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Moi, Claude

Moi, Claude

Titel: Moi, Claude Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Graves
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fréquemment aux mains. Agrippa, profondément vexé de l’insolence du « roquet », comme il disait, ne laissait pas d’en ressentir quelque crainte. Il était prêt à tous les sacrifices, pour qu’on ne l’accusât pas, comme on commençait à le faire, de se chamailler avec Marcellus à qui porterait le cachet d’Auguste après sa mort. Finalement il résolut de quitter Rome. Puisque Marcellus avait commencé, que tout le fardeau retombât sur lui.
    Il alla donc trouver Auguste et lui demanda de le nommer gouverneur de la Syrie. Comme Auguste s’en étonnait, il lui dit qu’il espérait, grâce à ce poste, conclure un marché intéressant avec le roi des Parthes : il lui ferait rendre les aigles régimentaires et les prisonniers romains capturés trente ans plus tôt, en échange de son fils qu’Auguste retenait captif à Rome. De sa querelle avec Marcellus, pas un mot. Auguste, tiraillé entre l’amitié et l’indulgence paternelle, n’en parla pas non plus : il craignait, en reconnaissant la générosité d’Agrippa, de confesser sa propre faiblesse. Il s’intéressa vivement au retour des aigles et des prisonniers – si toutefois quelques-uns de ces derniers vivaient encore – et demanda à Agrippa quand il comptait partir. Agrippa, interprétant à faux son attitude, pensa qu’Auguste voulait se débarrasser de lui. Il le remercia, l’assura froidement de sa fidélité, et dit qu’il était prêt à s’embarquer dès le lendemain.
    Il n’alla pas jusqu’en Syrie. De Lesbos, où il s’arrêta, il envoya ses lieutenants gouverner la province à sa place. S’il y était allé lui-même, les partisans de Marcellus n’auraient pas manqué de dire qu’il se rendait en Orient pour recruter une armée et marcher sur Rome, tandis que ce séjour à Lesbos, il le savait, aurait l’air d’une disgrâce encourue du fait de Marcellus. Ne doutant pas d’ailleurs que celui-ci ne cherchât à s’emparer du trône, Agrippa se flattait qu’Auguste aurait besoin de lui avant longtemps et ne voulait pas s’éloigner de Rome. Il n’en engagea pas moins des négociations indirectes avec le roi des Parthes, mais il ne comptait pas les voir aboutir de sitôt. Il faut du temps et de la patience pour conclure une affaire dans de bonnes conditions avec un monarque oriental.
    Marcellus fut nommé magistrat romain. C’était sa première charge officielle, et il donna à cette occasion des jeux magnifiques. La place du Marché tout entière était comme une tente gigantesque, couverte de tissus multicolores. On y employa une quantité fabuleuse d’étoffes rouges, vertes, jaunes, qui après les jeux furent distribuées aux citoyens pour en faire des vêtements ou des draps de lit. Un nombre énorme de bêtes sauvages avait été importé d’Afrique : il y eut aussi un combat entre cinquante prisonniers germains et autant de guerriers noirs du Maroc. Auguste lui-même contribua généreusement à la dépense, ainsi qu’Octavie, la mère de Marcellus. Quand celle-ci parut dans le défilé, on l’acclama si fort que Livie retint à grand-peine des larmes de rage et de jalousie.
    Deux jours plus tard Marcellus tomba malade. Les symptômes étant les mêmes que pour Auguste, on fit de nouveau appeler Musa. Celui-ci, devenu riche et célèbre, demandait maintenant mille pièces d’or pour une seule visite – encore en faisait-il une grande faveur. Si le client n’était pas trop malade, le nom seul de Musa suffisait à provoquer immédiatement la guérison : on en attribuait le mérite aux fameuses potions et lotions froides dont il gardait jalousement le secret. Auguste avait une telle confiance en lui qu’il prit assez légèrement la maladie de Marcellus et que les jeux continuèrent. Mais en dépit des soins de Livie et des potions les plus froides que put prescrire Musa, Marcellus mourut.
    La douleur d’Octavie et d’Auguste fut immense : on pleura la mort de Marcellus comme un malheur public. Cependant bon nombre de gens pondérés le voyaient disparaître sans regret. Sa rivalité avec Agrippa n’eût pas manqué, à la mort d’Auguste, de provoquer une nouvelle guerre civile, tandis que maintenant Agrippa restait seul candidat à la succession. Mais c’était compter sans Livie. Elle était résolue, quand Auguste mourrait – Claude, Claude, tu ne devais pas parler des intentions de Livie mais seulement de ses actes ! – elle était résolue, dis-je, à continuer de

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