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Mathieu et l'affaire Aurore

Mathieu et l'affaire Aurore

Titel: Mathieu et l'affaire Aurore Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Charland
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de votre gentillesse pour les enfants.
    —Oh! Comme je n’ai pas été suffisamment attentif pour Aurore, la suite compense un peu... ou peut-être pas du tout. Je ne sais pas.
    Il haussa les épaules, comme résigné à vivre avec ses regrets. Ils se serrèrent la main, puis le juge de paix se dirigea vers la gare de son pas rapide.

    *****
Le jeune homme et l’adolescente se tenaient immobiles devant la
    statue
    de
    saint
    Joseph
    érigée
    dans
    le
    jardin, au milieu d’un îlot de fleurs. La portière était postée à une vingtaine de pas, soucieuse de ne pas les perdre de vue.
    — Tiens, avant que je n’oublie, lui dit Mathieu en cherchant au fond de l’une de ses poches. C’est pour toi.
    Il déposa deux petits tubes au creux de la paume de sa compagne. Elle leva vers lui des yeux interrogateurs.
    — C’est un baume pour les lèvres, précisa-t-il. Si tu en mets un peu trois fois par jour, cela devrait faire disparaître les gerçures. Tu lui montreras tout à l’heure, pour la rassurer.
    La portière soupçonnait certainement déjà un commerce illicite. Mieux valait jouer la transparence.
    — Nous nous asseyons sur ce banc ?
    Celui-là avait la qualité de se trouver un peu à l’écart des autres.
    — Nous ne nous sommes pas vus depuis un moment, remarqua-t-il après un silence. Pourtant, la dernière fois tu semblais d’accord pour me parler de nouveau.
    — Il me l’a défendu.
    — Qui ça ? Ton grand-père ?
    — Non, l’avocat. Enfin, le député, je ne sais plus.
    Joseph-Napoléon Francœur avait rencontré les enfants du couple Gagnon. Les avocats de la défense «préparaient»
    les témoins eux aussi. A cet égard, Mathieu accusait un certain retard.
    — Peux-tu me répéter exactement ses paroles ?
    — Il m’a demandé de ne rien dire au policier Couture, de répondre seulement par oui ou non à toutes ses questions.
    Selon lui, cet homme n’a pas le droit de nous interroger.
    — Le détective fait seulement son travail, tout comme l’avocat de tes parents.
    Gravement, elle hocha la tête. Ces entretiens l’avaient fortement impressionnée.
    — Tu as souvent discuté avec lui ?
    — Trois fois.
    — Où cela ?
    — À la maison deux fois. Une autre fois, je me suis rendue à Sainte-Croix avec grand-papa.
    L’homme devait garder une propriété dans sa circonscription, en plus de celle de Québec. Cette précaution lui permettait de rester plus facilement en contact avec ses électeurs.
    — Veux-tu me donner une idée de ses questions ?
    — Je peux les répéter ? Ce n’est pas... criminel ?
    — Tu es libre de me répondre, ou non. Tu peux même me mentir, si tu le veux. Mais tu devras dire la vérité devant le tribunal. Là, tu prêteras serment.

    — Il voulait surtout que je lui parle de toutes les mauvaises actions d’Aurore.
    Mathieu hocha la tête. Très vraisemblablement, les parents ne parleraient pas devant le juge. La cour ne pouvait les y contraindre, et les accusés ne le faisaient que très rarement de
    leur
    propre
    initiative.
    Marie-Jeanne
    devrait
    énumérer les frasques de la victime à leur place, pour le bénéfice des jurés.
    — Il disait quelque chose comme: «Raconte-moi tous les mauvais coups d’Aurore » ? suggéra Mathieu.
    — Oui. Mais comme je ne répondais pas, il me les alignait lui-même. Je devais ajouter des détails.
    — Tu pouvais lui en donner ?
    — J’ai répété les mots de maman, la plupart du temps.
    Le jeune homme apprécia la précision, mais en remit la clarification à plus tard.
    — Dans ce cas, pourquoi as-tu dit à monsieur Mailhot que tu souhaitais me parler ?
    — Ces mauvais coups... la plupart du temps, c’étaient des inventions de maman.
    Du coin de l’œil, le stagiaire remarqua la silhouette de la directrice sur le perron de l’établissement. Elle entendait conduire bien vite sa nouvelle protégée à confesse.
    — C’est un peu comme si cet homme voulait la punir injustement encore une fois, souffla la gamine.
    — ... Oui, je comprends.
    La petite fille entendait rendre justice à la mémoire de sa sœur.
    — Ton témoignage à la cour sera sans doute bien difficile, avertit-il, tu dois te préparer. La salle sera remplie de gens. Francœur te posera des questions, il essaiera de te mêler, de relever des contradictions.

    — De façon à ce que les gens ne me croient pas.
    Elle comprenait bien l’enjeu. La préparer serait facile.
    Mathieu préféra remettre au lendemain toute incursion

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