Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Mathieu et l'affaire Aurore

Mathieu et l'affaire Aurore

Titel: Mathieu et l'affaire Aurore Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Charland
Vom Netzwerk:
un peu au clair. Sur ce, je vous souhaite le bonsoir. Tante Elisabeth.
    Comme à son habitude, Mathieu inclina la tête vers elle.
    La femme lui adressa le même salut, et un sourire.

    *****
    Avant de quitter la pension Sainte-Geneviève, Mathieu prit le temps de passer un coup de fil. En conséquence, à la minute où il s’apprêtait à frapper à la porte de la maison de chambres de la rue Saint-François, celle-ci s’ouvrit avant que ses jointures ne touchent le bois.
    — Je te surveillais depuis la fenêtre, déclara Flavie.
    Ce genre d’accueil le touchait toujours un peu. Il se pencha pour lui faire la bise sur la joue.
    — Pourquoi as-tu voulu me voir ce soir ? Nous nous étions entendus pour samedi.
    — Ai-je dérangé tes projets ?
    Une pointe de déception marquait sa voix.
    — Ne dis pas de sottise. Je projetais de passer la soirée un magazine à la main. Toi, quelque chose te tracasse, je le devine.
    — Ne restons pas comme cela, moi sur le perron, toi dans l’embrasure de la porte.
    — Comme tu l’as suggéré, allons marcher.
    Elle le rejoignit sur le trottoir, saisit son bras, se pressa un peu contre lui. Machinalement, ils se dirigèrent vers la rue Saint-Joseph. Les vitrines éclairées les distrairaient un peu.
    — Tout à l’heure, le juge de paix de Sainte-Philomène m’a téléphoné. La petite fille souhaite me parler.
    — Marie-Jeanne ?
    — Oui.
    Au retour de son second voyage dans cette paroisse, il était encore venu la rejoindre pour tout lui raconter. Cela devenait une habitude rassurante.
    — Après trois semaines de tranquillité, je replonge dans cette histoire.
    La soirée du 1er avril se faisait agréablement douce, le ciel sans nuage. Deux ans plus tôt, jour pour jour, à quelques centaines de pieds de là, l’armée mitraillait la foule sous une lourde giboulée.
    La jeune femme chercha la Grande Ourse, puis lui glissa à l’oreille :
    — Ce soir, tu es avec moi, il fait beau, j’étrennerai un nouveau chapeau de paille dimanche à la grand-messe célébrée par ton oncle Buteau. Peux-tu passer une heure avec moi, sans penser à ces gens ?
    — Je suis venu pour cela.
    Il pressa la main placée sur le pli de son coude: elle s’abandonna un peu plus contre son flanc.

    Chapitre 15

    Mathieu emprunta le traversier pour se rendre à la gare de Lévis. Au moins, cette fois, il ne quittait pas Québec pour aller s’enterrer dans l’obscure paroisse de Sainte-Philomène.
    Le train venant du comté de Lotbinière s’arrêta dans un nuage de vapeur blanche. Des paysans descendirent sur le quai, et parmi eux, un homme un peu mieux vêtu, accompagné de trois enfants.
    Oréus Mailhot tenait les deux garçons, Georges et Gérard, par la main. Chacun portait une minuscule valise en carton, toutes leurs possessions sans doute. Marie-Jeanne venait derrière, le visage terriblement grave, elle aussi avec un petit bagage.
    — Je suis heureux de vous revoir, monsieur, exprima l’étudiant en droit en lui serrant la main.
    — Moi aussi, même si les circonstances sont un peu tristes.
    Les mines défaites des enfants exprimaient ce contexte difficile.
    — Comme ils devront témoigner, ce sera plus pratique de les avoir sous la main, expliqua le marchand.
    Les enfants étaient-ils dupes de ce mauvais prétexte?
    Les deux plus jeunes ne semblaient prêter aucune attention à ces paroles, comme si leur sens leur échappait tout à fait.
    Pour sa part, la fillette ouvrait de grands yeux bruns inquiets.
    — En plus, si les choses se terminent mal, les grands-parents mettront la ferme en vente. A son âge, Gédéon ne peut plus en assumer la responsabilité. Déjà, il a prévu faire appel à des voisins pour les semences, le mois prochain.
    — Malgré les circonstances, ceux-ci acceptent d’apporter leur aide ?
    — La terre doit être ensemencée, maugréa l’homme en haussant les épaules.
    Bien sûr, le cycle des tâches saisonnières perdurait, immuable malgré les événements. L’important était de ne pas laisser le sol si récemment défriché retourner à la forêt.
    — Nous allons prendre un taxi jusqu’à l’hospice, proposa Mathieu.
    — Une machine ? demanda le petit Georges, les yeux écarquillés.
    — Oui, une machine.
    Il traversa la gare en faisant des «Vroum! Vroum!»
    baveux avec la bouche. Ce serait sans doute son premier trajet dans une voiture, une expérience dont il se rappellerait encore les circonstances dans trente ans.
    Rendus sur le

Weitere Kostenlose Bücher