Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Mathieu et l'affaire Aurore

Mathieu et l'affaire Aurore

Titel: Mathieu et l'affaire Aurore Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Charland
Vom Netzwerk:
de la vérité.
    — Monsieur Couture, intervint mollement le juge Choquette, contentez-vous de répondre aux questions.
    — Je crois l’avoir fait de mon mieux, Votre Honneur.

    Le magistrat crut inutile de relever l’impertinence.
    L’avocat de la défense déclara ne plus avoir de question.
    — Monsieur Fitzpatrick, d’autres témoins ?
    — Nous allons entendre Marguerite Lebœuf. Cette jeune fille se trouvait ici la semaine dernière, quand il a fallu ajourner.
    — Alors, il convient de ne plus la faire attendre.

    *****
    La jeune fille de quinze ans, visiblement impressionnée, entra dans la salle d’audience à pas lents, flanquée de sa mère. Cette dernière parut vouloir l’accompagner à la barre des témoins. Toujours bien élevé, Mathieu se leva de son siège en murmurant :
    — Madame, vous serez très bien ici.
    La jeune fille prêta serment. Elle avait emprunté à des parents un costume digne du palais de justice. La robe paraissait un peu trop grande, le chapeau cloche la vieillissait.
    L’ensemble lui donnait l’air d’une enfant mimant les allures de sa maman.
    — Connaissez-vous l’accusée ici présente, mademoiselle Gagnon ? commença le substitut du procureur d’une voix rassurante.
    — Oui, monsieur.
    — Etes-vous déjà allée chez elle?
    — Oui, monsieur.
    Répondre par oui ou par non servait mal sa cause.
    L’avocat esquissa un sourire pour la rassurer, avant de poursuivre.
    — Quand ça ?
    — Dans la dernière semaine d’août, l’an dernier.

    — Auparavant,
    connaissiez-vous
    la
    petite
    Aurore
    Gagnon, celle qui est morte ?
    — Oui, monsieur, un peu.
    Elle lançait des regards appuyés à sa mère. Celle-ci hochait doucement la tête, comme pour lui dire de continuer.
    — Comment l’accusée traitait-elle la petite Aurore, quand vous étiez dans sa maison ?
    — Elle l’a battue tout le temps que j’étais là.
    — Avec quoi le faisait-elle ?
    — Je m’objecte, Votre Honneur.
    Louis Larue s’était levé tout d’un coup sur cette interjection.
    Le juge Choquette le regarda, surpris.
    — À moins que vous ne connaissiez des articles de procédure que j’ignore, commenta-t-il, je ne vois guère pourquoi.
    L’autre ne sut quoi répondre, aussi le magistrat conclut:
    — Répondez, mademoiselle.
    — La première fois, elle l’a battue avec un éclat de bois.
    — Quelle était la grosseur de cet éclat ? reprit le substitut.
    — Environ un pied de long et trois quarts de pouce d’épaisseur.
    Le représentant de la Couronne se tourna à demi pour regarder l’équipe de la défense, heureux de sa petite victoire.
    — Où la frappait-elle, comme ça ?
    — Sur les fesses, partout.
    — Est-ce qu’elle tapait fort ?
    — Oui, monsieur, très fort.
    Enfin, quelqu’un venait témoigner de mauvais traitements réellement observés.
    — L’avez-vous vue se faire battre à plusieurs occasions?

    — Oui, monsieur, quatre fois en tout.
    — Toujours avec des éclats de bois ?
    — Non. Une fois avec une hart, et ensuite avec un rondin de cèdre de quatorze pouces de long à peu près.
    L’adolescente indiqua la longueur avec ses mains.
    — Est-ce qu’elle cognait fort?
    — Oui, monsieur, elle la battait sur les genoux : elle lui a donné deux coups, je suis partie parce que j’avais peur d’elle.
    La confidence, de la part d’une jeune personne robuste, en bonne santé, de la même taille que l’accusée, porta : cette femme inspirait la crainte.
    — Y avait-il quelque chose sur le bout de ce rondin-là ?
    — Oui, monsieur : elle faisait ses ripes pour allumer son poêle. Son couteau arrêtait sur un nœud, ça faisait un rond.
    Marguerite ferma le poing, pour indiquer ce qu’elle voulait dire. Ce rondin prenait l’allure d’un casse-tête.
    — Elle lui tapait sur les genoux avec ça : elle lui en a donné deux coups, alors je me suis sauvée.
    — Est-ce que la petite fille criait ?
    — Oui, monsieur, elle braillait.
    — Est-ce qu’elle arrêtait quand la petite fille criait?
    — Non, elle disait: «Plus tu vas brailler, plus je vais t’en donner. »
    Cachée derrière son voile, l’accusée inclina la tête.
    Mathieu se tenait maintenant debout, appuyé contre le mur.
    Comme il aurait souhaité voir ses yeux, à cet instant précis !
    — Maintenant, sais-tu où elle couchait, cette petite fille ?
    — Oui, monsieur.
    — Etait-elle bien logée ?
    — Elle était couchée en haut, sur un petit lit à peu près de sa longueur. Il

Weitere Kostenlose Bücher