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Mon frère le vent

Mon frère le vent

Titel: Mon frère le vent Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sue Harrison
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comprendre les difficultés qu'elle rencontrerait lors de son retour chez les Premiers Hommes.
    La terre, disait son peuple, était mère, le ciel père, mais ils étaient l'un et l'autre tellement immenses ; Shuku et elle si petits.
    Elle songea aux nombreuses soirées de l'hiver passé où le Corbeau avait évoqué avec Renard Blanc et Oiseau Chante leur voyage au village du Peuple des Rivières.
    Parfois, le Corbeau brûlait une baguette de saule jusqu'au charbon pour dessiner le terrain — plages, baies et rivières — depuis le village Morses jusqu'au village Rivières. Il y incluait toujours la baie du camp aux saumons — lieu propice où faire halte, à l'aller comme au retour. Chaque fois qu'il avait fait cela, Kiin avait trouvé quelque raison de quitter son coin pour offrir eau ou nourriture afin d'observer ce que le Corbeau dessinait.
    Shuku sur un bras, elle marcha vers la plage, s'arrêta à la limite du sable, arracha un brin d'herbe et, accroupie, en utilisa la partie dure pour dessiner le point de terre qui s'étendait du village du Peuple des Rivières à la mer du Nord. Elle dessina la terre qui séparait la petite baie des Chasseurs de Morses du village du Peuple des Rivières puis la baie où elle se trouvait en ce moment.
    De cette plage, elle tournerait vers le sud. Les montagnes descendaient dans la baie mais elle pouvait suivre les vallées et couper derrière le village Morse. Puis elle longerait les rives sud et ouest jusqu'à la plage des Commerçants. Elle espérait que la journée en ik vers le nord, tournant le dos à la plage des Commerçants, ferait croire au Corbeau et aux Chasseurs de Morses qu'elle se rendait bien au village Rivières.
    Kiin se releva en soupirant. Le dessin aidait. Pour quelque raison, le ciel et la terre semblaient plus petits et son expédition moins redoutable. Elle rassembla quelques morceaux de bois flotté éparpillés au-dessus de la ligne de marée et les porta au campement où elle les empila dans un cercle de pierres noircies, vestige d'un foyer de cuisson. Elle s'empara de l'huile et du panier à provisions qu'elle ramena au camp. Fouillant dans son panier, elle prit une poignée d'épilobe qu'elle utilisait pour Shuku. Elle en frotta les côtés du conteneur d'huile puis prit ses pierres à feu dans sa bourse. Elle coinça l'épilobe entre les deux bouts de bois les plus secs et frotta les pierres l'une contre l'autre jusqu'à ce qu'une étincelle jaillisse. Kiin souffla doucement sur le feu qu'elle alimenta en bois et soupira de soulagement en le voyant prendre.
    La chaleur des flammes tendait la peau de son visage et elle souleva son suk pour en faire profiter son fils.
    Elle était fatiguée et avait envie de se reposer, mais elle devait d'abord songer à la nourriture.
    Elle ne voulait pas perdre une journée à pêcher, aussi décida-t-elle de dresser des pièges à menhadens et à morues à l'aide de pierres de rivière empilées en demi-cercle pour retenir l'eau et les poissons quand la marée se retirerait. À la prochaine marée basse, elle harponnerait le poisson avec sa pointe de lance, trancherait deux bandes plates de chaque poisson qu'elle nouerait à l'extérieur de son panier pour qu'il sèche pendant qu'elle marchait.
    Shuku gigota et tendit la main vers le feu.
    — Non, Shuku, dit Kiin en lui saisissant les doigts. C'est chaud. Ça brûle.
    Elle se leva et, tournant le dos au feu, lui montra l'eau.
    — Tu vois, Shuku. La marée haute va venir, ce soir, mais pour l'instant nous devons fabriquer des pièges. Demain matin, nous ramasserons et laverons les poissons, puis nous entamerons notre route. Ce sera une longue marche mais nous sommes forts, Shuku.
    L'enfant babilla des mots de bébé que seuls les esprits comprenaient. Kiin sourit. Elle se laissa presque aller à songer à Takha, à se demander quel était le son de sa voix. Mais quelque chose de sombre dans l'eau ramena soudain ses pensées à la baie du camp aux saumons. Un ikyak ? Quelqu'un — peut-être Chasseur de Glace — parti à sa recherche ? Elle retint son souffle avant de s'apercevoir que ce n'était qu'un veau marin.
    Elle scruta la baie, étudiant chaque interruption dans le frissonnement des vagues. Si quelqu'un la suivait, se dit-elle, il l'aurait déjà rattrapée. Un ikyak de chasseur est beaucoup plus rapide qu'un ik de pêche de femme, et au village, presque tous les hommes pagayaient plus fort qu'elle. Malgré tout, ce voyage serait bien plus facile en

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