Mélancolie française
étrangères y ont leur siège social employant 234 000 personnes. Bruxelles n’a pas de lien territorial avec la Wallonie mais est entourée de communes flamandes où l’on parle français : les fameuses communes à « facilités » que les militants flamands veulent réduire à néant.
Son dynamisme économique, son statut de « capitale de l’Europe », risquent de devenir un enjeu aussi vital qu’Anvers au temps de Napoléon. Avec Bruxelles et Strasbourg, deux capitales européennes sur trois seraient françaises. Et le Luxembourg fut encore revendiqué par la France jusqu’à Napoléon III ! Les Flamands l’ont bien compris qui refusent obstinément, en dépit de tous les accords par eux signés, de concrétiser une régionalisation à trois – Wallonie, Flandre, Bruxelles –, s’en tenant à une fédération à deux têtes qui préserve leur capacité de conquête de Bruxelles. « Bruxelles, une ville flamande », c’était déjà le slogan des collaborateurs des nazis. Les militants flamands veulent détruire la Belgique tout en conservant Bruxelles. La peur de perdre la capitale européenne est sans doute ce qui retient encore la plupart d’entre eux de mettre à bas l’édifice belge tant honni. Pour combattre la langue française, les Flamands, renforcés par les élites mondialisées qui se pressent à Bruxelles, se servent de l’américain des affaires comme d’un substitut au flamand.
Bruxelles est un laboratoire. D’une Europe dont la capitale est celle d’un empire sans État. Un rêve, un phantasme, un aveu. Un laboratoire de la mondialisation aussi. La désindustrialisation y est arrivée à son terme ; l’économie bruxelloise est entièrement régie par les services qui réclament des salariés formés et polyglottes. Bruxelles est l’une des pointes extrêmes de la mondialisation, un peu à la manière de Londres, avec d’énormes inégalités. Bruxelles accueille des riches du monde entier, et en particulier de France, qui se refusent à payer l’impôt sur la fortune ; ils ont rejoint des milliers de fonctionnaires européens, et des salariés de sièges sociaux d’entreprises, de bureaux de lobbying et de communication. Un quart du million d’habitants de la capitale belge vivent sous le seuil de pauvreté. Saint-Josse, à proximité des institutions européennes, est une des communes les plus pauvres du royaume ; à quelques encablures, Woluwe, où résident les eurocrates, une des plus riches. Les immigrés s’entassent depuis trente ans à Bruxelles. Près d’un tiers de la population est d’origine étrangère ; 20 % des habitants d’origine étrangère ont pris la nationalité belge ; dans vingt ans, les habitants de confession musulmane seront majoritaires ; le prénom Mohamed est déjà le plus prisé par l’état civil bruxellois ; 35 % des moins de 25 ans n’ont pas de travail ; ce chiffre atteint 40 % pour les jeunes d’origine étrangère. Près de 30 % des adolescents n’ont ni père ni mère qui travaille. Les jeunes issus de l’immigration marocaine traitent de « Flamands » tous les « Blancs » qu’ils couvrent de leur « haine ». Ce multiculturalisme fait la joie des théâtres branchés ; mais le métissage fantasmé par la bien-pensance laisse place dans la réalité à une cohabitation chargée de frictions, de violences délinquantes, de ressentiments et de souffrances. Des ghettos ethniques ouverts s’édifient peu à peu dans l’indifférence générale et la suspicion réciproque.
Les hommes politiques français, à part quelques députés provocateurs et patriotes, Vanneste, Coûteaux, ou Mélenchon, restent cois. Tétanisés ou indifférents. Pusillanimes ou ignorants. « La Wallonie non merci, nous avons déjà nos pauvres », a affirmé, toujours narquois et méprisant, le socialiste Michel Charasse.
Au nom de l’Europe, la plupart d’entre eux craignent que la chute du fédéralisme belge n’entraîne celle du fédéralisme européen dont ils ne parviennent pas à faire leur deuil. Ils estiment que Bruxelles doit devenir, en cas d’effondrement de l’État belge, un district européen qu’ils comparent avantageusement à Washington DC (District of Columbia). Toujours le mythe américain des élites françaises.
Pourtant, la Flandre a autant d’habitants que la république d’Irlande, la Wallonie est plus peuplée que la Slovénie.
Les Français oseront-ils imposer un référendum en Wallonie et à Bruxelles ?
Si les
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