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Mon frère le vent

Mon frère le vent

Titel: Mon frère le vent Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sue Harrison
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bateau ; il lui faudrait alors moins d'une lune pour gagner la plage des Commerçants. Mais c'est d'abord là que le Corbeau la chercherait. Et que devien-draient Samig, Shuku et Takha s'il la trouvait parmi les
    siens ?
    — Nous devons abandonner le bateau, dit-elle à Shuku avant de s'accroupir pour se chauffer le dos. C'est le seul moyen d'être en sécurité. Quand nous arriverons dans notre peuple, la saison de commerce sera achevée et nous aurons un long hiver avec ton père pour décider que faire à propos du Corbeau.
    » Si nous avons de la chance, le Corbeau trouvera notre ik et nous croiera noyés.
    Elle se releva et tisonna le feu, mais un vent soudain monta de la baie et les flammes rentrèrent en elles-mêmes, s'aplatissant contre les braises. Kiin glissa son suk sur Shuku et protégea le feu de son corps. Une fois le vent calmé, elle retourna pour tirer l'ik jusqu'au camp. Coincé près du feu, il les garderait au sec et au chaud et protégerait les flammes du vent.
    Quand elle revint, le feu avait calciné quelques bouts de bois et elle étouffa les flammes avec du sable jusqu'à ne laisser que de rares étincelles. Autant garder le bois pour la nuit. Kiin devait maintenant trouver des pierres et préparer les pièges pendant que la mer se retirait. Elle ôta Shuku de son suk. Il dormait. Elle le posa dans la coque de l'ik et l'enveloppa d'une fourrure de phoque qu'elle attacha avec du varech, bras sur le côté, comme s'il était dans un berceau.
    Sur la plage, elle ramassa autant de pierres que possible puis les enfonça profondément dans le sable autour de rochers. Tout en s'affairant, Kiin pria les esprits pour leur demander que la force des vagues et de la marée n'emporte pas les pierres avant la prochaine tempête. Elle fabriqua trois pièges qui garderaient le poisson assez longtemps pour qu'elle le harponne à marée basse. Puis elle revint voir Shuku. Il dormait toujours. Elle s'assit près de lui, prit son panier d'oursins et en ouvrit un.
    Les œufs d'oursin étaient délicieux, emplissant sa bouche d'un riche goût de poisson. Elle ferma les yeux en suçant son pouce. Oui, se dit-elle, j'ai fait ce qui était bien pour Shuku et moi. Ce ne sera pas facile, mais je rentrerai chez nous.
    Cette fois, elle se promit de ne pas craindre de dire à Samig ce qu'elle voulait — être son épouse, seconde épouse après Trois Poissons, mais épouse tout de même. Quoi de plus réjouissant que de passer les journées à préparer la nourriture pour Samig, les soirées à coudre ses parkas et ses chigadax ? Quoi de plus épanouissant que les nuits dans ses bras ? Quoi de plus merveilleux que de porter ses fils dans son cœur ?
    Kiin s'éveilla aux cris des mouettes sur la plage, aux bavardages des sarcelles sur la rivière. Elle jeta un coup d'œil au ciel et vit que le soleil était déjà haut au-dessus de l'horizon. Elle avait dormi plus longtemps que prévu et se mordit les lèvres. L'eau était déjà à hauteur de cheville et des poissons s'étaient sûrement échappés.
    — Moins de nourriture pour le voyage, dit-elle en soupirant avec le vent.
    Elle se leva, dénoua l'ik qu'elle posa prestement à plat. Elle arracha Shuku à la chaleur de son suk et entendit un petit bruit lorsqu'il abandonna son sein. Elle le posa dans le canoë, sourde à ses pleurs. Les bords étaient suffisamment hauts pour l'empêcher de ramper au-dehors. Elle le changerait plus tard. Il était plus important de s'occuper des poissons. Elle prit sa canne et un grand filet et courut aux mares. Une morue battait de la queue dans l'eau peu profonde derrière le muret le plus proche. Elle la harponna, la glissa dans son filet et se rendit au piège suivant. Quatre menhadens. Et une morue dans le troisième piège. Le poisson était trop long pour rentrer dans son filet, elle le laissa donc embroché et alla retrouver Shuku. Il ne pleurait plus et suçait son pouce tout en regardant sa mère. Il se remit à pleurer dès qu'elle s'approcha.
    Kiin s'accroupit près de lui et lui pinça le nez et le bâillonna. Il cessa de pleurer et elle ôta sa main.
    — Shuku, cesse de pleurer. Sinon, on t'entendra.
    Peut-être des loups. Ou un esprit. Sois sage, Shuku, reste tranquille.
    Shuku écouta. Mais quand Kiin se tut, il fit la grimace et repartit de plus belle. Une fois encore, Kiin mit sa main sur la bouche du petit qui s'arrêta immédiatement. Elle ôta sa main et le prit.
    — C'est bien, Shuku, tu es courageux,

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