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Mathilde - III

Titel: Mathilde - III Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Pecunia
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étonnante.
    Le 6 janvier de la nouvelle année, la veille de l’Épiphanie,
chacune des femmes ayant participé au réveillon de la
Saint-Sylvestre au
Ritz
eut la surprise de se voir
délivrer en guise d’étrennes, par porteur spécial – et non point un
simple coursier –, une des perles du maharadjah de Badarath
reposant dans un somptueux écrin à ses armes.
    Certes, la valeur de cette perle n’égalait pas celle d’un
diamant ou d’une émeraude, mais la satisfaction que leur
procurèrent les manifestations de dépit de leurs amies qui avaient
réveillonné en un autre lieu était, elle, sans prix.

     
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    L’année 1923 ne pouvait débuter sous de meilleurs auspices.
    D’ailleurs, le lendemain même, le dimanche 7 janvier, la mission
Citroën atteignait Tombouctou après avoir traversé le Sahara et
affronté ses mille périls, portant haut les couleurs de la France
et son esprit d’entreprise. Plus magnifique encore, une semaine ne
s’était pas écoulée qu’elle se poursuivit en fanfare lorsque nos
troupes allèrent planter le drapeau français au cœur même de
l’ancienne puissance allemande : la Ruhr.
    Ce fut ce glorieux 11 janvier, un jeudi, que débuta l’occupation
de ce bassin industriel par les Français et les Belges.
    C’en était fini des tergiversations et nul n’avait été dupe que
la récente dévaluation du mark avait eu pour objectif de rendre
dérisoires les réparations de guerre dues par l’Allemagne. Le
gouvernement français avait enfin pris le taureau par les cornes.
L’Allemagne devait nous payer et le plus sûr moyen était encore de
faire exploiter par des techniciens français, belges et italiens
les richesses de la Ruhr et de nous les approprier directement.
    Et on n’y alla pas de main morte. Le général Degoutte, le
commandant militaire français, pour combattre les entraves à la
production que représentaient la résistance passive de la
population ou le sabotage des nationalistes, entreprit l’expulsion
en masse de tous les agitateurs allemands.
    Mais le plus satisfaisant était, assurément, d’avoir donné une
leçon à l’Angleterre en faisant fi de son opposition à cette
légitime opération.
    – La France n’a de leçon à recevoir de personne, et encore moins
de ces Englishs ! s’enflamma le général Raillard. De toute
façon, ça leur fait les pieds.
    Mme de La Joyette sourit avec indulgence. Le général semblait
tellement pris pas son sujet qu’il ne laissait personne lui prendre
la parole depuis le début de la soirée qu’elle avait organisée en
son honneur.
    C’était la première fois que Mathilde rencontrait ce fameux
général à l’état-major duquel feu son mari avait été attaché avant
cette malheureuse attaque où il était tombé au champ d’honneur.
C’était un homme robuste mais court de taille et aux jambes
légèrement arquées, mais il lui fit une impression de beaucoup
supérieure à celle que lui avait faite son neveu le commandant
Henry Raillard lorsqu’il lui avait rendu visite avant le
rapatriement du corps de son mari.
    Autant le neveu, également petit de taille, était sec de corps
et d’âme, autant l’oncle, quoique militaire tout pareillement,
rayonnait d’une réelle bonhomie et ne se lassait pas d’expliquer
les tenants et aboutissants de cette fameuse opération aux
préparatifs de laquelle il avait participé.
    Comme chaque année, le général Adolphe Raillard lui avait envoyé
ses vœux de nouvel an en y ajoutant un post-scriptum incongru pour
l’occasion où il disait se rappeler souvent les délicieux pâtés de
grives dégustés en compagnie de feu son mari et provenant de son
domaine, dont la succulence restait un de ses meilleurs souvenirs
de guerre.
    Mathilde savait combien son époux adorait ces petits pâtés que
réalisait à merveille la bonne Marie qui lui était tant attachée et
qu’elle ne manquait pas de lui faire parvenir pour lui apporter
quelque douceur. Elle fut fort émue qu’un homme de l’importance du
général Raillard, avec ses énormes responsabilités de commandement
et qui devaient avoir bien d’autres souvenirs du front, s’en
souvînt ainsi. Aussi l’avait-elle invitée à dîner et, pour son plus
grand bonheur, les événements avaient conféré une solennité
particulière à ce qui n’aurait dû être qu’un repas simple avec
quelques convives choisis. Et pas moins de soixante personnes se
pressaient autour du

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