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Mon frère le vent

Mon frère le vent

Titel: Mon frère le vent Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sue Harrison
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d'embellir la réalité.
    — Oui, il est trop petit.
    — Si une autre tribu venait à nous, dit Petit Couteau, comme lorsque les Petits Hommes sont arrivés chez les Chasseurs de Baleines avant ma naissance, si cela arrivait...
    — Nous nous battrions pour nos femmes et nos enfants, répondit Samig avec calme.
    — Mais nous mourrions.
    — C'est possible, mais souviens-toi que le combat le plus dur se livre avec les mots, pas les armes.
    — Les mots ne tuent pas.
    — Parfois, ils détruisent l'esprit.
    — Mon grand-père Chasseur de Baleines prétendait qu'on ne peut tuer un esprit.
    — Si un homme ne s'intéresse à rien, ni à lui, ni aux autres, ni à la terre, ni aux animaux, dit Samig, ne vois-tu pas alors que son esprit est mort ?
    — Oui. Tu apprends donc à te battre avec des mots ? demanda l'enfant.
    — Oui, mais je suis aussi capable de me battre au couteau.
    — Même avec ta main ?
    — Oui.
    — Ce ne sera pas suffisant de se battre avec des mots ?
    — Certains hommes ne sont pas assez forts pour cela, expliqua Samig. Dans leur faiblesse, ils utilisent des armes. Il faut donc que je puisse en faire autant.
    Petit Couteau hocha la tête et demanda :
    — Comment apprendras-tu ?
    Il fit glisser son couteau de manche du fourreau et le tint en l'air.
    — Avec le couteau, veux-je dire.
    — J'y ai réfléchi, dit Samig en regardant longuement dans les yeux de Petit Couteau. Accepterais-tu de m'aider ?
    Le garçon remit la lame à sa place et plaça ses mains au-dessus de la flamme de sa lampe.
    — Oui.
    Ils restèrent assis sans parler. Quand le froid de l'air commença à raidir le corps de Samig, il prit deux robes de fourrure dans son ikyak, s'enveloppa dans l'une et lança l'autre à Petit Couteau.
    — Va dormir. Demain sera une rude journée.
    47
    C hasseurs de B aleines
    île de Yunaska, îles Aléoutiennes
    Waxtal ouvrit les yeux. Les voix, tel un bourdonnement sinistre qui allait et venait dans ses rêves, avaient changé. Il prêta l'oreille. Roc Dur. Le cœur de Waxtal s'accéléra. Il appuya les mains contre le sol et essaya de se mettre debout, mais les journées de jeûne et le voyage de retour l'avaient privé de toute force.
    Il retomba lourdement sur son lit et entendit Roc Dur poser des questions. Il perçut les réponses rapides d'Œuf Moucheté, la voix lente et grave de Hibou et sut qu'il devait se lever et parler lui-même à Roc Dur. Il avait faim. Il se mit péniblement à quatre pattes puis à genoux et enfin sur ses pieds. Il leva le bras jusqu'à la peau pleine d'eau au-dessus de sa tête et but. L'eau raviva ses forces. Il vida l'outre et la jeta.
    Que la femme s'en charge. Il en avait assez de remplir des outres. La joie envahit soudain sa poitrine. Les commerçants pouvaient dire ce qu'ils voulaient. Il avait tenu sa promesse aux esprits. Qui pouvait dire quels pouvoirs ils lui donneraient ? Peut-être suffisamment pour mettre Roc Dur de son côté. Il écarta le rideau et entra dans la pièce principale.
    Sans un regard pour les trois hommes, il posa les yeux sur la femme. Elle avait le visage rond, les lèvres pleines et les longs yeux étroits qu'il avait souvent remarqués chez les femmes Chasseurs de Baleines. Elle était grande et vigoureuse, même si elle gardait son bras gauche trop près de son corps, le coude contre l'os de sa hanche.
    Elle serait la bienvenue dans son lit, mais Hibou ou Œuf Moucheté l'avaient sans doute déjà revendiquée. Ou peut-être, puisqu'ils étaient frères, se la partageaient-ils. Depuis son arrivée, l'ulaq était propre — pas de détritus sur le sol — mais ses défenses n'étaient pas à leur place habituelle près de la basse lampe de pierre. Il s'inquiéta un instant mais les aperçut contre le mur du fond, luisant à la lumière de la lampe à huile.
    — Waxtal, dit Œuf Moucheté d'un ton qui lui fit dresser les cheveux sur la tête.
    — J'ai achevé mon jeûne.
    Ces mots semblèrent l'avoir vidé de ses forces. Waxtal fouilla l'ulaq du regard à la recherche de sa canne et se rappela qu'il l'avait laissée dans sa chambre. Il s'affaissa, craignant de tomber devant les hommes et la femme. Celle-ci accourut pour l'aider à s'asseoir comme s'il était un vieillard et, avant qu'il ne puisse protester, lui plaça un bol de bouillon dans les mains.
    Il but sans attendre. C'était bon, riche de graisse et savoureux du goût des bulbes de pourpier. C'était chaud sans être brûlant, et ses doigts

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