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Métronome

Métronome

Titel: Métronome Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lorànt Deutsch
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triomphe !
    Le marquis de Launay, lui, est traîné dans les rues avant d’être décapité au couteau par un garçon cuisinier. Sa tête est fichée sur une pique et promenée en triomphe à travers le faubourg. Ce rituel macabre marque la haine et les ressentiments, et crée en quelque sorte l’irréparable. À partir de cet instant, il n’y a plus de retour possible…
    À Versailles, Louis XVI est réveillé dans la nuit par le duc de La Rochefoucauld-Liancourt, et tous deux engagent un bout de dialogue digne d’un scénario écrit par Sacha Guitry.
    — Sire la Bastille est prise, le gouverneur a été assassiné, on porte sa tête au bout d’une pique.
    — Mais, c’est une révolte ?
    — Non, Sire, c’est une révolution.
    Dès le 16 juillet suivant, la démolition de la Bastille est ordonnée. Huit cents ouvriers sont engagés – à vingt-cinq sous par jour – pour abattre ce qui apparaît toujours comme « le bastion de la tyrannie ». Les pierres serviront à construire le pont de la Concorde et quelques autres se transforment en souvenirs héroïques : un artisan malin, appelé Palloy, les taille aux formes de la forteresse et les vend dans toutes les provinces du pays.
Voulez-vous visiter le dernier cachot de la Bastille ?
    C’est unanime et chacun vous le confirmera : à l’exception des quelques pierres des fondations visibles dans le métro, il ne subsiste rien de la Bastille… Eh bien, c’est faux ! Il reste encore une cellule, l’un de ces cachots sordides qui se situaient dans les sous-sols de la forteresse, là où l’autorité royale enfermait les fortes têtes et les esprits récalcitrants.
    Un jour ; alors que j’étais près de la place de la Bastille, discutant avec un ami, un bistrotier du quartier m’a reconnu : il partageait ma passion pour Paris et m’a révélé que la cave de son établissement, La Tour de la Bastille, était en fait une vieille cellule miraculeusement épargnée par la fureur révolutionnaire. Par la suite, j’ai vérifié les dires de mon informateur, il avait raison… Tout concorde : l’emplacement et la forme des murs. J’ai pénétré avec l’émotion que l’on devine dans ce lieu chargé d’Histoire. Entre les bouteilles entassées par le restaurateur ; j’ai cru un instant entendre les cris des embastillés et le son des canons du 14 juillet…
    Aujourd’hui, le bistrot de naguère a été remplacé par un restaurant, le Tête-à-tête, mais la cave conserve ses mystères et ses secrets au 47, boulevard Henri IV.
    Un an après la prise de la Bastille, le 14 juillet 1790, pour célébrer cet anniversaire et réconcilier tous les patriotes, une fête de la Fédération est organisée au Champ-de-Mars par La Fayette, commandant de la Garde nationale de Paris. Soixante mille délégués venus de quatre-vingt-trois départements célèbrent l’unité de tous les Français et le roi Louis XVI, perché sur l’autel de la Patrie, jure fidélité à la Nation devant les Parisiens grimpés sur les talus alentour.

En 1880, quand il fallut choisir une date républicaine pour la Fête nationale, ce fut ce 14 juillet 1790 dont on voulut se souvenir, instant de paix et de conciliation, plutôt que du 14 juillet 1789, jour de guerre civile, d’affrontements et de violences.
    *
    * *
    Après la démolition de la forteresse, l’histoire de la place est faite de rendez-vous ratés et de chances manquées, tout au moins sur le plan architectural. Le 16 juin 1792, l’Assemblée législative décrète que sur le terrain de l’ancienne forteresse sera établie une place pourvue en son milieu d’une colonne surmontée d’une statue de la Liberté. Un mois plus tard est posée la première pierre, mais le projet est rapidement arrêté, en butte à des oppositions esthétiques. L’année suivante, une fontaine qui doit chanter les charmes de la nature est installée à la place de la colonne abandonnée.
    En 1810, c’est encore une fontaine que Napoléon veut faire construire, mais une fontaine gigantesque fondue avec le bronze des canons pris aux Espagnols insurgés… Étrangement, ce monument doit représenter un éléphant de vingt-quatre mètres de haut, et l’eau jaillira de sa trompe !
    Le soubassement est bâti, puis une maquette grandeur nature en plâtre fabriquée en 1813… Après la chute de l’Empire, cette figure imposante – sans doute la plus laide et la plus incongrue que Paris ait connue – reste en

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