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Même les oiseaux se sont tus

Titel: Même les oiseaux se sont tus Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Arlette Cousture
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demander la couverture aux enfants et en recouvrit le corps.
    Tout le monde se retrouva dans la grande pièce du bâtiment des employés. Le père Villeneuve chercha le téléphone pour appeler le coroner. Bergeron, d’une main tremblante, lui tendit une clef et lui indiqua où, dans sa maison, il trouverait l’appareil. Villeneuve, agacé, repartit à la course sous la pluie. Élisabeth essuyait les cheveux de Jan, lui chuchotant que tout allait bien, qu’ils arriveraient à destination et qu’il l’avait échappé belle.
    – Marek, lui, n’a pas eu ta chance. Je l’ai vu, mort.
    Jan regarda sa sœur et reconnut dans ses yeux l’effrayante douleur qui l’avait habitée depuis la mort de Marek jusqu’au voyage en bateau. Du coup, il fut complètement catastrophé, espérant que cette sorte de folie ne serait que passagère. Il n’avait pas encore réussi à calmer sa peur que déjà il en avait une autre, beaucoup plus souffrante: sa sœur venait de rechuter dans le néant.
    Villeneuve faisait d’énormes efforts pour ne pas balancer de truculents blasphèmes à la tête de Bergeron. Il aurait aimé pouvoir, sans se tromper, lui dire que cet orage et cette mort étaient un châtiment céleste pour le punir de son avarice et de sa cruauté. Villeneuve avait maintenant la certitude que Bergeron était cruel avec ses employés, même ceux envers lesquels il avait une responsabilité tutélaire.
    Le soleil était revenu aussi rapidement qu’il avait disparu et le médecin légiste avait conclu à un décès accidentel. Bergeron n’avait même pas pu donner le nom légal de celui que tous appelaient «Hangaround».
    – Il arrivait comme ça, toutes les ans, pis il repartait, comme ça, avec un paquet d’argent. Je pense qu’il venait d’à côté de la frontière américaine. Mais son vrai nom, je le sais pas, parce que je paie toujours cash. J’ai jamais fait de
chèque.
    Villeneuve sentit sa colère monter d’un cran quand, quelque temps après le départ du coroner et du corps de la victime, il voulut faire manger les sinistrés et trouva le garde-manger presque vide et l’intérieur du réfrigérateur noyé dans une eau rouillée où flottaient ce qu’avaient dû être des croûtons de pain et des feuilles de céleri.
    – Je ne garde plus beaucoup de manger parce que c’est rien qu’une gang de voleurs. C’est eux que vous devriez accuser, pas moi. Moi, je me défends contre le crime, rien d’autre.
    Jan s’approcha derrière le père Villeneuve, lui tapota une épaule avant de chuchoter
    – Ça ne sert à rien de lui faire des reproches. Il a Dieu et tous les anges de son côté.
    – Quels anges?
    – Je ne sais pas.
    Jan laissa le père Villeneuve à sa colère et retourna à Élisabeth qu’il avait étendue sur son lit. Il soupira en la regardant, ayant tout à coup l’impression que l’Atlantique s’était évaporé et que le fond de la mer s’était enfoncé, ne laissant plus rien entre cet instant et leur départ de Cracovie.
    Philippe et Grégoire, ne mesurant pas l’horreur de la situation, s’occupaient merveilleusement bien des plaies des deux métis qui, comme Jan, avaient été épargnés, ne souffrant que de légères blessures. Les deux jeunes frères, fiers d’être à peu près aussi importants que leur médecin de père, lavèrent et désinfectèrent les plaies avec un savoir-faire et une minutie qui firent sourire leurs patients. Jan leur apporta des diachylons.
    – Vous voyez, plastronna Grégoire, j’en ai eu un, hier, sur le genou. Ça ne fait pas mal.
    Lui et Philippe en appliquèrent près d’une douzaine, en posant parfois deux en croix sur la même plaie. Les métis les laissèrent faire, trop heureux d’être sortis indemnes d’un accident mortel.
    Élisabeth ouvrit les yeux et regarda Jan, assis à ses côtés. En une fraction de seconde, elle revit l’accident et frissonna.
    – Jan, pourquoi est-ce que tu n’es pas couché?
    Jan fut étonné que sa voix n’ait aucune faiblesse, aucune fêlure. Il tenta une pointe de sarcasme.
    – Parce que ma sœur s’est presque évanouie et que je dois lui faire respirer les sels.
    – Jan!
    Elle bondit sur ses pieds, regarda autour d’elle, alla vers Philippe et Grégoire, regarda leur travail, lesfélicita et leur dit que leur père serait fier. Elle revint vers Jan.
    – Veux-tu-t’étendre immédiatement, Jan? Quand on a été ébranlé comme tu l’as été, il faut se reposer.
    – Es-tu sérieuse,

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