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Mémoires de 7 générations d'exécuteurs

Mémoires de 7 générations d'exécuteurs

Titel: Mémoires de 7 générations d'exécuteurs Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Henri Sanson
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au bruit de ce glapissement sinistre, il se réveilla hors de lui et s’élança vers la veuve.
    — Mon père peut m’injurier et me frapper, s’écria-t-il, mais je ne supporterai rien de vous, tendre mère.  
    — Oui, fit le vieillard, tu ne saurais lui pardonner son peu d’indulgence pour ta prostituée.  
    — Mon père, cria Jean-Louis, d’une voix terrible, mon père ne parlez pas ainsi…  
    — Tu me menaces… tu menaces ton père ! Oh ! je ne te cherchais pas, Jean-Louis, je t’avais maudit et j’avais confiance en Dieu pour me venger. Mais tu viens me braver ici, dans ma demeure ! Jean-Louis, c’est Dieu qui veut que je te punisse.
    En disant ces mots le vieux Louschart avait ramassé une des barres de fer qui se trouvaient dans l’allée et il en asséna un coup terrible au jeune homme.
    Le corridor était si étroit que l’extrémité de cette arme improvisée rencontra la muraille qu’elle érafla en en faisant jaillir des milliers d’étincelles. Jean-Louis esquiva l’atteinte ; mais il vit son père qui s’apprêtait à redoubler.
    — Fuyez ! fuyez ! lui cria Hélène.
    En effet, Jean-Louis ne songeait qu’à fuir.
    Il fit un pas dans la direction de la porte de la rue. Plus prompte que lui, dans son horrible désir d’un sanglant dénoûment, la Verdier s’était précipitée vers cette porte, et lui en barrait résolument le passage.,
    Lutter contre elle, c’était donner à son père le temps de le frapper, et il n’avait évité qu’à grand’peine le second coup que le vieillard, en proie à un véritable délire, lui avait porté.
    Profitant du moment où celui-ci relevait son levier, il passa rapidement dans la chambre du vieillard, et de cette chambre il gagna l’atelier d’où il pouvait encore s’élancer dans la rue.
    Jean-Louis entendit son père qui le poursuivait, et la voix d’Hélène, qui appelait au secours.
    La porte de l’atelier était aussi fermée.
    Il fit jouer le pêne, il tira le verrou, déjà il apercevait l’air à travers l’entrebâillement et la faible clarté du jour naissant, lorsqu’une pesante masse de fer siffla au dessus de sa tète et, s’abattant sur un des montants, de la porte le fit voler en éclats.
    C’était le vieux Louschart, qui avait abandonné son levier pour s’armer de son terrible marteau.
    Le trouble, l’égarement du vieillard avaient seuls pu sauver une troisième fois la vie du malheureux jeune homme.
    Il voulut s’élancer au dehors ; mais une main, qui avait la rigidité de la mâchoire d’une tenaille, lui saisit le bras et l’attira violemment en arrière.
    Jean-Louis comprit qu’il était perdu et qu’il ne pouvait sauver sa vie qu’en subissant la lutte qui lui inspirait tant d’horreur.
    Il arrêta la main de son père au moment, où pour la quatrième fois, celui-ci levait l’arme homicide sur sa tète, et il essaya de la lui arracher.
    Mais le maréchal-ferrant était encore d’une vigueur extraordinaire, et la fureur folle à laquelle il était en proie doublait ses forces : il résista. Pour paralyser de nouvelles attaques, Jean-Louis dut le saisir corps à corps.
    Le père et le fils luttèrent ainsi pendant une seconde : l’un pour échapper à la mort, l’autre pour renverser son adversaire et le tuer plus sûrement.
    Enfin les genoux du vieux Louschart épuisé, fléchirent, il chancela ; puis, il tomba à la renverse en entraînant son fils avec lui.
    Mais dans sa chute, ses doigts s’étaient desserrés et Jean-Louis avait pu s’emparer du marteau. Il se dégagea des bras de son père, qui l’étreignait avec rage, il se releva, et s’élança au dehors.
    En franchissant le seuil de la porte, il lança machinalement derrière lui la lourde masse qu’il avait à la main et il s’enfuit en proie à un bouleversement indicible.
    Dans la rapidité de sa course, dans le désordre de son esprit, il n’entendit pas un cri qui avait retenti dans l’atelier à l’instant où il y rejetait le marteau.
    Au même moment maître Mathurin se relevait à son tour ; le pesant bloc de fer était venu le frapper au-dessus du sourcil droit et lui avait fracassé la tête.

XI – L’AUTO-DA-FE
     
    suite et fin
     
     
    La Verdier était accourue au cri de maître Mathurin.
    Elle essaya de le ranimer, mais tous ses soins furent inutiles ; le vieux maréchal-ferrant était bien mort.
    Les voisins, réveillés par les cris d’Hélène, descendaient et arrivaient les uns après

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