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Mon frère le vent

Mon frère le vent

Titel: Mon frère le vent Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sue Harrison
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accepterais en échange de tout ton savoir.
    — Je t'ai donné le savoir le plus puissant que je possède, dit Dyenen.
    Le Corbeau serra si fort les dents qu'il les sentit bouger dans ses gencives.
    — Les voix, l'appel des animaux, c'est ça que je veux. Que désires-tu ? Que puis-je t'offrir en échange de ces pouvoirs ?
    — J'ai tout ce qu'il me faut. Il n'est rien que tu puisses me donner.
    — Certains hommes ont tout ce dont ils ont besoin, répliqua le Corbeau, mais aucun n'a tout ce qu'il veut.
    Il fixa du regard Dyenen qui se détourna avant de répondre.
    — Je suis satisfait.
    Alors le Corbeau se rappela que Dyenen n'avait pas de fils.
    — Et tu ne désires pas un fils, dit le Corbeau lentement.
    Le vieil homme s'arrêta et tourna la tête pour dévisager le Corbeau.
    — Tu crois que je ne pourrais m'acheter un garçon ? Tu crois qu'aucune famille Rivière ne me donnerait leur fils?
    — Un fils né de tes reins, précisa le Corbeau. Un fils né de ta semence.
    — Tu ne peux me donner cela ! s'esclaffa Dyenen.
    — Tu as raison. Aucun homme ne peut offrir pareille chose, mais une femme peut être échangée — une femme qui possède des pouvoirs spirituels, une femme qui possède le don d'avoir des fils.
    Le vieil homme demeura immobile, le souffle lent et profond.
    — Tu connais une telle femme ?
    — Oui.
    Le vieil homme planta ses yeux dans ceux du Corbeau. Et, comme s'il y voyait la vérité, il dit :
    — Parle-moi d'elle.
    49
    Dyenen caressa la figurine de morse, sentit son esprit passer dans ses mains. D'abord, il n'avait pas cru Saghani. Ces statues faites par une femme ? Impossible. Mais il n'y avait que de la vérité dans les yeux de l'homme quand il avait parlé de Kiin, des jumeaux qu'elle avait mis au monde : deux fils, sains et vigoureux. Une femme comme elle, ne pouvait-elle lui donner des fils ? Il était vieux, mais pas trop pour avoir mis une fille dans le sein de Ciel Lointain, pas trop encore pour jouir d'une compagne dans son lit presque chaque nuit.
    — Si cette femme est honorée parmi son peuple, elle pourrait refuser de venir dans ce village, avait objecté Dyenen.
    — Son père l'a donnée à un piètre chasseur, un paresseux qui ne vaut pas grand-chose.
    — Si elle possède un tel pouvoir, pourquoi reste-t-elle avec lui ?
    — Il a reçu en dot beaucoup d'armes et de fourrures.
    — Et le mari accepterait de l'échanger ? Ne connaît-il pas la valeur de ses sculptures ?
    — Il les craint. Il ne les comprend pas. Il me l'a déjà offerte en échange de marchandises.
    Dyenen réfléchit longuement. Il avait de nombreuses peaux et fourrures d'animaux terrestres qui seraient précieuses aux yeux des Chasseurs de Morses. Peut-être une femme serait-elle heureuse ici. C'était un bon village, les femmes seraient gentilles avec elle.
    — Aime-t-elle sculpter ? s'enquit Dyenen.
    Le Corbeau leva les sourcils et émit un petit rire.
    — Bien sûr. Seulement elle le fait en cachette et m'apporte ses œuvres en échange de nourriture pour elle et ses fils, car son mari est incapable de leur en procurer.
    — Je la laisserais sculpter. J'ai suffisamment d'épouses pour la cuisine, la couture, le ramassage du bois et le soin à apporter aux chiens. Tu crois qu'elle viendrait ? Ses fils, nés ensemble, doivent posséder de grands pouvoirs. J'enverrai des fourrures pour l'acheter, elle et ses fils.
    — Si je te les amène, j'attends quelque chose pour moi.
    — Le secret des voix des esprits, de l'appel des animaux ?
    — Oui, fit le Corbeau qui se leva en souriant.
    — C'est d'accord. Quand me l'amèneras-tu ? Cet été ? L'année prochaine ? Je suis un vieil homme.
    — Je pars dès demain, répondit le Corbeau. Elle sera ici avec ses fils avant la prochaine lune.
    — Non, je t'ai expliqué qu'il fallait une lune et la moitié d'une autre pour apprendre les secrets des sacs médecine. Je dois tenir ma promesse.
    — Je te libère de ta promesse.
    — Comment un homme peut-il libérer quelqu'un de sa promesse ? Si je ne puis tenir mes engagements envers toi, pourquoi les esprits me croiraient-ils ?
    Finalement, le Corbeau leva les mains en signe de bonne volonté et quitta la demeure en secouant la tête. Dyenen le suivit dehors et, la sculpture à la main, regarda l'homme disparaître.
    Dyenen sourit. Contrairement à Saghani, il n'avait pas eu à divulguer son secret — il comprenait la langue Morse autant que Saghani comprenait celle du

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