Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Mémoires de 7 générations d'exécuteurs

Mémoires de 7 générations d'exécuteurs

Titel: Mémoires de 7 générations d'exécuteurs Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Henri Sanson
Vom Netzwerk:
seule pensée de s’éloigner d’Hélène, et maintenant qu’elle était auprès de lui toute palpitante et fixant sur lui ses yeux humides de tendresse et suppliants ; maintenant qu’elle lui avait avoué que les sentiments qu’il avait pour elle étaient partagés ; maintenant qu’elle lui proposait elle-même cette fuite qui lui assurait la possession de la jeune fille, son âme, tout à coup relevée à la hauteur du sacrifice que le devoir lui commandait, trouva, dans sa seule honnêteté, la force de se refuser à ce bonheur inespéré.
    Il affirma depuis, et, selon moi, les événements prouvent qu’il ne mentait pas à la justice, qu’il n’eut en ce moment qu’une pensée : celle de faire comprendre à son amie les obligations que leur créait à tous les deux une situation si étrange, de l’exhorter à une résignation dont il lui donnerait l’exemple et surtout de la ramener sur-le-champ à sa mère.
    Hélène se montra digne de l’élévation de ces sentiments ; car vers une heure du matin ils s’acheminaient tous les deux dans la direction de la maison du maréchal-ferrant.
    La jeune fille avait profité du sommeil de sa mère pour se lever et sortir de la maison ; Jean-Louis souhaitait qu’elle pût rentrer sans être aperçue et de façon à ce que cette démarche ne devînt pas le prétexte de nouvelles violences de la part de la Verdier.
    Les ateliers de maître Mathurin se fermaient le soir au moyen de grossiers volets de bois ; il couchait lui-même dans une chambre située derrière ces ateliers. A côté était une allée qui aboutissait à une cour étroite et dans laquelle se trouvait un escalier extérieur par lequel on arrivait aux étages supérieurs.
    La porte de l’allée restait toujours ouverte. Dans son trouble, Hélène croyait cependant se souvenir qu’elle n’avait point fermé celle du logement qu’elle habitait avec sa mère ; le retour semblait donc assez facile.
    Bientôt ils aperçurent la maison. Elle leur paraissait muette et ténébreuse. Tout semblait dormir derrière ses murailles. Jean-Louis respira. Il voulait quitter Hélène et se borner à veiller de loin sur elle ; mais celle-ci retardait autant qu’elle le pouvait une séparation qui lui était si cruelle. Elle pleurait, elle était tremblante, plus morte que vive, sous la double impression de son désespoir et de sa frayeur.
    Jean-Louis la conduisit donc jusqu’à la porte de l’allée ; ils n’avaient ni l’un ni l’autre la force de murmurer le mot adieu. L’éclair de leurs regards se rencontra ; leurs mains s’étreignirent. La porte roula doucement sur ses gonds ; le jeune homme serra convulsivement les doigts qui s’étaient enlacés dans les siens, et s’enfuit, car il sentait défaillir le courage qui l’avait soutenu jusque-là
    Il voulait traverser la rue pour aller se replacer en observation sous l’auvent de la fruitière et s’assurer qu’Hélène ne courrait aucun danger.
    Mais il n’avait pas fait dix pas, qu’un cri terrible retentit dans le silence, et dans ce cri, il reconnaissait la voix de la jeune fille qui l’appelait à son secours.
    Jean-Louis éperdu se précipita dans la maison.
    L’allée tout à l’heure si sombre dans laquelle Hélène avait disparu s’éclairait d’une faible lueur, qui venait de la chambre de maître Mathurin dont la porte était grande ouverte.
    Sur le seuil de cette porte se détachait la silhouette du vieux maréchal-ferrant, les bras croisés et la tête inclinée sur la poitrine.
    Mais Jean-Louis ne vit pas son père ; il ne vit qu’Hélène renversée sur les dalles, évanouie, et la mère de la jeune fille qui, semblable à une furie, traînait la pauvre enfant par les cheveux et lui meurtrissait la tête sur les pierres.
    Il s’élança pour l’arracher des mains de cette mégère ; mais le vieux Louschart fit un pas dans l’allée et lui barra le passage, se tenant muet, immobile devant lui.
    — Mon père, s’écria Jean-Louis bouleversé par cette apparition, elle est innocente ! Par la mémoire de ma mère je vous le jure, souffrirez-vous donc qu’on l’assassine sous vos yeux ?  
    — Qui aime bien, châtie bien, Jean-Louis ! Et tu me donnes envie de te châtier à mon tour, bien qu’aujourd’hui je ne t’aime guères.  
    — Mon père ! au nom de Dieu, calmez-vous, je vous en conjure !
    — Dieu ! tu invoques le nom de Dieu et tu ne crois pas à Dieu, comme tout à l’heure tu

Weitere Kostenlose Bücher