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Mémoires de 7 générations d'exécuteurs

Mémoires de 7 générations d'exécuteurs

Titel: Mémoires de 7 générations d'exécuteurs Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Henri Sanson
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genoux.
    A la vue de ce marteau, il s’était souvenu qu’il s’en était débarrassé en le lançant derrière lui avec une agitation que le désordre de son esprit expliquait suffisamment. La possibilité du meurtre dont on l’accusait lui apparaissait nettement… Ce meurtre était involontaire, mais il ne se le reprochait pas moins amèrement, et en même temps il comprenait qu’il ne parviendrait jamais à convaincre ses juges de son innocence.
    Il expliqua la circonstance qui pouvait avoir fait de lui un parricide, et il ajouta :
    — Maintenant, monsieur, je ne me défendrai plus et je ne me plaindrai pas ; j’ai causé la mort de celui qui m’avait donné la vie, si rigoureux que soit le châtiment qui me sera sera infligé, je l’accepterai comme une juste expiation.
    Le procès fut déféré au Châtelet qui commença l’instruction de l’affaire.
    Un grand, revirement s’était opéré dans l’opinion publique.
    L’universelle horreur qu’avait excitée la mort de Mathurin Louschart, s’amoindrissait par la réflexion et par ce qui transpirait des événements qui l’avaient précédée.
    En même temps, les amis de Jean-Louis ne restaient pas inactifs. Ils le représentaient comme la victime de l’injuste tyrannie du vieillard ; ils faisaient ressortir la patience, la résignation qu’il avait si longtemps opposées aux absurdes provocations de celui-ci ; ils s’efforçaient en raison des convictions qui avaient servi de prétexte aux persécutions paternelles, de concilier les sympathies populaires à l’accusé, et ils y réussirent si bien que cette affaire criminelle prit bientôt les proportions d’un procès politique pour les habitants de Versailles.
    Comme il l’avait annoncé, Jean-Louis ne se défendit pas, et malgré les instances de l’avocat qu’on lui avait donné, il ne voulut pas consentir à discuter le témoignage de la Verdier. En face de ces aveux tacites, la Cour lui appliqua la pénalité du temps dans toute sa rigueur.
    L’arrêt du 31 juillet de l’année 1788, condamne Jean-Louis-Auguste Louschart, à avoir les jambes, cuisses, bras et reins rompus vifs, sur un échafaud qui sera dressé pour cet effet en la place de cette ville de Versailles où le crime a été commis. Cela fait, son corps mis d’abord sur une roue, la face tournée vers le ciel, pour y finir ses jours, et jeté en suite dans un bûcher.
    Contre tous les précédents, on avait fait grâce à l’accusé de l’amende honorable devant la porte de l’église Saint-Louis, qui eût entraîné la mutilation du poing ; ce qui prouvait déjà un acheminement, si petit qu’il soit, vers la suppression des cruautés inutiles. Enfin, à leur arrêt les juges avaient ajouté un retentum dont voici la formule :  
    «  Retentum a été que ledit Jean-Louis-Auguste Louschart ne sentirait aucun coup vif, et qu’il serait secrètement étranglé, avant qu’il lui soit donné aucun coup. »  
    Mais le public ignorait cette dernière disposition de l’humanité des magistrats, et la nouvelle de la condamnation du fils Louschart dont chacun proclamait l’innocence, n’en excita pas moins une effervescence générale dans la ville de Versailles.
    L’exécution de Jean-Louis avait été fixée au 3 août. Le 2 au matin, Charles-Henry Sanson fit partir pour Versailles, des charrettes chargées de toutes les charpentes nécessaires, et dans l’après-midi, il se rendit lui-même dans cette ville.
    L’émotion qu’avait soulevée le procès de Jean-Louis Louschart n’avait point dépassé les limites de sa ville natale. Charles-Henry Sanson ne pouvait voir en lui qu’un coupable d’une des catégories les moins intéressantes ; aussi, tout familiarisé qu’il était avec les effets d’une détestable curiosité, ne fut-t-il pas médiocrement surpris en voyant la place de Saint-Louis couverte d’une telle multitude, que les aides avaient quelque peine à maintenir libre l’espace où les charpentiers dressaient leurs échafaudages.
    Cette foule ne manifestait cependant aucune intention hostile : elle était bruyante, mais plutôt rieuse qu’irritée. Elle ne prononçait pas, du moins tout haut, le nom de l’accusé ; elle n’avait point jusqu’alors manifesté ses sentiments autrement que par les lazzis et les brocarts qu’elle faisait pleuvoir sur les ouvriers employés à l’édification de la funeste plateforme.
    Cependant elle avait la mobilité de toutes les

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