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Monestarium

Monestarium

Titel: Monestarium Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Andrea H. Japp
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existait bien d’autres monastères sur
votre chemin, qui vous auraient épargné un peu de ce long et dangereux périple.
    — Une vague réminiscence, je
crois. Alfonso m’avait parlé d’une sienne tante, ou cousine, bref d’une
parente, moniale aux Clairets…

Un souvenir lui revint soudain,
rendant un peu de vie à son regard si bleu, adoucissant son visage. Aimery de
Mortagne se fit la réflexion qu’il avait rarement rencontré créature féminine
si parfaite. Il se morigéna. L’heure de se laisser désarmer avec complaisance
n’était pas venue.
    — Ah… le souvenir me revient.
Alfonso avait ri, regrettant de n’être point femme, ce qui lui interdisait de
pouvoir rejoindre un jour sa parente qu’il semblait affectionner. Il vous faut
savoir, monsieur, qu’Alfonso était un être charmant, amoureux de vie. Sans
doute peu enclin à la gravité.
    — L’aimiez-vous ?
    Elle leva le regard vers lui et
déclara d’un ton de bravade :
    — Ah ça ! Avec tout le
respect qui est le mien, vous me permettrez de juger cette question à tout le
moins déplacée.
    — Non pas. J’attends une
réponse.
    — Serais-je coupable ou
innocente selon l’amour porté à mon amant ?
    — Que voilà une dérobade bien
malhabile, madame. Répondez, je vous prie.
    — J’étais jeune, futile.
Vaniteuse aussi.
    — Or donc, vous ne l’aimiez
pas.
    Mortagne était assez fin, assez
honnête aussi, pour admettre que cet aveu le satisfaisait. Elle l’intriguait
depuis un moment. La voix un peu rauque, basse et presque sans inflexion qui
lui répondait comme s’il n’existait pas vraiment le touchait, et il
s’interdisait encore d’être ému.
    — L’amour des autres me
semblait plus… distrayant que celui que j’aurais pu leur offrir. Une paresse de
cœur qui ne m’honore pas.
    — Voilà, en revanche, une difficile
sincérité qui vous fait hommage. Ce monsieur de… Arévolo, c’est bien
cela ? Ce monsieur, donc, vous aurait-il confié quelque chose qui explique
l’acharnement de vos poursuivants ?
    Il avait sciemment opté pour une
formulation ambiguë afin de parvenir à une certitude à son sujet. Elle s’anima.
    — Non pas ! Je me suis
posé cette question des milliers de fois. Les affaires d’État ou de simple
politique ne séduisaient guère Alfonso. J’ai fouillé mon souvenir des nuits
entières, cherchant s’il m’avait un jour raconté une anecdote, dont je n’aurais
pas compris toute l’importance sur le moment… Rien. Rien ne me vient.
    Ainsi, elle avait fait le tour de
leurs confidences, de leurs discussions d’amants. Avait-elle également pensé à
un objet ?
    — Je vois. Vous aurait-il
remis… que sais-je… Quelque objet ?
    — Un objet ? De quelle
sorte ?
    — Je l’ignore, je tâtonne avec
vous.
    — Alfonso m’avait offert une
ravissante bague en grenat de Bohême, un médaillon de nacre serti d’or, une
épingle de cheveux de turquoise… bijoux que j’ai revendus peu à peu lors de ma
fuite, à vil prix, afin de survivre. J’avais un peu d’argent, si peu. Je n’ai
pas emporté beaucoup plus, tant il m’avait suppliée de fuir au plus vite juste
avant d’expirer. Ah si, ce diptyque qu’il venait d’achever et auquel il tenait.
    — Un diptyque ?
    — Une Vierge à l’enfant, tenant
en respect un soldat d’un geste de main.
    Le découragement envahit Mortagne.
    — Nul autre objet, vous êtes
certaine ? Un coffret, un petit reliquaire…
    — Rien de tout cela. (Elle le
dévisagea et asséna d’un ton que la colère gagnait :) Vous moqueriez-vous
depuis le début de cet entretien, monsieur ?
    — Votre pardon ?
    — Vous me menez dans un
labyrinthe qui n’égare que moi. Que cherchez-vous au juste ? Car ce n’est
pas la mystification dont je me rendis coupable afin d’être recueillie aux
Clairets qui vous occupe, j’en jurerais.
    — Vous auriez grand tort. Je ne
traque que des justifications, dans le seul but de plaire à votre abbesse qui
souhaite clémence à votre égard, mentit Mortagne, péremptoire.
    — Je ne vous crois pas. Enfin,
la magnanimité de madame Plaisance ne m’étonne pas. En revanche…
    Coupant, il lança :
    — Ah ça, madame… Seriez-vous
assez mal avisée pour me traiter de félon ?
    Alexia se leva et le toisa. L’espace
d’un bref instant, il songea que ces yeux, cette peau translucide, ces
lèvres-là l’attiraient dangereusement.
    — Je vous en laisse juge,
monsieur. De cela

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