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Mon Enfant De Berlin

Mon Enfant De Berlin

Titel: Mon Enfant De Berlin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Anne Wiazemsky
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Berlin, les survivants allemands se terrent en présence des vainqueurs. Claire, Mistou et Wia qui étaient déjà venus en mission dans ces faubourgs, sont impressionnés en constatant à quel point, apparemment, rien n’a changé. Le silence qui les accueille est toujours le silence d’une ville morte.
    Mais il est inutile de pénétrer plus avant car ils arrivent près de l’hôpital de fortune des Soviétiques. Ce sont de vieux baraquements accolés au camp de prisonniers, entourés d’un cordon sanitaire et gardés par un grand nombre de sentinelles armées.
    — Allons-y, dit Wia. On va voir ce qu’on va voir.
     
    En fin d’après-midi, après des heures de délibérations avec les autorités soviétiques, les chances de retrouver des Français semblent exclues. Claire, Mistou et leurs camarades attendent à l’abri dans les ambulances tant il pleut dehors. Elles ont froid, elles ont faim, elles contemplent avec inquiétude la boue et l’eau envahir les chemins.
    Soudain, Wia apparaît radieux, accompagné d’un gradé soviétique.
    — Tout est arrangé, sortez les brancards, les filles.
     
    Peu après, l’ambulance que conduit maintenant Mistou repart en sens inverse. C’est à nouveau la nuit, les phares des voitures peinent à éclairer les routes inondées. Serrés contre elle à l’avant, Claire et Wia s’efforcent de distinguer les fossés et les trous. À l’arrière, trois des quatre lits superposés sont occupés par d’anciens ouvriers du S.T.O. Ils ont déjà eu le typhus, ils sont encore affaiblis mais ils ne sont plus contagieux. « Vivants ! » répète Claire régulièrement. « Vivants ! » répond à chaque fois Mistou. Elles ont pour un temps oublié la faim, le froid, la fatigue.
    Pendant les rares moments où la conduite est plus aisée, Wia raconte comment il a pu les sauver.
    — L’officier qui a tout rendu possible par son intervention, Alexis Gazdanov, était prisonnier avec moi. Il y avait encore une trentaine d’autres soldats soviétiques et nous nous entendions très bien. Rouges, blancs, prolétaires ou aristocrates, quelle importance, nous parlions la même langue ! Ils m’avaient tellement adopté qu’ils m’appelaient tous « camarade prince » ! Quand nous avons été délivrés par l’Armée rouge, j’ai combattu à leurs côtés, puis ils ont expliqué mon cas aux autorités. Au moment où elles m’ont rendu aux Américains, ils m’ont proposé de repartir avec eux en U.R.S.S... Oh, Claire ?
    Claire qui s’était assoupie n’a pas écouté ce que racontait Wia. À tout hasard, elle tente une réponse :
    — Oui, et alors ?
    — Alors, j’ai été tenté, très tenté. À leur contact, au camp, j’avais compris à quel point c’était vain d’espérer revenir et reconstruire la Russie de jadis. J’ai demandé à partir en U.R.S.S. avec mes parents mais les Soviets ont refusé. Si je m’étais, par ma conduite, racheté à leurs yeux, mes parents demeuraient pour toujours des traîtres... Voilà pourquoi je suis resté.
    Il sent la tête de Claire s’alourdir sur son épaule, les boucles brunes qui effleurent sa joue et comprend qu’elle s’est endormie.
     
    Le lendemain matin, un petit déjeuner tardif réunit dans la cuisine du premier étage Claire, Mistou, Plumette et deux ambulancières belges. Elles discutent l’ordre du jour, évoquent les trois ouvriers français admis pour un bref séjour dans un hôpital de Berlin. La porte de l’appartement s’ouvre doucement, une jeune fille au type slave très prononcé apparaît dans l’encadrement de la porte.
    Elle s’appelle Olga, elle est d’origine russe et a obtenu la nationalité française avant la guerre. Comme Wia, elle parle très bien plusieurs langues. Léon de Rosen l’a appelée en renfort pour travailler en tant que traductrice lors des nombreuses réunions avec les représentants des pays alliés. Son sérieux, son dévouement à la cause des Personnes déplacées l’ont rendue indispensable. Arrivée mi-janvier, elle s’est vite liée avec les filles des Croix-Rouge française et belge qui l’invitent souvent à partager leurs repas. Claire sait qu’elle occupe le même bureau que Wia mais n’a pas eu encore l’opportunité de faire connaissance avec elle.
    — C’est pour vous, dit Olga. Un billet de Wia.
    Elle tend à Claire un morceau de papier plié en quatre, accepte la tasse de thé que lui propose Plumette et s’assoit à leur table.

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