Mémoires de 7 générations d'exécuteurs
militaire établie par décret de la Convention du 20 octobre 1792. Ce fut la première fois que les condamnés furent aussi nombreux ; c’était une préparation aux monstrueuses fournées de messidor.
Le 23, Picard, dit le Lorrain, voleur du garde-meuble.
Le 29, deux frères, Godefroy de Lessart et Godefroy de Mingré, le premier ex-garde du corps, le second lieutenant de vaisseau, tous deux émigrés. Godefroy de Mingré cria : Vive le roi ! au moment où la tête de son frère, exécuté sous ses yeux, tombait sous le couteau de la guillotine.
Le 30, Louis Lyre, voleur du garde-meuble.
Ce Lyre était un des deux condamnés qui, le 23 décembre précédent, au moment où on les conduisait à l’échafaud, offrirent de faire des révélations, si on voulait leur faire grâce de la vie.
La soustraction avait une telle importance, les objets enlevés étaient d’une valeur si consi dérable, que le tribunal criminel du département vint solliciter un décret de surséance. Pétion, présidait la Convention qui seule désormais avait droit de grâce ; il ne voulut point donner la promesse qu’on lui demandait et promit seulement d’intercéder auprès de l’Assemblée, si les révélateurs déclaraient la vérité., Leurs indications amenèrent la découverte de quelques objets volés qui avaient été cachés aux Champs-Elysées ; mais ils refusèrent obstinément de faire connaître les noms de leurs principaux complices, des chefs de cette audacieuse entreprise, et l’arrêt fut exécuté.
Le 2 novembre, Meyran, dit le Grand-Cou, autre voleur du garde-meuble.
Le 16, le 18, le 19 et le 21 décembre, les nommés Willaume, Laloue, Boursier et Pouler pour émission de faux assignats.
Le 23, une pauvre servante, nommée Marguerite Besnard, coupable de quelques commérages politiques, porta sa tête sur l’échafaud.
Mais il est temps de clore cette liste d’obscures victimes ; celle qui va faire le sujet du chapitre suivant occupe une bien autre place dans l’histoire, et c’est avec une profonde et respectueuse émotion que je vais aborder le récit du martyre royal.
XIX - LA MORT DE LOUIS XVI
Je n’ai fait, qu’indiquer ces journées de septembre où les bourreaux, si ce n’était encore salir ce nom que de le donner à de pareils assassins, se comptèrent par milliers ; je n’ai fait qu’esquisser à, grands traits cette agonie de la royauté dont les crises terribles et mémorables s’appelèrent le 20 juin et le 10 août ; je dois être moins sobre de détails sur l’agonie du roi, puisque c’est à mon aïeul qu’échut la déplorable mission d’immoler cette auguste victime.
On connaît les aspirations libérales de Charles-Henry Sanson, sa sympathie dès le début pour la cause de la Révolution ; il faut bien dire maintenant que la marche des événements avait singulièrement refroidi ces sentiments. L’Assemblée législative n’avait déjà point réalisé les espérances de la Constituante, et voilà que la Convention inaugurait un système de violence, à effrayer les esprits les moins timides et les c œ urs les plus résolus.
La déchéance du roi, sa captivité à la tour du Temple avaient éveillé dans toutes les âmes honnêtes, même parmi celles les plus dévouées aux idées nouvelles, une suprême commisération et peut-être quelque hésitation sur la justice d’une cause qui en venait à de pareilles extrémités. Lafayette, si longtemps l’idole du peuple, en qui paraissaient s’être si bien personnifiés à une autre époque les sentiments de la nation, ne venait-il pas de donner tout le premier le plus éclatant exemple de cette défaillance qui saisissait tous les véritables amis de la liberté, en quittant brusquement le commandement de son armée pour chercher un refuge à l’étranger ; triste refuge qui devait être une prison d’État.
La Révolution impatiente avait adopté d’autres chefs. Ballotée encore entre deux partis prêts à s’entre-dévorer : la Gironde et la Montagne, elle n’allait pas tarder à tomber dans les mains du plus habile, c’est-à-dire de celui qui saurait le mieux flatter les passions de la multitude avide d’exercer de sanglantes représailles contre la monarchie, contre les classes privilégiées, seules coupables, à ses yeux, de la misère publique et de tous les abus reprochés à de longs siècles d’oppression. Les déclamations énergiques qui ne cessaient de retentir dans les
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