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Monestarium

Monestarium

Titel: Monestarium Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Andrea H. Japp
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Il
n’a pas grand-chose à faire en ce moment, alors il s’occupe.
    — Malembert va s’en charger.
    — Oh, votre excellent mire,
ironisa le chasseur.
    — Je me passe de tes
commentaires, l’homme.
    — Votre pardon, seigneur.
    Mortagne s’apprêtait à le quitter
lorsque le chasseur l’implora presque :
    — Protégez-la, je vous en
supplie.
    Le comte n’eut nul besoin de lui
demander qui méritait cette absolue dévotion. Plaisance de Champlois.
     
    Il rejoignit à pas lents
l’hostellerie. Le carnage pour le carnage. À moins d’imaginer que les ladres
aient été assaillis par une folie sanguinaire, le carnage avait un autre but.
Un meurtre prémédité qui devait passer inaperçu. Soudain, Mortagne fonça. Il
parvint hors d’haleine dans la chambre de Malembert, et hurla :
    — Fais seller un cheval !
Fonce à bride abattue ! Je veux au plus vite Charles d’Ecluzole et une
dizaine de ses fiers gaillards devant le clos des lépreux. Il nous faut mater
la révolte avant qu’elle n’éclate. C’est un subterfuge, et je gage que la seule
victime désignée n’est autre que l’abbesse.
     
    Hermione de Gonvray s’activait
devant la petite cheminée de l’herbarium. Le béchique [170] d’angélique, de
bourrache et de violette qu’elle avait offert à une Bernadine grelottante de
fièvre avait apaisé la toux rauque de la vieille femme. Hermione avait trouvé
un peu plus tôt la secrétaire de l’abbesse assise devant sa table de
préparation, transie de froid.
    — J’ai l’impression que vous
voilà presque sur pied, ma bonne Bernadine, se réjouit-elle. Il faut prendre
davantage soin de vous.
    — Je ne le mérite pas, répondit
l’autre d’une voix de désespoir.
    — Eh bien, eh bien… Quelle
folie est-ce donc là ? la gronda l’apothicaire avec gentillesse.
    — Vous êtes à cent lieues
d’imaginer, ma chère Hermione.
    Hermione de Gonvray sentit qu’une
véritable panique agitait la vieille femme.
    — Ma sœur… l’aveu est le seul
remède aux douleurs d’âme.
    Bernadine baissa la tête. Une larme
s’écrasa sur ses mains croisées, puis une autre.
    — C’est une félonne que vous
avez devant vous, Hermione…
    Le terme semblait si outré accolé à
cette frêle vieille dame que l’apothicaire retint un sourire. Elle devait le
regretter.
    — J’ai trahi sciemment notre
mère. Je… selon moi, elle n’avait pas la stature requise pour diriger notre
splendide abbaye. Vous savez comme j’ai aimé, respecté madame de Normilly. Vous
savez que je l’aurais servie avec joie jusqu’à mon dernier souffle. J’aurais
été au bout du monde afin de l’aider au mieux. Quelle femme, quel être
exceptionnel. Madame Plaisance… J’ai jugé qu’il ne s’agissait que d’une gamine
qui avait gagné le cœur de madame Catherine de Normilly à coups de petites
mines faussement aimantes et de flatteries.
    La bouche sèche d’appréhension,
Hermione de Gonvray s’enquit d’un ton doux :
    — Qu’entendez-vous au juste par
« trahir sciemment » ?
    Bernadine releva la tête et essuya
ses larmes d’un revers de main. D’une voix tremblante, elle expliqua :
    — J’ai… En vérité, il m’est
apparu qu’Hucdeline de Valézan était infiniment plus apte pour cette fonction.
Elle est certes arrogante, mais justement, cette arrogance lui permettait de
tenir tête avec panache. Hucdeline… ne vous leurrez pas, est une femme de
grande foi. Sa vision pour notre monastère, les projets de rayonnement qu’elle
avait formés m’ont séduite. J’ai vu en elle la digne continuatrice de madame de
Normilly et de madame de Rotrou, que j’ai connue avant elle.
    — Mon Dieu ! souffla
Hermione. Ne percevez-vous pas, chère Bernadine, qu’Hucdeline ne pense qu’à sa
gloire et à celle de son frère ?
    — Vous vous trompez,
l’interrompit sèchement Bernadine. Je suis une des rares en qui elle ait placé
sa confiance, et je vous l’affirme : elle n’aime point tant son frère.
J’ai même parfois eu l’insistant sentiment qu’elle le craignait et s’en
méfiait.
    — Néanmoins, elle brandit
volontiers sa puissance. Ne serait-ce qu’un épouvantail destiné à décourager
par avance ses opposantes ?
    — Je ne me suis pas réfugiée
dans l’herbarium afin de discuter stratégie, chuchota Bernadine. Hermione, vous
êtes une de mes sœurs préférées. Votre intelligence, votre douceur et votre
discrétion, sans doute. J’ai… j’ai

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