Mélancolie française
belge fut choisi. Le premier vote conserva dans l’histoire le nom de « sentimental ».
Ce code génétique francophobe a forgé la question flamande ; il finira par détruire la Belgique. En 1967, alors que des manifestations flamandes chassaient les étudiants et professeurs wallons de l’université catholique de Louvain aux cris de : « Les Wallons dehors ! », le gouvernement belge déclara persona non grata… le général de Gaulle. Les autorités belges craignaient en effet qu’à l’occasion d’une visite officielle le chef d’État français ne renouvelât le « Vive le Québec libre ! » d’un tonitruant : « Vive la Wallonie libre ! » Les services secrets belges affirmaient alors que des agents de l’Élysée, profitant du « W alen buiten » de Louvain, finançaient des groupes extrémistes flamands pour favoriser la scission de la Belgique et le rattachement de la Wallonie à la France. Le général de Gaulle n’avait pas caché au professeur Robert Liénard, doyen de cette université de Louvain, « sa conviction que seule leur prise en charge par un pays comme la France peut assurer l’avenir à vos trois ou quatre millions de Wallons » (cité par Jules Gheude dans son livre Le Choix de la Wallonie , Éditions Mois, 2008).
Lors de la création du Vlaams Blok, les extrémistes flamands, en 1977, leur revue Alarm publiait ce texte de Xavier Buisseret, le directeur de propagande du mouvement : « Nous devons créer un climat de terreur, de danger, d’insécurité pour les francophones et les transfuges flamands, de sorte qu’ils perdent le goût de s’installer dans nos champs. Dans la pratique, cela signifie briser les vitres des villas avec des catapultes et des écrous, endommager et détruire des voitures et des propriétés, incendier des logements privés et des entreprises ayant une influence francisante ; détruire des locaux, des écoles, des institutions culturelles des fransquillons, détruire les équipements collectifs des lotissements occupés par les fransquillons ; utiliser des lettres de menaces, appels téléphoniques, campagnes de calomnie, intimidation, enlèvement, mauvais traitement de dirigeants fransquillons. Il va de soi qu’il s’agit d’une forme de guerre civile. »
Les Flamands ont appliqué méthodiquement une épuration linguistique de leur région. « Rats français, roulez vos tapis et partez ! »
Dans certaines municipalités, la location d’un logement social ou l’achat d’un terrain sont réservés aux Flamands ou aux Wallons qui réussissent un examen de néerlandais. À Vilvorde, la vente des maisons est réservée aux néerlandophones. Ailleurs, il est interdit de parler le français aux commerçants sous peine de dénonciation faite à un bureau de plaintes officiellement ouvert à cet effet. Dans la commune de Wezembeek-Oppem, autour de Bruxelles, le curé interdit la messe en français. Les maires francophones élus ne sont pas nommés. Interdiction à des associations culturelles francophones de recevoir des subventions. « Les francophones qui viennent vivre en Flandre sont des immigrants. Ils doivent s’adapter comme les Marocains ou les Turcs », a déclaré un chef d’un parti nationaliste flamand. Le ministre flamand des Sports, Bert Anciaux, souhaite couper le football belge en deux fédérations distinctes et fonder une Ligue flamande. Les clubs bruxellois comme le célèbre Anderlecht devront choisir entre le championnat flamand et le wallon. Les chemins de fer belges ont déjà été scindés en deux sociétés, « De Lijn » (la ligne) en Flandre et TEC (transports en commun) en Wallonie. La VRT – Vlaamse Radio en Televisie –, chaîne publique flamande, s’est séparée de la RTBF – Radio Télévision belge francophone. Les signalisations sur les poteaux indicateurs ont désormais des couleurs différentes : bandes rouges et blanches en Wallonie et à Bruxelles, noires et jaunes en Flandre. Un politique libéral, Daniel Ducarme, a condamné « une attitude nationaliste indécente qui me fait penser à ce que l’on a vécu en ex-Yougoslavie ». La Commission de Bruxelles, le Conseil de l’Europe, la Cour européenne de justice de La Haye, jusqu’au comité des Nations unies pour l’élimination de la discrimination raciale ont tancé les Flamands. En vain.
Les Wallons subissent une histoire qui s’est faite contre eux sans qu’ils s’en rendent compte. La fédéralisation croissante de la Belgique a encouragé
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