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Meurtres dans le sanctuaire

Meurtres dans le sanctuaire

Titel: Meurtres dans le sanctuaire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: C.L. Grace
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lui.
    — Buvez, Swinbrooke ! reprit le magistrat. Qui sait, vous aurez peut-être de la chance avec la première coupe.
    Kathryn alla à la table et prit celle qui se trouvait au milieu. Elle lui parut froide et lourde, entre ses mains. L’ayant portée à ses lèvres, elle en huma le vin fort et détourna aussitôt son visage.
    — Je ne puis boire, dit-elle. Et si vous tirez...
    Newington ébaucha un sourire.
    — Si je tire, vous serez une victime de plus de la guerre. Peut-être l’Irlandais sera-t-il tenu responsable de votre mort, à moins que ce ne soit l’une de ses brutes de soldats. Quant à moi, je quitterai cet endroit maudit comme j’y ai pénétré : en cachette et à l’insu de tous. Les murs et les enceintes de Kingsmead comptent plus de trous qu’un filet de pêcheur.
    Kathryn fixa son regard sur l’arbalète. Newington, qui n’était pas soldat, ne la tenait pas comme il convenait. Pour libérer le carreau, il devrait bouger ses mains. Kathryn avança d’un pas.
    — Je ne boirai pas !
    Newington manipula l’arbalète, et Kathryn choisit cet instant pour lui jeter à la tête la lourde coupe de vin, en même temps qu’elle faisait un bond de côté pour se plaquer contre le mur. Le carreau de l’arme siffla au-dessus de sa tête, manquant sa cible. Newington partit en arrière pour éviter la coupe, tout en cherchant à sortir un nouveau trait de son carquois. Ce faisant, ses lourdes bottes de cavalier martelèrent les planches vermoulues. Kathryn s’apprêtait à lui lancer une autre coupe quand le plancher soudain céda avec un craquement sinistre accompagné d’un nuage de poussière. Newington tenta désespérément de se maintenir en équilibre, mais comme il cherchait un appui, le sol finit de s’effondrer dans un fracas grinçant, et l’homme disparut par le trou béant qui venait de s’ouvrir, pour s’écraser avec un bruit sourd sur les dalles de granit du rez-de-chaussée.
    Kathryn se rua aussitôt sur la porte et descendit les escaliers en courant. Dans la salle, en bas, Newington gisait, une jambe bizarrement tordue. Tout d’abord, Kathryn le crut mort, mais il émit un geignement. Alors, s’agenouillant auprès de lui, elle chercha le pouls à son cou : il battait fort. Elle se redressa pour regarder autour d’elle et ne put réprimer un haut-le-coeur : le corps sans tête du chien que Newington avait éventré gisait dans un coin de la salle, là où il l’avait jeté... Elle se mit à trembler, ses jambes secouées de tressaillements si violents qu’elle dut de nouveau s’accroupir, cherchant son souffle.
    — Du calme, murmura-t-elle, bon Dieu, calme-toi, Kathryn !
    Elle se pencha sur le magistrat inconscient et le retourna, cherchant son arbalète. Celle-ci n’était nulle part. Alors Kathryn tira de son fourreau la longue dague à la ceinture de Newington et la serra entre ses mains.
    — Maîtresse, que se passe-t-il ?
    Kathryn se retourna. Le gamin qu’elle avait trouvé sommeillant au portail en arrivant se tenait sur le seuil de la pièce, les yeux écarquillés.
    — Entre, l’invita Kathryn.
    Le garçonnet obéit. Il vit le cadavre décapité du chien, et il s’écarta pour vomir. Puis, se rapprochant, il jeta un regard craintif à Newington inanimé.
    — Qui est-ce ? demanda-t-il.
    — Un mauvais, un méchant, mais un pauvre homme aussi.
    — Il est mort ?
    — Non, mais à sa place, je souhaiterais l’être.
    — Je ne l’ai pas vu arriver.
    Le gamin croisa ses bras tout maigres sur sa poitrine.
    — Non, reprit-il, je ne l’ai pas vu. Il a dû s’introduire par l’arrière du domaine, mais je n’ai pas non plus entendu le chien aboyer.
    Kathryn eut un sourire contraint.
    — Approche-toi.
    Les grands yeux dans le petit visage émacié soutinrent craintivement son regard.
    — Pourquoi ? demanda l’enfant.
    — Parce que j’ai peur, moi aussi, avoua
    Kathryn, et je voudrais te tenir pour me rassurer.
    Le garçon contourna le corps de Newington, et Kathryn le saisit par le bras pour presser contre elle son jeune corps osseux. L’enfant regardait la dague.
    — C’est à lui ?
    — Oui.
    — Vous me la donnez ?
    Kathryn sourit tandis que son coeur se serrait à sentir cet enfant si maigre.
    — Ce qu’il te faut, mon garçon, répliqua-t-elle, c’est un bon repas. Parle-moi de toi.
    À cet instant, Newington bougea en gémissant. Kathryn recula avec le garçon. Elle aurait voulu se sauver, mais elle

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