un bon usage.
    Le policier gagna la place attribuée aux témoins. Comme il s’agissait cette fois de l’enquête préliminaire de la belle-mère, il fallait reprendre depuis le tout début. Le détective commença par évoquer ses états de service, les raisons pour lesquelles il était allé à Sainte-Philomène la première fois, l’arrestation du couple, la première visite de la maison, l’acquisition des premières pièces à conviction.
    Puis, le procureur de la Couronne put évoquer ses dernières trouvailles.
    — Quand y êtes-vous retourné ?
    — Le 8 de mars courant.

    — Est-ce que quelqu’un vous a remis certains

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