Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Mon frère le vent

Mon frère le vent

Titel: Mon frère le vent Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sue Harrison
Vom Netzwerk:
Il pria pour les bébés qui un jour deviendraient chasseurs. Il pria pour chaque homme, femme et enfant de leur village, pour Kiin et Shuku au village Morse. Enfin, il pria pour lui-même — pour la sagesse, uniquement la sagesse. Ses prières achevées, il vit, comme souvent, la grandeur de la terre, combien toutes choses étaient belles et puissantes. En comparaison, les problèmes de Samig semblaient si petits qu'un homme pouvait les affronter sans crainte.
    — J'ai besoin d'un compagnon de chasse, dit Samig à Petit Couteau.
    Le garçon leva les yeux du bout de bois qu'il taillait et demeura immobile.
    — Je sais qu'il est difficile pour un fils d'être le partenaire de son père, mais nous pouvons nous aider mutuellement, reprit Samig. Ma main est faible, mais mon savoir est fort et je peux t'enseigner la chasse à la baleine. Tu es Chasseur de Baleines et tu devrais connaître ce que ton peuple a appris au cours des nombreuses années où ils ont suivi cet animal.
    — Je suis Chasseur de Baleines, mais aussi Premiers Hommes et fier d'appartenir aux deux, répondit Petit Couteau. Je serai honoré d'être ton compagnon de chasse.
    C'était la réponse d'un homme. Samig vit la lueur dans les yeux de Petit Couteau et constata avec orgueil que le garçon se retenait de bondir et de crier comme un enfant excité.
    Pour marquer leur association, Samig lui offrit une lame d'obsidienne façonnée par Amgigh. Puis tous deux
    firent le tour de la baie, guettant les lions de mer et les veaux marins. Ils ne virent rien et, quand le soleil se coucha, Samig gagna la plage située de l'autre côté de la baie.
    Ils dressèrent un camp, s'abritant de leurs ikyan et de peaux de phoques et se réchauffant aux petites flammes de leurs lampes de chasseur. Ils se nourrirent de viande séchée et Samig relata des histoires de chasseurs Premiers Hommes : Kayugh et Longues Dents, et le père de Kayugh, que Samig n'avait connu qu'à travers des récits. Samig évoqua leurs chasses — succès et échecs — et ce qu'ils avaient appris des animaux qu'ils traquaient.
    Quand il eut fini, Samig se tut et, au milieu du silence, Petit Couteau dit :
    — J'ai entendu parler les femmes. Elles disent que tu es sage. Accepteras-tu de répondre à une question ?
    Samig sourit.
    — Je ne saurai si je peux répondre qu'une fois la question posée. Je t'écoute.
    — Quelle est la meilleure chose qu'un fils puisse faire pour son père ?
    Pendant un long moment, Samig ne sut que répondre, mais il se rappela ses propres prières.
    — Trouver la sagesse, répondit-il alors.
    — La sagesse ?
    — Beaucoup de bonnes choses viennent de la sagesse : le respect, l'honneur, la connaissance, l'amour.
    Petit Couteau baissa les yeux et hocha la tête.
    — Et comment un fils trouve-t-il la sagesse ?
    — Prie, étudie la terre, apprends les façons des animaux.
    — Ainsi, la meilleure chose qu'un père puisse faire pour ses enfants est de leur donner la sagesse ?
    — Un père ne donne la sagesse à personne. Chacun doit trouver la sagesse lui-même.

— Quelle est alors la meilleure chose qu'un père puisse faire pour ses enfants ? s'enquit Petit Couteau. Les nourrir ?
    Une fois encore, Samig réfléchit à sa réponse avec soin.
    — Il y avait autrefois un village dont le chef était un grand chasseur, commença-t-il. Les gens n'avaient rien d'autre à faire que cuire ce qu'il leur rapportait. Ils se gavaient de la viande et de l'huile qu'il leur fournissait. Mais le chasseur finit par vieillir. Il mourut et il n'y eut plus personne au village pour chasser. Un par un, ils moururent de faim jusqu'à ce que le village soit trop petit pour être un village.
    » La meilleure chose qu'un père puisse faire pour ses enfants est de leur apprendre ce qu'ils ont besoin de savoir pour se débrouiller seuls. La meilleure chose qu'un père puisse faire pour ses enfants est de leur permettre de devenir forts.
    Petit Couteau ne dit rien et, dans le silence, Samig fouilla dans son sac pour prendre sa vessie d'eau. Il ôta le bouchon d'ivoire, but et tendit l'outre à Petit Couteau.
    Le garçon prit la vessie à deux mains et but une grande gorgée.
    — Notre village est trop petit, remarqua-t-il alors. Nous n'avons pas assez de chasseurs.
    Ces paroles surprirent Samig. Pourquoi un enfant se soucierait-il de ces choses ? Puis il se rappela que Petit Couteau était désormais homme et chasseur. Alors, il lui répondit sincèrement, sans essayer

Weitere Kostenlose Bücher